Apprendre à écrire, un poème à la fois

Le poème de janvier de Poésie Postale.
Photo : Atelier des lettres
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Formatrice en alphabétisation populaire à l’Atelier des lettres à Montréal et poète – elle a publié son deuxième recueil de poésie, La patience du lichen, plus tôt cette année –, Noémie Pomerleau-Cloutier se sert de la poésie pour aider les personnes peu scolarisées ou peu alphabétisées dans leur apprentissage de la langue.
Ces gens-là, on ne les entend jamais dans la société. Ce sont des gens invisibles qui sont passés entre les mailles du système scolaire ou qui en ont été traumatisés
, explique la poète, qui insiste sur le mot « système », sans blâmer les enseignantes et les enseignants, qui font ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont
.
Si elle reconnaît que certaines personnes n’ont pas été scolarisées dans leur pays d’origine, elle affirme que la majorité des gens qui fréquentent l'Atelier des lettres sont des Québécois et Québécoises qui ont vécu toutes sortes de traumatismes, comme la violence à la maison, la pauvreté ou des problèmes de santé mentale. Ce sont des adultes de tous les âges pour qui s’asseoir dans un centre d’éducation pour adultes 30 heures par semaine n’est pas la solution.

Un poème inspiré du texte d’Erika Soucy, « Priscilla en hologramme ».
Photo : Atelier des lettres
La poésie, c’est une façon de communiquer des notions d’orthographe et de grammaire, sans que ça paraisse
, indique Noémie Pomerleau-Cloutier. Dans ces ateliers, elle fait la lecture d’un texte d’un ou d’une poète du Québec, puis les gens doivent dire ce qu'ils en comprennent. J’insiste sur le fait qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses, et que parfois, même le poète ne sait pas trop ce qu’il a écrit.
Les participantes et participants travaillent ensuite sur des mots qui leur sont inconnus, puis écrivent un poème inspiré par ce texte, sur un thème en particulier, que ce soit l’importance des logements sociaux, la discrimination, la violence ou encore la pandémie.
En 15 minutes, ils me pondent un poème qui, selon moi, est meilleur que ce que j’aurais pu faire.
Si certains poètes décédés sont à l’honneur, les Nelligan et les Baudelaire n’ont pas leur place ici. « Des classiques? Non, non, ouache! Au secours! Le problème, souvent, avec la poésie, c’est que c’est enseigné comme si ça n’appartenait qu’à l’élite et que c’était fait par un dude blanc, hétérosexuel, du 18e ou 19e siècle. »
La poète est plutôt d’avis que les personnes qui n’ont pas été très scolarisées ou qui ont une vie très pratico-pratique sont souvent les meilleures poètes, mais qu’elles ne le savent pas.
Avant la pandémie, les participantes et participants aux ateliers ont été invités plusieurs fois au Festival international de littérature et au Festival de poésie de Montréal. On se produisait sur scène avec nos textes. Ça les rend fiers d’être sur scène. Ce que j’envie, c’est qu’ils n’ont pas de pudeur par rapport à la poésie. Ils n’ont pas peur du jugement des autres. Selon moi, ils sont beaucoup plus libres.
En complément :
- Article | Donner une voix à ceux et celles qui n’en ont pas
- Émission | Club de poésie : on a lu La patience du lichen, de Noémie Pomerleau-Cloutier, Plus on est de fous, plus on lit
- Émission | Tout savoir sur la vie et l'œuvre de Baudelaire, avec Jean Teulé, Plus on est de fous, plus on lit
Vous écrivez de la poésie? Envoyez-nous vos textes inédits d’ici le 31 mai 2021.