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L'abattoir Viandes du Breton avait des tests rapides et ne les a pas utilisés

L'usine les avait reçus dès la fin d'avril, selon la santé publique, soit près de deux semaines avant de devoir fermer ses portes d'urgence à cause d’une grave éclosion. Pendant ce temps, un autre abattoir du Bas-Saint-Laurent a évité le pire grâce aux tests rapides.

Découpe de viandes.

Environ 500 personnes travaillent à l'usine de Viandes du Breton, à Rivière-du-Loup.

Photo : MRC de Rivière-du-Loup

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Viandes du Breton avait reçu des tests rapides du ministère de la Santé du Québec au tout début de l'éclosion fulgurante qui a forcé sa fermeture, le 13 mai, sauf que l'entreprise ne les a pas utilisés, a appris Radio-Canada.

Les tests rapides avaient été remis à l'usine « fin avril », a révélé le CISSS du Bas-Saint-Laurent jeudi en fin de journée.

Jeudi matin, Radio-Canada avait révélé que l'entreprise les avait en main en date du 4 mai. À ce moment-là, on dénombrait 8 cas de COVID-19 parmi les 500 travailleurs.

En effet, nous avons demandé et reçu des tests de dépistage rapide, avait confirmé la porte-parole de Viandes du Breton, Julie Lamontagne. Nous avons reçu les tests dans la semaine du 3 mai.

Les tests rapides n'étaient toujours pas utilisés le 13 mai, lorsque l'usine d'abattage et de transformation de porc a fermé ses portes en urgence. On comptait alors 94 employés positifs. Mardi, le bilan était de 127 travailleurs infectés.

« Nous ne les avions pas utilisés, parce que nous venons de convenir d’un protocole d’utilisation avec la santé publique. »

— Une citation de  Julie Lamontagne, porte-parole de Viandes du Breton

Ces informations n'avaient jamais été rendues publiques et les employés ignoraient la présence des tests rapides dans l'usine.

Ils ne nous ont jamais dit qu'ils avaient reçu des tests, déplore le président du syndicat Yannick Morin. Je trouve ça ordinaire.

« On aurait peut-être pu sauver des cas positifs. Quelqu'un, quelque part, n'a pas fait ce qu'il avait à faire. »

— Une citation de  Yannick Morin, président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de Viandes du Breton STTVDB–CSN

Yannick Morin affirme même avoir suggéré à l'employeur d'utiliser des tests rapides dans les derniers mois. Il nous avait répondu que c'était trop compliqué.

Le syndicat avait demandé la fermeture de l'usine dès le 10 mai alors que l'éclosion s'étendait aux familles. Il dénonçait une gestion déficiente et irresponsable. La demande avait été refusée à ce moment-là.

La vaste éclosion à l'usine de Viandes du Breton a fait grand bruit au Bas-Saint-Laurent, et elle a créé des préoccupations jusqu'au sommet du gouvernement du Québec. La santé publique régionale a dû se défendre d'avoir tardé à réagir.

Façade d'une usine.

L'usine de Viandes du Breton, à Rivière-du-Loup

Photo : Radio-Canada

Nous serons en mesure d’utiliser ces tests rapides dès le retour au travail de nos employés, explique la porte-parole de Viandes du Breton. Ce sera normalement le 24 mai. Avec le support de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, nous avons convenu d’un protocole d’utilisation.

En fait, la demande a été acceptée par le ministère de la Santé du Québec, qui a également transmis les conditions d'utilisation de ces tests à l'entreprise, explique le porte-parole du CISSS du Bas-Saint-Laurent, Gilles Turmel.

La santé publique du Bas-Saint-Laurent renvoie la responsabilité à l'entreprise

Pressé de questions à ce sujet lors d'un point de presse jeudi, le directeur de la santé publique du Bas-Saint-Laurent, le Dr Sylvain Leduc, a confirmé que les tests rapides avaient été reçus par Viandes du Breton « fin avril-début mai ».

Le feu vert [à leur utilisation] vient dès qu’ils reçoivent les tests, a-t-il expliqué. Une fois que les tests sont rendus, la responsabilité relève de l’entreprise. Elle doit avoir du personnel formé et les faire selon les normes.

Succès fou des tests rapides dans une autre usine de viandes

Stéphanie Poitras, directrice générale chez Aliments Asta.

Stéphanie Poitras, directrice générale chez Aliments Asta

Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron

Les tests rapides ont eu un succès fou, raconte la directrice générale d'Aliments Asta, Stéphanie Poitras. On n'a plus de nouveau cas de COVID-19.

L'usine d'abattage et de transformation de viandes de Saint-Alexandre-de-Kamouraska a elle aussi fait face à une importante éclosion, mais elle est parvenue à éviter la fermeture.

Depuis trois semaines, la compagnie fait affaire avec une entreprise qui lui fournit des tests rapides et des infirmières pour les faire passer aux 400 employés, deux fois par semaine.

On a détecté trois employés positifs asymptomatiques, se réjouit-elle.

« Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi efficace. »

— Une citation de  Stéphanie Poitras, directrice générale d'Aliments Asta

Seul bémol : le coût pour faire affaire avec l'entreprise privée, qui va jusqu'à 150 $ par test. Heureusement pour Aliments Asta, l'usine a reçu 3000 tests gratuits de la part du gouvernement, lundi matin. Elle n'aura plus qu'à payer les infirmières du privé qui les font passer.

Le Bas-Saint-Laurent est la région la plus durement touchée par l’épidémie de COVID actuellement dans la province, avec 159 cas actifs pour 100 000 habitants, soit le double de la moyenne québécoise. Les mesures d'urgence y seront levées le 24 mai.

Québec simplifie l'accès aux tests rapides pour les entreprises

Les composants du test étalés sur une table.

Un test rapide distribué par l'Institut de cardiologie de Montréal à ses employés.

Photo : Radio-Canada

Dès le mois de février, Québec s'était engagé à fournir des tests de dépistage rapide aux entreprises privées. Toutefois, la lourdeur bureaucratique pour y avoir accès et la complexité du protocole d'utilisation ont été critiquées par des entreprises.

Le 21 avril, le ministère de la Santé et des Services sociaux a allégé la procédure pour faciliter l'accès à ces tests. À ce moment-là, 4 650 816 tests rapides étaient stockés sans être utilisés, et seuls 100 252 d'entre eux avaient servi, soit 2 %.

Il n'a pas été possible de savoir si leur utilisation au Québec a beaucoup augmenté un mois plus tard.

Le gouvernement fédéral, qui achète ces tests et les fournit aux provinces, s'est impatienté de leur sous-utilisation au Québec. Depuis le 7 mai, Ottawa les propose directement aux entreprises, sans passer par les gouvernements provinciaux.

Jusqu'à 50 % de la transmission de la COVID-19 pourrait être le fait de personnes asymptomatiques, rappelle Santé Canada. Un meilleur accès des entreprises canadiennes aux trousses de dépistage rapides antigènes permettra de détecter les cas plus tôt, ce qui contribuera à freiner la propagation et à sauver des vies.

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