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L’offre alléchante du Québec aux étudiants des autres provinces

Au Québec, le projet de loi 96 pourrait permettre à des étudiants francophones venant d'autres régions du Canada d’économiser plus de 5500 $ par année.

Un groupe d'étudiants lors de la remise des diplômes.

Les étudiants hors Québec qui désirent poursuivre leurs études universitaires en français pourraient avoir une raison de plus de choisir le Québec.

Photo : Associated Press / Mark Felix

Des milliers de francophones à l’extérieur du Québec pourraient bientôt bénéficier de rabais importants les incitant à aller étudier en français. Une perspective qui, si elle fait le bonheur d’étudiants, suscite aussi des inquiétudes.

Si le projet de loi 96 est adopté, il permettrait à des étudiants parlant le français, mais qui ne sont pas nés au Québec de payer les mêmes montants que les étudiants québécois.

Pour accéder à cette éducation au rabais, le programme d’études choisi devra être en français et ne pas être offert dans la province d’origine de l’étudiant, tel que stipulé dans l'article 29.6 du projet de loi.

L’incitatif, malgré ses limites, demeure alléchant pour de nombreux étudiants. Ceux-ci doivent actuellement débourser un montant supplémentaire de 185,45 $ par crédit, ce qui équivaut à un supplément de 5563,50 $ pour une année universitaire à temps plein, tout comme les étudiants venant de France ou de Belgique.

Simon Jolin-Barrette prend la parole à l'Assemblée nationale.

Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a déposé jeudi son très attendu projet de loi 96 qui modifie la Charte de la langue française pour tenter de freiner le recul du français au Québec. Le projet de loi pourrait aussi avoir des répercussions pour les francophones hors Québec.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Cette éventualité réjouit Étienne Hess-Marion, étudiant en génie mécanique à l’Université de Montréal. Originaire de la Colombie-Britannique et un pur produit de l’immersion française, le jeune homme a fait le choix d’aller étudier en français au Québec.

J’ai beaucoup de connexions francophones et je trouve que c’est une partie de ma culture qui est importante, dit-il. [Pour étudier en français] ma seule option, c’était de venir au Québec.

À Polytechnique, où il étudie, il est l’un des rares étudiants à venir du Canada anglais. Les droits de scolarité pour une année entière s'élèvent à 8186,40 $, comparativement à 2622,90 $ pour un étudiant québécois.

Quand j’ai appris que les résidents du Québec payaient 1300 $ (par session) et que je payais autant que les étudiants français, ça a été difficile à accepter, dit-il.

Pour cet étudiant de 1re année d’un programme de quatre ans et qui doit lui-même assumer une bonne partie de ses frais d'études, la mesure proposée dans le projet de loi 96 pourrait beaucoup changer les choses.

Un exode des cerveaux à craindre?

Par courriel, la ministre de l'Enseignement supérieur, Danielle McCann, affiche sa fierté par rapport au rôle que jouent les établissements québécois pour la francophonie canadienne.

Il est certain qu’il s’agit de quelque chose de très positif pour nos universités, qui vont devenir encore plus attrayantes pour les francophones hors Québec. [...] C’est une option pour les francophones hors Québec qui souhaitent étudier dans un programme qui n’est pas offert dans leur province.

Une citation de Danielle McCann, ministre de l'Enseignement supérieur

Toutefois, la réforme pourrait avoir des conséquences inattendues pour des établissements postsecondaires hors Québec.

Dans une perspective individuelle, pour un élève franco-albertain, la mesure est intéressante, même alléchante. Mais dans une perspective globale, on peut penser que cette mesure québécoise va venir ronger dans les bassins d’étudiants francophones un peu partout au pays, affirme Rémi Léger, professeur à l’Université Simon-Fraser.

En Ontario ou au Nouveau-Brunswick, toutefois, peu d’étudiants pourraient avoir droit à des droits de scolarité comparables. Les deux provinces accueillent des établisements bilingues ou entièrement francophones - l’Université d’Ottawa et l’Université de Moncton - qui offrent une vaste gamme de programmes en français.

En Alberta ou en Colombie-Britannique, cependant, certains craignent un exode des cerveaux, en raison du petit nombre de programmes offerts au campus Saint-Jean, à Edmonton, ou par le Bureau des Affaires francophones de l’Université Simon-Fraser.

Ça ne prend pas beaucoup d'étudiants qui prennent la décision d'aller au Québec pour remettre en question l'avenir de certains de nos petits programmes qui existent dans nos provinces, notamment dans l'Ouest.

Une citation de Rémi Léger, directeur du programme d’affaires publiques et internationales, SFU
Pancarte d'identification devant un bâtiment .

Le Campus Saint-Jean de l'Université de l'Alberta à Edmonton offre 11 programmes en français.

Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos

L’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA) craint aussi que le gouvernement albertain ne se décharge de ses responsabilités envers la minorité francophone. Depuis plus d’un an, l’organisme fait campagne pour trouver des solutions au sous-financement qui freine le développement du Campus Saint-Jean.

On aurait apprécié d'être consultés en amont, explique la directrice de l’ACFA, Isabelle Laurin. Quelles stratégies le Québec va-t-il mettre en place pour s’assurer que nos jeunes reviennent dans nos communautés? Ça nous inquiète.

Selon Rémi Léger, la mesure pourrait aussi nuire au dynamisme de certaines communautés francophones. Les étudiants qui passent par le campus Saint-Jean développent aussi une fierté franco-albertaine. On développe une identité, un attachement, dit-il. Si on va étudier au Québec, on ne développera pas le même attachement à la francophonie locale.

Isabelle salesse assise autour d'une table regarde ses notes.

La directrice générale de l'Association franco-yukonnaise, Isabelle Salesse, croit que d'autres partenariats pourraient être développés avec le Québec, par exemple, en éducation postsecondaire.

Photo : Radio-Canada / Claudiane Samson

Je trouve ça extraordinaire de voir que c’est inclus dans un projet de loi, s’exclame quant à elle la directrice de l’Association franco-yukonnaise, Isabelle Salesse. C’est un bon coup de pouce, ça donne accès à plus de programmes et plus d’opportunités.

L‘Association franco-yukonnaise milite depuis plusieurs années pour un accès plus facile à l’éducation collégiale et universitaire au Québec pour les Franco-Yukonnais.

Ceci étant dit, ça n’enlève pas les conditions du Québec qui restent un peu plus compliquées que d’aller étudier en Ontario ou en Colombie-Britannique, rappelle Isabelle Salesse. Nos jeunes ne sont pas nécessairement intéressés d’aller faire deux ans de cégep s’ils ont fait une douzième année de secondaire.

Des défis pour les étudiants hors Québec

Selon les données des provinces en 2020, 633 diplômés de la Saskatchewan, 5672, de la Colombie-Britannique, et 1656, de l’Alberta, ont fait leurs études en immersion ou en français et auraient pu choisir d’aller étudier en français au Québec.

En réalité, bien peu choisiront de le faire, même si plusieurs iront étudier à McGill, une université qui est davantage outillée pour accueillir des étudiants n’ayant pas fait le cégep. Plusieurs universités québécoises n’offrent pas d’année préparatoire aux étudiants en provenance de l’extérieur du Québec.

Journées Carrières à l'école Polytechnique de Montréal.

Polytechnique Montréal accueille des étudiants de l'extérieur du Québec.

Photo : Radio-Canada

Polytechnique Montréal, est l’un des établissements à l’offrir. Avant d’entamer sa première année universitaire, Étienne Hess-Marion a dû passer un test de français et suivre un programme préparatoire d’un an.

J’ai beaucoup d’amis du secondaire qui sont allés à McGill, mais pas dans une école en français, raconte-t-il. De sa cohorte, il est le seul à avoir fait le choix d’aller étudier dans un établissement francophone.

À son avis, le projet de loi 96 pourrait changer la donne : Imaginons que, durant ton secondaire, tu sais que tu pourras payer les droits de scolarité d’un Québécois, c’est une bonne motivation pour les élèves d’immersion française. Moi, ça m’aurait encore plus influencé.

Qui n’a pas à payer de frais supplémentaires en ce moment?

  • Étudiants nés au Québec ou dont un des parents réside au Québec;

  • Étudiants visés par les ententes intergouvernementales que le Québec a conclues avec l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, et admis dans un programme dont l’admission est contingentée dans le domaine de l’enseignement supérieur;

  • Étudiants inscrits dans des programmes conduisant à l’obtention d’un doctorat;

  • Étudiants inscrits en stage de résidence en médecine;

  • Étudiants inscrits à temps plein dans des programmes de langue et de littérature françaises ou d’études québécoises, selon les conditions établies par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Science.

Source : ministère de l’Éducation du Québec

Avec des informations de Mirna Djukic

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