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Des appels à tester la qualité de l'air dans les écoles en Ontario

Des experts recommandent des tests différents de ceux utilisés au Québec.

Une pile de livres sur un pupitre près de fenêtres dans une classe.

Nombre d'écoles n'ont pas de système de ventilation mécanique, d'où l'idée d'ouvrir les fenêtres régulièrement pour aérer.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

La Société ontarienne des ingénieurs professionnels presse le gouvernement Ford d'investir dans l'évaluation et l'amélioration des systèmes de ventilation des écoles pour prévenir la transmission de la COVID-19 par aérosols.

Selon le regroupement d'ingénieurs, la première étape devrait être d'embaucher des spécialistes indépendants pour mesurer la qualité de l'air dans chaque école.

L'objectif : déterminer dans quels établissements des travaux sont prioritaires.

Des normes et des solutions reconnues ont été développées par l'organisation American Society of Heating, Refrigerating and Air-Conditioning Engineers (ASHRAE), note la Société ontarienne des ingénieurs professionnels.

Les ingénieurs savent qu'il y a eu un sous-investissement dans la qualité de l'air depuis des décennies. La COVID-19 a fait ressortir le problème.

Une citation de Carolyn Skinner, porte-parole de la Société ontarienne des ingénieurs professionnels

Coronavirus : la situation en Ontario

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Une représentation du coronavirus.

Il est difficile de savoir quel pourcentage des écoles en Ontario ont des systèmes de ventilation nécessitant des rénovations, parce qu'aucun audit n'a été fait jusqu'à maintenant, ajoute la Société ontarienne des ingénieurs professionnels, qui souligne que le Québec a testé la qualité de l'air dans ses écoles.

La porte-parole du NPD en matière de santé, France Gélinas, estime que 50 % à 60 % des écoles en Ontario ont des systèmes vétustes ou pas de ventilation mécanique du tout.

Nous, du côté des francophones, on a souvent de vieilles écoles que les conseils scolaires anglophones ne voulaient plus. [...] Si tu circules dans Toronto dans les écoles francophones, tu vas voir souvent que l'échangeur d'air, c'est d'ouvrir la fenêtre.

Une citation de France Gélinas, députée néo-démocrate

Elle note qu'ouvrir la fenêtre n'est pas une solution très pratique en hiver et presse elle aussi le gouvernement Ford de tester la qualité de l'air dans les écoles, en commençant par celles qui ont plus de huit à dix ans.

Les écoles en Ontario sont fermées depuis avril à cause de la pandémie et doivent le rester au moins jusqu'au 2 juin, a annoncé le premier ministre Doug Ford jeudi dernier.

Le gouvernement Ford se défend

La province rétorque qu'elle a demandé en août dernier aux conseils scolaires d'examiner la ventilation dans leurs écoles avec du personnel qualifié.

Nous avons investi plus de 100 millions de dollars, en plus d'une somme additionnelle de 650 millions annoncée en avril pour améliorer les systèmes de ventilation et la sécurité dans les écoles. La plupart des travaux doivent être terminés durant l'été.

Une citation de Caitlin Clark, attachée de presse du ministre de l'Éducation Stephen Lecce

La première somme est allée à des améliorations rapides pour l'année scolaire en cours comme l'achat de purificateurs d'air dans les classes, alors que la deuxième enveloppe budgétaire prévoit près de 450 millions, grâce à un partenariat avec Ottawa, spécifiquement pour la modernisation des systèmes mécaniques de ventilation des écoles.

Doug Ford et Stephen Lecce marchent dans le corridor d'une école, passant devant des casiers.

Le premier ministre ontarien, Doug Ford, et son ministre de l'Éducation, Stephen Lecce

Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette

Mme Gélinas croit toutefois que c'est nettement insuffisant. Elle demande des tests indépendants dans toutes les écoles et la publication des résultats.

La Société ontarienne des ingénieurs professionnels répète qu'il est impossible de connaître l'ampleur du problème sans des tests à l'échelle provinciale menés par des ingénieurs spécialisés dans le domaine.

Certains conseils scolaires confirment avoir mené des analyses indépendantes, mais pas nécessairement dans toutes les écoles. Le Conseil des écoles catholiques du Centre-Est, par exemple, a ciblé 18 bâtiments où le système de ventilation est moins récent afin d’analyser la qualité de l’air et la concentration de CO2, en plus de s'assurer que les systèmes de ventilation de l'ensemble de ses écoles fonctionnaient bien, d'accroître l'apport en air frais et d'acheter de meilleurs filtres, notamment.

Les syndicats d'enseignants insatisfaits

L'Association des enseignants franco-ontariens (AEFO) accuse le gouvernement Ford de manquer de transparence dans le dossier. La présidente du syndicat, Anne Vinet-Roy, appelle la province à rendre publique toute donnée recueillie jusqu'à maintenant sur la qualité de l'air dans les écoles.

Le financement du ministère de l’Éducation pour 2021-2022 pour des projets liés à la COVID-19 inclut 402 projets liés à la ventilation (CVC) dans les conseils francophones sur 455 écoles. C’est donc une preuve irréfutable que le gouvernement Ford et le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, n'ont pas donné l'heure juste au sujet de ce qu'ils ont promis en matière de ventilation au cours des derniers mois.

Une citation de Anne Vinet-Roy, présidente de l'AEFO

Mme Vinet-Roy affirme que la ventilation est particulièrement importante dans les écoles, compte tenu du fait qu'enseignants et élèves sont rassemblés dans la même pièce durant plusieurs heures par jour. Il faut se rappeler qu’il y a eu des cas de transmission, surtout des variants, dans des immeubles d'habitation, par exemple, alors le milieu scolaire n'est pas automatiquement immunisé contre de telles possibilités, dit-elle.

Le président de la Fédération des enseignants des écoles secondaires de l'Ontario (FEESO), Harvey Bischof, pense qu'un audit dans chaque école serait un pas dans la bonne direction.

L'automne dernier, le gouvernement Ford a refusé d'adopter des normes reconnues comme celles d'ASHRAE, affirmant que la ventilation était suffisante dans nos écoles. Maintenant, ils fournissent de l'argent pour des améliorations. Mais en l'absence de normes reconnues, c'est impossible de savoir si c'est suffisant.

Une citation de Harvey Bischof, président de la FEESO

Pas des tests comme au Québec

L'ingénieur en mécanique Joël Primeau de la firme J.L. Richards recommande des tests plus poussés de la qualité de l'air que ceux menés au Québec, qui consistaient à mesurer le taux de dioxyde de carbone (CO2) dans les classes.

Il note que l'organisation ASHRAE ne recommande plus cette méthode.

La solution du Québec avec [des tests mesurant] le gaz carbonique, c'était plutôt facile et pratique. On pouvait mettre une sonde un peu n'importe où et la laisser mesurer pendant longtemps, mais ce n'est pas nécessairement une bonne mesure.

Une citation de Joël Primeau, ingénieur en mécanique

Pour lui, il faut évaluer le débit d'air neuf fourni par le système de ventilation de l'école et s'assurer que cet air propre est bien diffusé dans les classes plutôt que de rester simplement au plafond.

Or, de tels tests, raconte-t-il, peuvent prendre plusieurs jours et coûter des milliers de dollars par école, sans parler du coût des travaux nécessaires par la suite. Pour lui, la somme de 450 millions annoncée par la province pour l'amélioration des systèmes de ventilation n'est sûrement pas suffisante.

Cela dit, la ventilation dans les écoles en Ontario est en général meilleure que dans les écoles plus vieilles du Québec, selon lui. C'est probablement une petite minorité d'écoles [en Ontario] qui n'ont pas d'air neuf, la question est : "est-ce qu'ils en ont suffisamment et est-ce que les systèmes de diffusion dans les classes sont adéquats?"

Ouvrir les fenêtres de la classe entretemps aide beaucoup, dit-il, mais il presse le gouvernement Ford de lancer le processus d'audit, parce que la rénovation des systèmes de ventilation des écoles pourrait prendre plusieurs années, souligne-t-il.

Pour sa part, la professeure de chimie à l'Université Wilfrid Laurier Hind A. Al-Abadleh recommande des tests mesurant les taux de particules fines, de dioxyde d'azote et d'ozone dans les écoles. Ces trois éléments sont utilisés dans le calcul de l'index de la qualité de l'air, explique-t-elle.

Le professeur de génie civil Jeffrey Siegel de l'Université de Toronto pense lui aussi que des tests de concentration de CO2 dans les classes ne suffisent pas. Je privilégie un court questionnaire qui évalue une variété de facteurs de risque, ce qui permet de prioriser certains espaces dans l'école selon le nombre de facteurs de risque en jeu, dit-il.

Ce serait merveilleux d'avoir de la transparence, ajoute-t-il, que chaque école publie sur son site web des données pour les élèves, les parents et les employés, montrant ce qui a été fait et ce qui va être fait.

De son côté, le Conseil scolaire de district catholique de Toronto (TCDSB) demande plus de financement en priorité pour les écoles qui n'ont pas de système mécanique de ventilation actuellement ou qui n'ont qu'un système partiel.

Travaux à venir pour améliorer la ventilation

  • Conseil scolaire public du Grand Nord de l'Ontario : remplacer de vieux systèmes de ventilation dans six écoles; projets de 4,38 millions de dollars y compris une subvention fédérale-provinciale de 2,38 millions
  • Conseil scolaire Viamonde : munir les unités de ventilation de plusieurs écoles de meilleurs filtres et rénover les systèmes de ventilation-chauffage-climatisation d'une douzaine d'écoles; subvention fédérale-provinciale de 11 millions
  • Conseil scolaire public du Nord-Est de l'Ontario : amélioration de la ventilation dans quelques écoles et d'autres projets comme l'ajout de fontaines d'eau sans contact; subvention de près de 750 000 $
  • Conseil scolaire de district catholique des Aurores boréales : ajout de la filtration par ultraviolet dans neuf écoles et amélioration des systèmes de ventilation à l'École de l’Enfant-Jésus à Dryden et à l’École Franco-Supérieur à Thunder Bay; subvention de 313 000 $
  • Conseil des écoles catholiques du Centre-Est : d'autres améliorations prévues aux systèmes de ventilation de plusieurs écoles, grâce à une récente subvention gouvernementale (le Conseil n'a pas donné plus de détails)
  • Conseil scolaire de district catholique de Toronto : 41 écoles ciblées; budget de 6,6 millions
  • Conseil scolaire public anglais de Toronto : 170 projets d'amélioration des systèmes de ventilation; budget de 39,8 millions

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