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Google veut construire un centre de données en zone agricole à Beauharnois

L'intervention de Québec à coups de décrets fait toutefois grincer les dents de la Fédération de l'UPA Montérégie.

La façade d'un édifice où figure le nom de Google.

La multinationale Google a confirmé son intention d'acquérir un terrain de 62,4 hectares appartenant à Hydro-Québec, à Beauharnois, pour y construire un centre de données.

Photo : Getty Images

La multinationale américaine Google a confirmé son intention de mettre la main sur des terres agricoles détenues par Hydro-Québec à Beauharnois afin d’y construire un centre de données informatiques, a indiqué lundi le gouvernement de François Legault.

Un terrain totalisant 62,4 hectares pourrait ainsi accueillir ce projet auquel le géant informatique compte consacrer 735 millions de dollars (600 millions $ US). Une fois construit, le centre entraînerait la création d’une trentaine d’emplois spécialisés et bien rémunérés, selon le ministère de l’Économie du Québec.

D'autres emplois devraient être créés pour mener à bien la construction de ces nouvelles installations.

Comme le terrain que souhaite acquérir Google se trouve en zone agricole, le gouvernement Legault s’est engagé à compenser la perte de ces terres en cédant une superficie équivalente à la Fiducie agricole UPA-Fondaction.

Ces terres, qui sont situées à l’extérieur de la zone agricole appartenant à Hydro-Québec, sont adjacentes au terrain où s’érigera le nouveau centre de données.

L'implantation de ces installations ne serait toutefois pas possible sans l'intervention de Québec, qui a agi par décret pour permettre la réalisation de ce projet. Le plus récent, adopté le 28 avril dernier, autorise l'exclusion de la zone agricole de certains lots pour que Google puisse y établir ses quartiers.

Une carte montrant où sont situés le terrain visé par le projet et les terres promises en compensation.

Les terres promises par Québec en guise de compensation pour les 62,4 hectares en zone agricole perdus se trouvent à proximité du site où sera installé le centre de données.

Photo : Tirée du document consignant les principes convenus entre la CMM, Hydro-Québec, le ministère de l'Agriculture, le ministère de l'Économie et l'UPA

En agissant de la sorte, le gouvernement accorde à une entreprise privée [...] un droit de regard important sur une richesse collective limitée, non renouvelable et essentielle à la société québécoise, a déploré le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie, Jérémie Letellier.

Au Québec, la zone agricole cultivable, a-t-il rappelé, ne représente que 2 % du territoire de la province.

L’adoption d’un décret permettant à une multinationale étrangère de mettre la main sur un terrain visé sans passer par le processus établi crée un précédent déplorable et inquiétant.

Une citation de Jérémie Letellier, président de l'UPA de la Montérégie

M. Letellier a reproché à Québec d'avoir fait fi des pouvoirs de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), dont le mandat est de conseiller le gouvernement Legault en matière de protection des zones agricoles.

Le 6 décembre 2018, la CPTAQ avait rejeté la demande de la Ville de Beauharnois d'exclure ces terrains, qui étaient alors estimés à une superficie totale de 93,61 hectares, de la zone agricole pour l’implantation d’un projet industriel d’envergure internationale.

Mais en vertu d'un autre décret, celui-ci adopté en septembre 2019, le gouvernement caquiste a soustrait à la compétence de la CPTAQ le dossier relatif à la demande de la Ville de Beauharnois, en vue de la création d’un centre de données informatiques sur des terrains appartenant à Hydro-Québec.

Cet exemple, qui ouvre la porte à une politisation du dézonage au Québec, ne doit jamais se répéter, a insisté Jérémie Letellier.

Plus modéré, le président-directeur général de l'UPA, Marcel Groleau, a jugé qu'il s'agissait d'une situation exceptionnelle.

Selon lui, les compensations annoncées par Québec en marge du projet viennent limiter les dommages en réintroduisant de nouveaux terrains en zone verte, en protégeant d'autres terres menacées par le développement urbain et en facilitant leur mise en valeur par de nouveaux projets agricoles.

Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, a en effet annoncé qu'une compensation financière non remboursable de 3,54 millions de dollars sera accordée à la Fiducie agricole UPA-Fondaction pour favoriser le démarrage de ses activités.

En outre, un terrain de près de 150 hectares à Saint-Stanislas-de-Kostka, en Montérégie, sera aussi cédé par Hydro-Québec à la Fiducie agricole UPA-Fondaction afin de souligner l'importance et la pérennité des relations entre cette dernière et la société d'État.

Le président-directeur général de l'UPA a dit y voir une marque de confiance envers la nouvelle fiducie. Il a néanmoins souligné que l'Union préférait que le gouvernement s'en remette à l'avenir à l'expertise de la CPTAQ avant de permettre que des terres agricoles changent de vocation.

L'avenue à favoriser, en toutes circonstances, est de laisser la Commission faire son travail.

Une citation de Marcel Groleau, président de l'UPA

Tout en prenant acte de l'importance de la protection du territoire agricole, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, André Lamontagne, a souligné que les mesures d'atténuation promises par le gouvernement Legault étaient sans précédent. Elles témoignent de notre engagement envers la préservation du territoire agricole, a-t-il affirmé.

Outre les investissements majeurs qu'entraînera l'arrivée de Google à Beauharnois, l'expansion des activités de la multinationale au Québec vient confirmer notre statut de pôle technologique parmi les plus dynamiques et les plus verts du monde, s'est réjoui de son côté le ministre Fitzgibbon.

Même son de cloche du côté du maire de Beauharnois, Bruno Tremblay, qui s'est réjoui de ce projet qui viendra consolider le développement de notre parc industriel.

Une autre enveloppe de 2,7 millions de dollars sera par ailleurs destinée à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) pour assurer la mise en œuvre du parc métropolitain agricole, a fait savoir le gouvernement Legault.

Installée dans la province depuis 2004, Google a indiqué qu'en plus de ses activités en Montérégie, ses bureaux de Montréal, qui seront aménagés sur l'avenue Viger, compteront jusqu'à 1000 employés. Le géant américain entend faire de Montréal l'un de ses trois principaux bureaux au pays.

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