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S’exiler en Australie, en quête d’un remède contre la COVID-19

Une scientifique dans un laboratoire

La chercheuse Mariana Baz, dans son laboratoire de Québec, en train de faire la culture du SRAS-CoV-2

Photo : Mariana Baz

Le quotidien de Mariana Baz n’a rien d’ordinaire. La chercheuse de Québec est en mission pour trouver un médicament contre la COVID-19. Et comme si ce n’était pas assez, la jeune mère de famille partage désormais son temps entre deux laboratoires, dans deux pays, sur deux continents.

Trouver un moment pour réaliser cette entrevue n’a pas été une mince affaire : la spécialiste en virologie a récemment posé ses pénates à Melbourne, en Australie, qui a un décalage horaire de 14 heures avec Québec.

Je travaille le jour et la nuit, mais je suis très contente. Quand on aime ce qu'on fait, c'est beaucoup plus facile!, lance Mme Baz, tout sourire.

Pendant que le monde entier a les yeux rivés sur la vaccination, Mme Baz prépare la suite. Prévenir la COVID-19 est essentiel, mais savoir guérir la maladie l’est tout autant.

Dans le cas du SRAS-CoV-2, le virus qui cause la COVID, on n'a pas encore de traitement spécifique pour traiter la maladie.

Une citation de Mariana Baz, chercheuse en virologie et professeure associée à la Faculté de médecine de l'Université Laval

Bien sûr, il y a le remdésivir, qui a été autorisé au Canada l’été dernier, mais qui peut seulement être utilisé dans des circonstances précises, lorsque les patients sont hospitalisés et gravement malades. Mme Baz vise un antiviral plus polyvalent.

Des hamsters à Québec, des souris en Australie

Avant de déménager en Australie, en mars dernier, la chercheuse avait déjà ouvert un laboratoire à Québec où l'on cherche aussi un médicament contre la COVID-19. Malgré la distance, elle y poursuit ses travaux in vitro, mais aussi in vivo, sur des hamsters.

Son expertise est maintenant mise à profit à Melbourne, où elle met la touche finale à un laboratoire du même type, qui sera opérationnel d’ici deux semaines. Plutôt que des hamsters, ses partenaires de recherche seront des souris.

Pour trouver un remède à la COVID-19 le plus rapidement possible, Mme Baz ne mise pas sur le développement d’une nouvelle molécule. Avec son équipe, elle vise plutôt ce qu’on appelle un repositionnement pharmaceutique.

Ce sont des molécules qui existent déjà, qui ont déjà passé par des étapes de toxicité, plusieurs étapes de développement, donc on sait qu'elles ne sont pas nocives pour les humains.

Une citation de Mariana Baz, chercheuse en virologie et professeure associée à la Faculté de médecine de l'Université Laval
Mariana Baz, professeure associée à la Faculté de médecine, département de microbiologie-infectiologie et d'immunologie de l'Université Laval

Mariana Baz, professeure associée à la Faculté de médecine, département de microbiologie-infectiologie et d'immunologie de l'Université Laval

Photo : CHU de Québec – Université Laval

Si certains antiviraux se révèlent prometteurs lors des tests in vitro, ils passeront à l’étape de la recherche sur les animaux.

Si tout va bien, ils feront ultimement l’objet d’essais cliniques sur les humains.

Bref, il s’agit d’un parcours tout à fait semblable à celui des vaccins qui ont été approuvés jusqu’ici. Mme Baz ne le cache pas : elle a espoir de trouver le médicament tant souhaité. C’est le but de tous les chercheurs qui travaillent sur les antiviraux.

En toute humilité, elle précise qu’elle est loin d’être seule dans cette aventure. D’autres chercheurs, des assistants de recherche et des techniciens en santé animale, notamment, y sont complètement investis eux aussi.

Je n'irai pas dire "j'ai découvert un antiviral". Ça va être "nous avons découvert un antiviral!".

Une citation de Mariana Baz, chercheuse en virologie et professeure associée à la Faculté de médecine de l'Université Laval

Ne pas oublier la grippe

Le plus étrange, dans toute cette histoire, c’est que la COVID-19 ne devait même pas faire partie des sujets de recherche de Mme Baz, en Australie.

Lorsqu’elle a été embauchée, à l’issue d’un concours international, c’était pour diriger la division des antiviraux au Centre collaborateur de recherche et de référence sur l’influenza (CCRRI) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Elle était la meilleure candidate et elle est très qualifiée, estime Kanta Subbarao, directrice du CCRRI de l’OMS à Melbourne.

Kanta Subbarao, directrice du Centre collaborateur de recherche et de référence sur l'influenza de l'Organisation mondiale de la santé à Melbourne

Kanta Subbarao, directrice du Centre collaborateur de recherche et de référence sur l'influenza de l'Organisation mondiale de la santé à Melbourne

Photo : Skype / Capture d'écran

Le rôle de Mme Baz devait alors se résumer à faire la surveillance de l’influenza dans le monde et vérifier si les souches qui circulent sont résistantes aux antiviraux disponibles sur le marché.

Puis la COVID-19 est arrivée et s’est répandue comme une traînée de poudre, multipliant les victimes aux quatre coins du monde. Les spécialistes en virologie ont dû revoir leurs priorités.

L'année passée, et probablement cette année, il n'y aura pas beaucoup de circulation de l'influenza donc on a quand même beaucoup de temps pour travailler sur autre chose. Et la chose la plus importante sur laquelle travailler, c'est justement le SRAS-CoV-2.

Une citation de Mariana Baz, chercheuse en virologie et professeure associée à la Faculté de médecine de l'Université Laval

Le monde a besoin de plus d’options de traitement pour la COVID-19 et Mariana arrive ici avec beaucoup d’expérience dans le domaine des antiviraux, ajoute Mme Subbarao.

Malgré tout, Mme Baz devra aussi consacrer une partie importante de son temps à la raison première pour laquelle elle a été embauchée. On ne peut pas oublier non plus l'influenza, dit-elle.

En plus du CCRRI de Melbourne, quatre autres CCRRI dans le monde font de la surveillance de l’influenza. Ils se rencontrent deux fois par an pour faire le point sur la situation de la grippe à l’échelle planétaire.

Leur travail est fondamental pour les compagnies pharmaceutiques, explique Mme Baz, notamment pour déterminer quelles souches doivent être incluses dans le vaccin contre la grippe, chaque année.

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