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COVID-19 : stress et détresse chez les fonctionnaires fédéraux

Une femme de dos assise devant un ordinateur.

Le nombre de fonctionnaires fédéraux en détresse lorsqu’ils font appel au Programme d’aide aux employés (PAE) a bondi en 2020.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Paul Couture

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Stress accru, sommeil perturbé et appels de détresse en hausse, la pandémie n’épargne pas le moral de nombreux travailleurs de la fonction publique fédérale.

Des résultats d’un sondage fournis par l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) indiquent que 55 % d’environ 8000 répondants estiment avoir un niveau de stress plus élevé en raison de la situation sanitaire.

Selon le coup de sonde mené en janvier et février, les problèmes identifiés par les fonctionnaires en lien avec la pandémie sont, notamment, la difficulté à dormir (43 %), la solitude (33 %) et les craintes quant au rendement professionnel (24 %).

Un peu plus de 18 % des répondants disent qu'ils ont commencé à avoir des problèmes de santé mentale, tandis qu'environ 20 % d'entre eux estiment que leurs problèmes de santé mentale ont empiré.

Les fonctionnaires fédéraux ont dû gérer un niveau de stress accru, et ce, avec des attentes de performance énormes, commente le vice-président exécutif régional de la région de la capitale nationale à l’AFPC, Alex Silas.

« Il ne faut vraiment pas sous-estimer le problème. Les [enjeux] de santé mentale [sont] de vrais problèmes que du vrai monde est en train de vivre dans leur quotidien. »

— Une citation de  Alex Silas, vice-président exécutif régional de la région de la capitale nationale à l’AFPC

La majorité [...] des travailleurs et travailleuses sont en télétravail. Ce qui veut dire que leur réalité, c’est qu’ils habitent dans leur milieu de travail, ajoute-t-il, en mentionnant qu’un meilleur équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle fait partie des priorités de négociation.

Alex Silas en vidéoconférence, derrière lui un drapeau de l'AFPC

Alex Silas, vice-président exécutif régional de la région de la capitale nationale à l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC)

Photo : Radio-Canada

Plusieurs groupes de travailleurs de différents ministères ont été appelés à répondre au sondage, allant d’employés en soutien technologique et scientifique à d’autres œuvrant en exploitation des immeubles.

Du soutien immédiat plus souvent nécessaire

Par ailleurs, le nombre de personnes en détresse lorsqu’elles font appel au Programme d’aide aux employés (PAE) a bondi en 2020. Le nombre total d'appels nécessitant un soutien psychologique immédiat [...] était nettement plus élevé (66 %) que l'année précédente, avant la pandémie, indique Santé Canada dans une déclaration écrite, précisant toutefois que le nombre total de demandes de soutien s'est stabilisé depuis juin 2020.

D'année en année, parmi les motifs de consultation du PAE, accessible à 88 ministères et organismes, on constate notamment les inquiétudes relatives à l'anxiété, au stress et au deuil.

« Certaines de ces préoccupations peuvent être amplifiées par les incertitudes et l'isolement liés à la pandémie. »

— Une citation de  extrait d'une déclaration transmise par Santé Canada

Par courriel, le Secrétariat du Conseil du Trésor (SCT) affirme vouloir miser sur des études approfondies et des preuves solides avant de mettre en place des améliorations. Il attend notamment les dernières réponses au sondage annuel des fonctionnaires fédéraux, à paraître prochainement, qui aborde le bien-être au travail et l’impact de la COVID-19.

Le SCT dit fournir des conseils et des outils pratiques aux organisations de la fonction publique, et surtout aux gestionnaires de première ligne, afin de prévenir le stress, promouvoir et protéger la santé mentale des employés.

Il fait aussi valoir que des modifications temporaires apportées au Régime de soins de santé de la fonction publique sont là pour faciliter l’accès à des prestations, entre autres mesures.

Selon Rachel Thibeault, consultante en résilience psychologique et en soutien entre pairs dans différents milieux de travail, il est primordial pour tous les employeurs de prendre la mesure d’indicateurs clés de façon continue, avec des outils valides et fiables, pour avoir une lecture juste.

Rachel Thibeault en vidéoconférence

Rachel Thibeault est consultante en résilience psychologique et en soutien entre pairs dans différents milieux de travail

Photo : Radio-Canada

Celle qui est parfois appelée à intervenir dans des ministères fédéraux et provinciaux note aussi qu’il n’y a pas de taille universelle en matière de stratégies pour créer des conditions favorables à une bonne santé psychologique. Les formules doivent être adaptées à chaque milieu.

Un des grands enjeux en ce moment, entre autres avec la pandémie, c’est qu’on voit que dans bien des ministères [et] environnements, il y a une sédentarité accrue et, avec [cela], tout le phénomène du ralentissement métabolique, qui a un gros, gros impact sur la santé psychologique des gens.

Témoignages à l’interne

Le SCT a lancé, ces dernières années, des initiatives pour faire de la prévention au sein de l’appareil fédéral.

Par exemple, le Bureau des conférenciers fédéraux en santé mentale mise sur le partage d’expériences vécues par des fonctionnaires, qui font bénévolement des présentations à leurs pairs de différents ministères.

L'idée est venue [de réunir des] collègues qui étaient bien dans leur rétablissement d'un trouble de santé mentale pour vraiment aider à sensibiliser les gens, explique en entrevue Jean-François Claude, cofondateur du Bureau créé en 2016. Nous savons que des témoignages, c'est tellement puissant et c'est ce qui contribue énormément à la réduction de la stigmatisation.

Jean-François Claude dans un parc extérieur.

Jean-François Claude, cofondateur du Bureau des conférenciers fédéraux sur la santé mentale

Photo : Radio-Canada / Toni Choueiri

Après avoir surmonté une dépression majeure, M. Claude espère aider des personnes en détresse à se tourner vers des ressources de soutien. Depuis le début de son cheminement en santé mentale, en 2012, il dit constater que les problématiques de stigmatisation se sont beaucoup améliorées.

« Le travail doit se poursuivre. [Il est] de longue haleine. On parle quand même de changement de culture en milieu de travail. »

— Une citation de  Jean-François Claude, cofondateur du Bureau des conférenciers fédéraux en santé mentale

Celui qui est aussi conseiller principal au Centre d'expertise sur la santé mentale en milieu de travail du SCT indique que plus de 25 000 fonctionnaires ont été touchés avec, en moyenne, une centaine de témoignages par année.

Aux yeux de Véronique Eng, directrice financière à Santé Canada qui agit comme conférencière, la pandémie a accentué l’intérêt qui était déjà porté aux enjeux de santé mentale.

Il y a définitivement une plus grosse demande maintenant, fait-elle remarquer quant aux requêtes qu’elle reçoit des ministères pour partager son histoire.

Dix ans après le début de son parcours marqué par une dépression majeure et des pensées suicidaires, elle mentionne que le télétravail, qui ne plaît pas à tous, lui rappelle d’être plus à l’écoute des besoins de chaque membre de son équipe.

Le rappel a aussi valu pour elle-même en tant que gestionnaire. C’est là qu’on se rappelle qu’il faut vraiment mettre notre santé comme notre première priorité, autant physique que mentale. [...] Il faut le mettre en place tous les jours, conclut-elle.

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