La région de Sudbury la plus touchée par la crise des opioïdes en 2020

Le monument «Crosses for changes» de Sudbury : des croix blanches en mémoire des victimes de la crise des opioïdes dans la région
Photo : Radio-Canada / Yvon Theriault
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Grand Sudbury a été la région ontarienne avec le plus haut taux de surdoses d'opioïdes mortelles par 100 000 habitants en 2020, selon des données préliminaires du Bureau du coroner en chef de l’Ontario.
En 2020, il y a eu 105 décès causés par une surdose sur le territoire de Santé publique Sudbury et districts, qui comprend aussi l’île Manitoulin.
En comparaison, il y en avait eu 32 en 2018 et 56 en 2019.
Plus de la moitié des décès en 2020 sont survenus entre août et décembre.
D’autres régions du Nord suivent le Grand Sudbury pour le taux de surdoses mortelles par 100 000 habitants, soit Porcupine, Algoma, Thunder Bay et North Bay-Parry Sound.
Le nombre de décès a notamment triplé dans la région de Sault-Sainte-Marie, avec 53 morts par surdose en 2020 contre 17 en 2019.
À l’échelle de la province, il y a eu 60 % plus de surdoses d'opioïdes mortelles en 2020 par rapport à l’année précédente.
Le nouveau rapport du Bureau du coroner en chef de l’Ontarioconfirme la tendance observée pendant les premiers mois de la pandémie.
Beaucoup de désespoir
C’est épuisant mentalement, spirituellement et physiquement pour nous tous qui travaillons dans notre organisation
, confie l’infirmière Karla Ghartey au sujet du nombre de personnes qui ont perdu la vie.
« Je ne peux pas imaginer ce que c’est pour ceux qui vivent ça au quotidien parce que le nombre de personnes proches d’eux qu’ils ont perdu est renversant. On ressent le désespoir et rien n’arrive à changer les choses. »
Joel Boivin, directeur des services de réduction des méfaits pour l’organisme Sudbury Action Centre for Youth (SACY), souligne que la crise touche un groupe de personnes très proches les unes des autres.
On commence à avoir 11 ou 12 décès par mois. Ça a un impact terrible sur tout le monde. Nous nous connaissons tous.
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L’arrivée de drogues plus dangereuses et le manque d’accès aux services, particulièrement depuis le début de la pandémie, seraient deux des principales causes de l’augmentation.
La fermeture des frontières limite la circulation de drogues moins dangereuses
, croit-il.
Quand nous commençons à perdre notre approvisionnement qui gardait les choses à un niveau équilibré, c’est là que les gens sont en manque et font des gestes désespérés
, affirme-t-il.
Manque de services
Karla Ghartey, qui est une des fondatrices de l’organisme Sudbury Temporary Overdose Prevention (STOP), affirme qu’il n’y a pas suffisamment de ressources qui sont déployées pour lutter contre la crise.
STOP
offre des services de consommation supervisée en attendant l’ouverture d’un centre approuvé par Santé Canada à Sudbury.Mme Ghartey estime que le manque de logements abordables est un des enjeux prioritaires.
Joel Boivin abonde dans le même sens. Ils notent que la diminution des services avait commencé avant la pandémie, qui n’a fait qu’exacerber les problèmes existants.
La solution va devoir passer par davantage de partenariats entre les organismes pour s’assurer de pouvoir offrir de l’aide aux gens où ils se trouvent, affirme Patrick Nowak, infirmier en santé publique pour le Bureau de santé Porcupine.
Il souligne que la majorité des décès de cette région sont survenus à Timmins.
M. Nowak note que le BSP
dessert un grand territoire avec un personnel limité. Il ajoute qu’il a moins de services disponibles que dans les grandes villes du sud de la province.Il rappelle aux gens qui consomment des drogues de ne pas le faire seuls et d’avoir en leur possession de la naloxone.
Avec les informations de Zacharie Routhier