Mort de Michel Vienneau : le témoignage de sa conjointe diffère de ceux des policiers

Annick Basque et Michel Vienneau se trouvaient dans leur voiture à la gare de Bathurst le 12 janvier 2015 quand ce dernier a été abattu par des policiers qui croyaient à tort avoir affaire à un trafiquant de drogue.
Photo : Facebook
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Que s'est-il passé au juste le 12 janvier 2015 à la gare VIA Rail de Bathurst? La conjointe de la victime et les agents qui ont participé à l'opération policière ne s'entendent pas sur toute la ligne.
Vendredi à Beresford, au quatrième jour de l'enquête du coroner sur la mort de Michel Vienneau, Annick Basque a raconté sa version des faits.
Le 12 janvier 2015, elle et Michel Vienneau sont revenus d’un voyage en train à Montréal. Ils étaient allés dans la métropole québécoise pour assister à un match du Canadien.

Annick Basque, qui était la conjointe de Michel Vienneau lorsqu'il a été abattu par la police de Bathurst, a raconté sa version des faits le 30 avril 2015.
Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue
Pour lui, c’était sa game de hockey de l’année. En même temps, on en a profité pour aller voir où il restait quand il était jeune [...] Il a resté là ses premières années
, a raconté Annick Basque.
Lorsqu’ils sont arrivés à la gare de Bathurst, ils se sont rendus à leur véhicule, une Chevrolet Cruze blanche. Pendant que Michel Vienneau grattait le pare-brise, Annick Basque a remarqué deux hommes qui se disputaient à bord d’une voiture.
Il y avait un char à côté de moi. J’ai comme vu qu’ils se chicanaient. Ça devenait intense. Pis ils se sont comme aperçus que je les regardais. Pis là, ils se sont saisis [...] Ils étaient habillés comme en guenilles, genre, comme quand tu vas travailler, du vieux linge.
Lorsqu’elle et Michel Vienneau sont montés à bord de leur voiture et qu’ils se sont dirigés vers la sortie du stationnement, le véhicule à bord duquel se trouvaient les deux hommes a reculé à toute vitesse et leur a barré la route.
J’ai dit : "Wô wô, Michel"– parce que lui ne voyait pas, il avait la tête tournée pour regarder en arrière, pour reculer –, j’ai dit : "Laisse-les passer, ils ont l’air plus pressés que nous autres."
Les deux hommes sont sortis de leur voiture, une Pontiac G6 banalisée.
Ils étaient armés de pistolets et portaient des vêtements civils.
J’ai dit : "Ah mon Dieu, un fusil!" J’ai dit : "Ça n’a pas de bon sens, qu’est-ce qui se passe? I guess qu’on se fait attaquer." C’était comme... des terroristes.
Cette version des faits ressemble à peu près à ce qu’ont dit plusieurs autres témoins depuis le début de l'enquête du coroner.
D'autres éléments du témoignage d'Annick Basque contredisent les témoignages de plusieurs policiers qui ont participé à l’opération du 12 janvier 2015.

Les policiers Patrick Bulger et Mathieu Boudreau (archives)
Photo : CBC
Vendredi matin à Beresford, Annick Basque a affirmé que son conjoint lui a poussé la tête vers le bas afin de la protéger.
Elle a dit qu'elle a entendu des coups de feu et qu'elle a ensuite tenté d’enclencher la marche arrière de la voiture, sans succès.
J’étais pris en dessous de Michel. Michel était par-dessus moi. La porte... ils ont ouvert la porte. C’est là qu’ils ont tiré encore un autre coup de feu. Là, j’étais toute sonnée. Je ne bougeais plus.
Les autres témoins entendus depuis le début de l'enquête du coroner ont affirmé que les coups de feu dans la direction de Michel Vienneau ont tous été tirés avant que les policiers ouvrent la portière de la voiture.
Annick Basque a aussi dit (à l'instar de deux témoins civils entendus plus tôt lors de l'enquête) qu’elle n’a pas vu de gyrophares allumés à l'intérieur de la voiture banalisée des policiers.
Des policiers qui ont participé à l’opération ont cependant affirmé que les gyrophares intérieurs du véhicule des agents Mathieu Boudreau et Patrick Bulger – les deux hommes armés qui ont intercepté Michel Vienneau et Annick Basque – étaient bel et bien allumés.