•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Des Anicinapek de Kitcisakik demandent que leurs sévices soient reconnus

Des dizaines d'enfants et de parents d'origine anichinabée devant un bâtiment.

Entre 1975 et 1991, des Anicinapek de la communauté de Kitcisakik ont été envoyés dans la résidence Pavillon Notre-Dame-de-la-Route à Louvicourt.

Photo : Jimmy Papatie

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Entre 1975 et 1991, des Anicinapek de la communauté de Kitcisakik ont été envoyés dans la résidence Pavillon Notre-Dame-de-la-Route à Louvicourt. Cette semaine, des membres de la communauté ont déposé une demande d'action collective contre le Procureur général du Canada et la compagnie d’assurances Royal & Sun Alliance du Canada pour des sévices qu'ils auraient subis dans cette résidence.

Jimmy Papatie raconte qu’il a lui-même été à la résidence Pavillon Notre-Dame-de-la-Route pendant deux ans. Les enfants y logeaient, puis ils prenaient l’autobus pour aller à l’école à Lac-Simon.

C’est sûr que les enfants qui ont été là, à la résidence, ils ont quand même connu leur lot de violence physique, psychologique, d'agressions sexuelles, dit-il avec émotion.

Tel que mentionné dans la demande d’action collective, le père Edmond Brouillard, qui a été président du conseil d’administration de la Résidence pendant plus de 10 ans, a plaidé coupable en 1995 à des accusations d’agressions sexuelles dans les communautés de Lac-Simon et Kitcisakik.

Un homme autochtone témoigne lors d'une commission d'enquête.

Jimmy Papatie lors de son passage devant la Commission Viens, en 2018. (archives)

Photo : Radio-Canada

Pour cesser le cycle de traumatismes intergénérationnels dans sa communauté, Jimmy Papatie souhaite que le gouvernement reconnaisse que la résidence Notre-Dame-de-la-Route a eu des effets néfastes comme ceux des pensionnats autochtones.

Ce sont nos enfants qui n’avancent pas. Ce sont nos enfants qui sentent que jamais on ne va croire leur histoire. Ils ont besoin que leur histoire soit connue du public, mais ils ont aussi besoin que le Canada reconnaisse que l’époque de la résidence a été aussi néfaste pour eux, comme c’est arrivé dans les pensionnats, à Saint-Marc-de-Figuery. Ça fait partie de notre démarche collective, affirme Jimmy Papatie.

« Tout ce qu’on voit comme souffrance maintenant, si on n’y répond pas, on condamne ces enfants-là devenus adultes à transmettre les patterns et les blessures à leurs petits-enfants. Il faut qu’on casse le cycle de la transmission, mais pour ça, il faut que le gouvernement reconnaisse que la résidence a été un pensionnat. »

— Une citation de  Jimmy Papatie

Me David Schulze travaille dans le dossier de la demande d’action collective. Il explique que le gouvernement fédéral a refusé d’inclure la résidence Pavillon Notre-Dame-de-la-Route dans la Convention de règlement des pensionnats indiens.

Probablement surtout parce que ce n’était pas géré directement ni par une école, ni par une église, mais plutôt par un OSBL [organisme à but non lucratif] qui semble avoir existé seulement afin d’opérer cette résidence. Mais à toute fin pratique, c’était comme une prolongation du pensionnat. Tous les enfants de la communauté allaient là, ils n’avaient que le choix d’aller là. Ils étaient éloignés de leur famille à la seule fin d’être éduqués dans une école à Lac-Simon, subventionnée par le fédéral, indique Me Schulze.

Le chef de la communauté de Kitcisakik, Régis Penosway, déplore que les événements survenus à la résidence de Louvicourt ne soient pas considérés au même titre que ceux survenus dans d’autres pensionnats autochtones.

Non ce n’est pas reconnu, c'est pour ça qu’on veut faire les démonstrations. Comme vous le savez sans doute, Mr Trudeau mentionne qu’il veut se réconcilier avec les Premières Nations. Kitcisakik, on fait l’objet d’un oubli dans ce dossier-là, affirme-t-il.

Une date d’audience n’est pas encore fixée, puisque Me Schulz rapporte que le gouvernement fédéral demande, avec le consentement du demandeur, une suspension pour faire des recherches archivistiques pour mieux comprendre l’histoire de cette résidence. Étant donné que les archives sont parfois fermées en raison de la pandémie, Me Schulze souligne que la durée de ces recherches demeure floue.

Jimmy Papatie dit souhaiter que les membres de sa communauté qui ont vécu des abus puissent guérir.

On ne peut pas construire un avenir en niant ça à ces jeunes-là qui sont devenus des parents, qui vont devenir des grands-parents, et qui auront à porter à l’odieux de toutes leurs blessures, qui ne seront jamais reconnues, conclut-il.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...