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Les contacts sociaux suivent une courbe saisonnière, avec ou sans couvre-feu

Globalement, les Québécois ont diminué de manière importante leurs contacts sociaux durant la pandémie.

Le boulevard René-Lévesque, à Québec, est désert pendant le couvre-feu.

Le boulevard René-Lévesque, à Québec, pendant le couvre-feu.

Photo : Radio-Canada / Claude Bellemare

Si les Québécois ont globalement réduit leurs contacts sociaux à la maison au cours de la dernière année, pandémie et mesures sanitaires obligent, un nouveau rapport démontre que leur nombre suit une courbe saisonnière, avec ou sans couvre-feu.

L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a dévoilé cette semaine une analyse des habitudes de socialisation de la population avant et pendant la pandémie de COVID-19. Une comparaison rendue possible grâce à l'étude CONNECT, lancée en 2018-2019.

En comparant les données pour une année normale et celles des 12 derniers mois, les chercheurs en viennent à la conclusion que l'occurrence des visites à la maison suit une saisonnalité. Autrement dit, même si les visites sont beaucoup moins nombreuses pendant la pandémie, leur fluctuation est guidée par la même courbe, crise sanitaire ou non.

Après un pic pendant les Fêtes, on note une diminution importante des contacts avec des visiteurs en janvier, une augmentation graduelle en février et pendant la relâche, et une stabilisation en mars, peut-on lire dans le rapport de l'INSPQ. Des constats qui s'appliquent aux deux années à l'étude.

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Une représentation du coronavirus.

L'analyse démontre que les Québécois ont été même été particulièrement tranquilles durant la période des Fêtes 2020. Les visites signalées ont même été inférieures qu'en septembre ou lors de la relâche de mars dernier.

Couvre-feu

Bien qu'ils compilaient déjà les données afin de contribuer aux prises de décision de la santé publique, les chercheurs ont eu l'idée de cette analyse comparative au début de l'hiver.

Le premier ministre François Legault venait alors d'annoncer un resserrement drastique des mesures sanitaires après un mauvais mois de décembre. Pour la première fois depuis le début de la crise, la province serait soumise à un couvre-feu, à compter du 8 janvier.

On a pensé faire cette analyse-là surtout depuis la mise en vigueur du couvre-feu, affirme Mélanie Drolet, épidémiologiste principale de l'étude CONNECT et chercheuse au Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval.

Le premier ministre parle tandis que, un peu derrière lui, le Dr Horacio Arruda le regarde et l'écoute.

Le premier ministre François Legault a instauré un couvre-feu au Québec le 8 janvier.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Dès le mois de janvier, l'équipe de Mme Drolet avait noté une diminution importante des rencontres à la maison. Quelque 25 % des participants à l'étude affirmaient avoir rendu visite ou reçu des invités, contre 41 % durant les Fêtes.

Il aurait pu être tentant d'attribuer cette baisse au couvre-feu. Or il s'avère que cette diminution des contacts sociaux à la maison suit la même tendance, toutes proportions gardées, que celle observée durant une année normale, où le taux est passé de 93 % à 57 % en 2018-2019.

Cette nouvelle analyse nous fournit un élément de réponse. Ça démontre que, en effet, après la période des Fêtes, on a une diminution naturelle de nos contacts sociaux.

Une citation de Mélanie Drolet, épidémiologiste, Centre de recherche CHU de Québec-Université Laval

Toujours suivant cette logique saisonnière, les chiffres sont repartis à la hausse dès le mois suivant. Ces contacts ont ensuite augmenté significativement à 34 % en février, puis à 46 % pendant la semaine de relâche. En mars, cette proportion est de 37 % et elle est similaire à la proportion de l’automne, ajoute le rapport.

Pas une preuve

Malgré ces résultats, l'INSPQ se garde de tirer des conclusions sur l'efficacité du couvre-feu comme mesure sanitaire. Il n'y a pas de preuve que ça fonctionne, et il n'y a pas de preuve que ça ne fonctionne pas non plus, soutient Mélanie Drolet.

D'un côté, on pourrait dire que le couvre-feu ne fonctionne pas, dit-elle, puisque les données de visites à la maison sont similaires pour l'automne 2020, avant l'implantation de la mesure, et mars 2021.

Mais de l'autre, il est possible que l'augmentation naturelle vue en mars ait pu être atténuée par l'interdiction de sortie en soirée. On ne peut donc pas vraiment tirer de conclusions, affirme Mme Drolet.

À ce jour, il existe toujours peu de données tangibles de l'impact d'un couvre-feu sur la transmission de la COVID-19. Et rares sont les chercheurs prêts à se mouiller.

Un panneau lumineux signale les heures du couvre-feu en bord d'autoroute.

Le couvre-feu est en vigueur au Québec depuis janvier. D'abord de 20 h à 5 h, il a été repoussé, selon la situation et les régions, de 21 h 30 à 5 h.

Photo : Radio-Canada / Jean-Claude Taliana

Au début du mois d'avril, le ministère de la Santé et des services sociaux et le cabinet du premier ministre ont brandi une étude de mobilité pour justifier la mesure. Le rapport visait à comparer les déplacements des Québécois, soumis au couvre-feu, et ceux des Ontariens, où une telle mesure n'a pas été appliquée en janvier.

Menée par des chercheurs canadiens du 1er décembre au 23 janvier, l'analyse concluait à une diminution de 31 % des déplacements au Québec après 20 h. Durant le jour, la mobilité augmentait cependant de 8,7 %.

Encore là, l'INSPQ s'était gardé d'en tirer des conclusions sur l'efficacité du couvre-feu. Il s’agit d’une étude de mobilité et non une étude de transmission, affirmait l'épidémiologiste Gaston de Serres. Il y a généralement une corrélation entre mobilité et transmission, mais ce n’est pas une preuve directe.

Dernière ligne droite

Au-delà du débat sur le couvre-feu, Mélanie Drolet a tenu à souligner les efforts déployés par la population depuis maintenant un an, et en particulier dans les derniers mois. À son avis, l'écart entre les contacts d'avant la pandémie et ceux observés durant la crise parle de lui-même.

Les Québécois ont fait des sacrifices considérables pour réduire leurs contacts sociaux, et particulièrement ceux dans les maisons, affirme l'épidémiologiste. Elle appelle maintenant à garder le cap pour encore quelques semaines.

Il faut maintenir ces efforts de réduction des contacts sociaux, même si on est vacciné, le temps d'atteindre une haute couverture vaccinale et que la campagne de vaccination poursuive son effet, plaide-t-elle.

Avant la pandémie, chaque personne avait en moyenne de 7 à 8 contacts sociaux par jour, peu importe le lieu (maison, travail, etc.). Ce nombre a baissé à 3 au printemps 2020. Les Québécois, ces deux derniers mois, frôlaient maintenant les 5 contacts sociaux quotidiennement.

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