Blanchiment d'argent : Christy Clark ignorait son ampleur jusqu'en 2015

L'ex-première ministre Christy Clark a toujours misé sur une économie forte lors de ses années à la tête de la Colombie-Britannique.
Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'ex-première ministre de la Colombie-Britannique, Christy Clark, affirme n'avoir été alertée par son gouvernement qu'il y avait une augmentation suspecte d’argent liquide circulant dans les casinos de la province qu’en 2015 alors que le problème aurait été « apparent » depuis au moins quatre ans.
Mardi, Christy Clark a témoigné dans le cadre de l’enquête sur le blanchiment d’argent dans la province. Elle a attesté avoir été préoccupée par le fait que la crise du blanchiment d'argent en Colombie-Britannique avait apparemment atteint un niveau record
lorsqu’elle dirigeait la province.
Cependant, à l’époque son gouvernement a requis une meilleure formation de ceux qui surveillent les casinos. Malgré l’augmentation d’activités suspectes, l’ancienne première ministre libérale s'estimait rassurée par certains des changements apportés par son gouvernement qui se sont révélés efficaces.
Christy Clark défend sa gouvernance
Durant les deux heures de son témoignage, Christy Clark est restée sur la défensive, justifiant la stratégie de son gouvernement pour répondre à la crise du blanchiment d’argent. Elle a soutenu que la province s'était assurée
de mettre en œuvre les recommandations du rapport Kroeker de 2011. Celui-ci conseillait à la province d’agir pour mieux se renseigner sur les activités criminelles dans ses casinos.
Un avocat de la Commission a confronté Christy Clark, notant qu’il a fallu des années à son Cabinet pour mettre en place ces recommandations. À cela, l’ex-première ministre a rétorqué que ce n’était pas un retard.
Et aux allégations selon lesquelles les dirigeants politiques n'étaient pas disposés à s'attaquer au problème plus tôt, car cela rapportait des revenus de jeu importants à la province, Christy Clark a répondu : Nous n’avons jamais dit que les revenus [provenant des casinos] étaient plus importants que d’y arrêter les activités criminelles
.
Les transactions suspectes avaient, selon ses dires, amené son gouvernement à agir rapidement, notamment avec un rapport recommandant des changements aux stratégies de lutte contre le blanchiment d'argent.
Par ailleurs, la femme politique, aujourd'hui consultante dans un cabinet d'avocats, a tout bonnement refusé de répondre à des questions hypothétiques sur la manière dont elle aurait agi face à un soupçon de blanchiment d'argent si elle en avait eu connaissance avant 2015.
Selon le NPD, au pouvoir depuis 2017, le témoignage de Christy Clark révèle un gouvernement libéral de la Colombie-Britannique qui a refusé de donner suite à de multiples préoccupations directes soulevées par les forces de l'ordre au sujet de l'entrée d'argent sale dans les casinos de la province
.
Casino, immobilier et industrie du luxe
La tenue d'une enquête publique sur le blanchiment d’argent dans la province a été annoncée en mai 2019 à la suite de la publication de deux rapports accablants. En effet, un comité d'experts a estimé que le blanchiment d'argent avait dépouillé la province de 7,4 milliards de dollars en 2018.
Les secteurs concernés sont l'immobilier, les voitures de luxe, mais aussi les courses de chevaux et d'autres secteurs de l'économie.
La Commission Cullen doit examiner comment le blanchiment d'argent a prospéré. Selon Christy Clark, cette enquête vient confirmer l'efficacité de l'approche de son gouvernement et que celui qui est au pouvoir en ce moment ne fait que continuer le travail que ses ministres et elle avaient entamé.
D’autres pointures politiques attendues devant la Commission
Les anciens ministres libéraux Rich Coleman, Michael de Jong et Kash Heed doivent témoigner cette semaine et la semaine prochaine. Shirley Bond, qui a été chef intérimaire du parti, ministre de la Sécurité publique et procureure générale de Mme Clark, doit témoigner jeudi.
Pour sa part, le procureur général en poste, David Eby, répondra aux questions des commissaires lundi.