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Les surdoses mortelles ont augmenté de 87 % au Manitoba en 2020

Des bougies allumées et alignées sur une marche.

Des centaines de bougies ont été allumées sur les marches du palais législatif en mars, à la mémoire des victimes d'une surdose mortelle en 2020.

Photo : Radio-Canada / Marouane Refak

Radio-Canada

En moyenne, une personne au moins est morte chaque jour en raison d’une surdose de drogue dans la dernière année au Manitoba, selon les données du Bureau du médecin légiste en chef.

Entre janvier et décembre 2020, 372 personnes ont perdu la vie à la suite d’une surdose dans la province, ce qui représente une hausse de 87 % par rapport à 2019, indiquent les données obtenues par CBC.

La majorité de ces morts sont liées à la consommation d’opioïdes, y compris le fentanyl.

C’est dévastateur, commente Thomas Kerr, chercheur au Centre on Substance Use de la Colombie-Britannique.

Thomas Kerr, qui est aussi professeur associé à la Faculté de médecine de l’Université de la Colombie-Britannique, dit que ces statistiques ne sont malheureusement pas surprenantes.

Le nombre de morts par surdose a monté en flèche au Canada depuis le début de la pandémie. Thomas Kerr fait remarquer qu’en 2020, la Colombie-Britannique a enregistré le plus de surdoses mortelles de son histoire. La tendance demeure à la hausse.

Le chercheur indique que cette augmentation tient à une combinaison de facteurs, notamment à la distribution de drogue contaminée. Nous faisons face à une épidémie d’empoisonnement aux drogues, signale-t-il. Les produits sont de plus en plus toxiques, contaminés non seulement au fentanyl, mais aussi à d’autres substances comme des benzodiazépines.

Thomas Kerr ajoute que les restrictions sanitaires ont compromis les services d’aide et que l’augmentation de la consommation de drogue se traduit forcément par une hausse du risque de mortalité.

Nous devons mettre la même énergie à la lutte contre les surdoses que celle qui a été déployée contre la COVID-19, affirme le chercheur, en soulignant qu’il faut un investissement massif de la part du gouvernement.

Selon Thomas Kerr, la solution repose sur la distribution de la naloxone, un antidote contre les surdoses d’opioïdes, ainsi que sur un meilleur accès aux traitements, à des substances sécuritaires et à des sites de consommation supervisée.

Le Manitoba en retard

Je pense que les solutions sont les mêmes partout, indique Thomas Kerr. Honnêtement, je pense que le Manitoba est un peu en retard sur les provinces comme la Colombie-Britannique dans sa réponse à la crise des opioïdes, signale-t-il.

La Colombie-Britannique a implanté un programme d’approvisionnement sûr en drogues en 2020. Des sites de consommation supervisée sont accessibles dans toutes les provinces à l’ouest du Québec, sauf au Manitoba.

Je crois que c’est un échec en matière de politique publique, déclare-t-il. Il n’y a pas de débats scientifiques au sujet des avantages de ces sites. Il est prouvé qu’ils sauvent des vies, insiste-t-il.

Le chercheur relève que de telles installations sont rentables et peuvent être implantées rapidement. Pour être pleinement efficaces, elles doivent être établies dans des milieux divers, y compris dans des quartiers résidentiels, ajoute-t-il.

Arlene Last-Kolb, cofondatrice de Overdose Awareness Manitoba, a perdu en 2014 son fils Jessie, mort à 24 ans d’une surdose de fentanyl. Depuis, elle milite pour que le gouvernement provincial agisse en matière de prévention des surdoses.

Arlene Last-Kolb a organisé en collaboration avec Christine Dobbs un rassemblement pour sensibiliser aux risques liés à la consommation de fentanyl.

Arlene Last-Kolb veut sensibiliser aux risques de surdose depuis la mort de son fils, Jessie, en 2014.

Photo : Alana Cole/CBC News

Ils ne réagissent pas comme s’il y avait urgence. C’est une énorme quantité d’êtres chers perdus en un an, se désole-t-elle.

Mme Last-Kolb indique que ces morts peuvent être évitées. Elle croit elle aussi que la province devrait miser sur un approvisionnement en drogues sécuritaire, sur des sites de consommation supervisée, sur des cures de désintoxication et sur des traitements à long terme.

Réponse de la province

Dans une déclaration, un porte-parole de la ministre de la Santé mentale et de la Lutte contre les dépendances a affirmé que l’augmentation des morts liées à la consommation de drogue au Manitoba est tragique, et [que] le gouvernement s’engage à investir dans des initiatives et des services qui mettront les Manitobains aux prises avec un problème de dépendance en contact avec les ressources dont ils ont besoin.

La province a assuré qu’elle suivrait toutes les recommandations du rapport écrit par la firme Virgo en 2018 en réponse à la crise de santé mentale et de dépendances. Elle ajoute qu’elle a dépensé 50 millions de dollars pour 28 projets qui visaient à améliorer les services en la matière.

Le porte-parole n’a pas dit si le Manitoba envisageait d'offrir un approvisionnement sûr en drogues ou des sites de consommation supervisée.

Avec des informations de Jill Coubrough

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