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Miguel Diaz-Canel prend la tête du Parti communiste à Cuba

 Le président cubain Miguel Diaz-Canel.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel était reçu à Mexico lundi.

Photo : Reuters / LUIS CORTES

Agence France-Presse

Cuba a tourné lundi la page des frères Castro avec le départ à la retraite de Raul, 89 ans, un symbole fort mais qui ne change en rien la ligne politique du pays, l'un des derniers communistes au monde.

Le président Miguel Diaz-Canel Bermudez a été élu premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba, a annoncé le parti sur Twitter, au terme d'un scrutin organisé parmi les délégués de la formation politique, seule autorisée dans le pays.

Le 19 avril, jour historique, avait rappelé plus tôt, sur le même réseau social, le président de 60 ans. Lundi marque le 60e anniversaire de l'attaque de la baie des Cochons, pilotée par les États-Unis et déjouée par Cuba, une fierté nationale sur l'île.

La génération du centenaire, fondatrice et guide du parti, transfère ses responsabilités à une génération plus jeune, a-t-il ajouté, au dernier jour du congrès du parti unique à La Havane, baptisé congrès de la continuité.

Fidel Castro et son frère Raul.

Fidel Castro et son frère Raul lors d'une cérémonie à La Havane en 1996.

Photo : Reuters / RAFAEL PEREZ

Crise économique qui perdure

Le passage de témoin survient à un moment critique pour l'île, plongée dans sa pire crise économique en 30 ans sous l'effet de la pandémie de coronavirus et du renforcement de l'embargo américain imposé depuis 1962.

Pour l'immense majorité des 11,2 millions de Cubains, il n'y a jamais eu qu'un Castro – Fidel, puis son frère Raul – aux manettes.

Moi, depuis que je suis né, je ne connais qu'un seul parti. Et personne ne meurt de faim, c'est vrai.

Une citation de Miguel Gainza, artisan de 58 ans

Mais aujourd'hui, on est un peu coincés, et c'est dommage que Fidel soit mort, car lui, oui, réglait tous les problèmes.

Le nouveau Comité central, élu par les 300 délégués du parti (700 000 membres officiellement), a désigné lundi son Bureau politique, cœur du pouvoir avec 14 membres.

Raul Castro et Miguel Diaz-Canel masqués.

Raul Castro et Miguel Diaz-Canel à l'ouverture du congrès du Parti communiste cubain vendredi.

Photo : AP / Ariel Ley Royero

Les Cubains, eux, ont l'esprit ailleurs : la plupart sont juste fatigués des pénuries et des interminables files d'attente, dans cette île obligée d'importer 80 % de ce qu'elle consomme.

Et les jeunes, nombreux chaque année à s'exiler faute d'opportunités, expriment de plus en plus leurs frustrations sur les réseaux sociaux, dopés par l'arrivée de l'Internet mobile fin 2018.

Mais pour le gouvernement, échauffé par quatre années de sanctions de l'administration Trump, la guerre idéologique reste primordiale.

La sacro-sainte démocratie bourgeoise

L'existence à Cuba d'un parti unique a été et sera toujours la cible des campagnes de l'ennemi [les États-Unis, NDLR), déterminé à fragmenter et à diviser les Cubains avec les chants des sirènes de la sacro-sainte démocratie bourgeoise, a clamé Raul Castro, appelant les nouvelles générations à protéger avec zèle le dogme du parti unique.

Dans la pizzeria où il travaille avec du rap en musique de fond, Luis Enrique Oramas, 30 ans, se prend à rêver qu'un jour les autorités laisseront les gens penser ce qu'ils veulent.

La majorité des gens voudraient ça, plutôt que ce qu'on a maintenant, un parti où tout le monde pense pareil.

Une citation de Luis Enrique Oramas, 30 ans

Et un parti vieillissant, aussi : même si une bonne partie de la génération historique – ceux qui ont fait la révolution de 1959 – devraient prendre leur retraite, 42,6 % des militants ont plus de 55 ans.

Face à l'immobilisme de l'administration Biden qui a laissé intacte la politique de Trump, et au défi d'un Cuba plus connecté et internationalisé, les élites cubaines serrent les rangs en repoussant tout débat interne.

Une citation de Arturo Lopez-Levy, chercheur cubain de l'Université Holy Names en Californie

Pendant le congrès, des dizaines de militants, de journalistes indépendants et d'artistes ont dénoncé via Twitter être empêchés par la police de sortir de chez eux, une technique utilisée par les autorités pour bloquer tout rassemblement. D'autres ont dit avoir subi des coupures de téléphone et d'Internet.

Que craignent les participants au congrès? a tweeté Erika Guevara-Rosas, directrice d'Amnistie internationale pour les Amériques.

Que l'on ruine leur fête de faux-semblants. Pendant qu'ils se donnent des tapes sur l'épaule pour maintenir leur régime autoritaire, ils harcèlent et emprisonnent chez eux des activistes et journalistes.

Une citation de Erika Guevara-Rosas, directrice d'Amnistie internationale

Ces derniers mois, Internet a été le moteur d'une grogne sociale inédite, dans ce pays où les manifestations sont rarissimes : grâce à lui, artistes, dissidents et défenseurs des animaux se sont mobilisés dans les rues.

En réponse, le parti a adopté une résolution pour renforcer l'activisme révolutionnaire sur les réseaux sociaux, pour lutter contre leur subversion.

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