Succession de Merkel : la droite allemande plus déchirée que jamais

Angela Merkel règne sur l'Allemagne depuis 16 ans.
Photo : Reuters / ANNEGRET HILSE
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La droite allemande reste plus divisée que jamais sur la désignation d'un chef de file en vue de succéder à l'automne à Angela Merkel, aucun compromis n'ayant pu être trouvé dimanche soir contrairement aux attentes.
La compétition interne pour mener les conservateurs aux élections législatives du 26 septembre oppose deux hommes : le président du parti démocrate-chrétien de la chancelière (CDU), Armin Laschet, un partisan modéré de la continuité avec le cap centriste d'Angela Merkel, et celui de son parti bavarois allié (CSU), Markus Söder, politiquement plus à droite.
Le premier a pour lui d'être à la tête de la plus grande des deux formations et d'être soutenu par les principaux cadres de son parti. Mais sa cote de popularité dans l'opinion est faible, largement devancée par celle de son rival.
Selon une récente enquête de la chaîne ARD, 44 % des Allemands jugent Markus Söder le plus apte à conduire les conservateurs aux élections, contre 15 % pour M. Laschet.
Affrontement sans merci
Cette primaire
qui ne dit pas son nom s'est transformée depuis une semaine en opposition frontale, alors qu'Angela Merkel a prévu de quitter le pouvoir après les élections.
Les deux hommes avaient d'abord assuré vouloir se mettre d'accord entre eux avant la fin de la semaine.
Dimanche soir, à minuit, aucun accord n'avait été trouvé, même si des tractations se poursuivaient tard dans la soirée entre les deux concurrents à Berlin.
Chacun campe sur sa candidature
, écrit le quotidien Bild. Markus Söder paraît d'autant moins enclin à céder, qu'il a obtenu dimanche, à une très large majorité, le soutien de l'organisation des Jeunes conservateurs allemands et que certains dirigeants du parti d'Angela Merkel lui ont apporté leur soutien.

La chancelière allemande Angela Merkel et le ministre-président de Bavière Markus Söder, à droite, lors d’une conférence de presse suivant une réunion de chefs d’États sur la pandémie à Berlin, le 14 octobre 2020.
Photo : pool/afp via getty images / STEFANIE LOOS
Si les deux hommes ne parviennent pas à se départager, la décision pourrait revenir aux députés des deux partis, qui se réunissent mardi.
En pareil cas, Markus Söder verrait alors ses chances croître : il est soutenu par la base, alors que son rival l'est par les hiérarques du parti.
Un tel affrontement entre l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et l'Union chrétienne sociale (CSU) est rare depuis l'alliance que ces deux partis frères
ont scellée après-guerre.
Ils s'étaient néanmoins durement opposés déjà sur la candidature à la chancellerie en 1980 et, à l'époque, c'est le Bavarois Franz Josef Strauss qui avait eu gain de cause.
Les deux mouvements sont en train de s'entre-tuer
, met en garde le quotidien Bild. Ils risquent la rupture
, lui fait écho Der Spiegel.

Le nouveau président du CDU d'Angela Markel, Armin Laschet
Photo : Getty Images / Pool
Un cadre local de la CDU, proche d'Armin Laschet, a menacé au cours du week-end de rompre le pacte de non-agression conclu entre les deux mouvements. Il prévoit que les démocrates-chrétiens ne présentent pas de candidats en Bavière et qu'en retour la CSU fasse de même dans le reste du pays.
Si Söder veut imposer sa candidature à la chancellerie, s'il veut détruire la CDU, alors l'implantation de la CDU en Bavière ne doit plus être taboue.
Pendant ce temps Angela Merkel reste silencieuse, ayant proclamé ne pas vouloir s'immiscer dans sa succession.
Toutefois, elle est jugée en partie responsable de la zizanie qui se déclenche à la fin de son règne
de 16 ans, dans la mesure où elle a éliminé pendant des années ses concurrents en interne et empêché l'éclosion d'une relève naturelle.
Dans son parti, certains estiment qu'elle doit à présent intervenir pour éviter que cette bataille n'affaiblisse durablement le camp conservateur en vue des législatives. Il est déjà critiqué pour sa gestion jugée chaotique de l'épidémie, reculant à 28 % des intentions de vote, devant les verts à 20 %.