Un an après, la Nouvelle-Écosse se souvient des victimes de la tuerie d'avril 2020

Des proches des victimes de la tuerie d'avril 2020 se sont rassemblés à Bible Hill, en Nouvelle-Écosse, le 18 avril 2021.
Photo : La Presse canadienne / Andrew Vaughan
En Nouvelle-Écosse, on a rendu hommage dimanche aux victimes de la tuerie la plus meurtrière de l’histoire récente du Canada, qui avait débuté à Portapique dans la soirée du 18 avril 2020. En une douzaine d'heures, 22 personnes avaient péri.
Une course commémorative, une cérémonie spéciale et une minute de silence se sont tenues dimanche en Nouvelle-Écosse, en plus de marches et d'activités de financement dans la région de Truro.
Les drapeaux de la législature provinciale à Halifax ont été mis en berne à l’aube dimanche et le resteront jusqu’au coucher du soleil lundi.
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Le groupe de bénévoles Nova Scotia Remembers Legacy Society, créé l'an passé après la tragédie, a organisé un service commémoratif privé à l'intention des familles des victimes à l’église First United Church, à Truro.
Fermé au public, l’événement a été retransmis par des médias locaux et présenté en webdiffusion. Une minute de silence a été observée, et le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Iain Rankin, y a pris la parole.
M. Rankin, qui n’était pas encore premier ministre au moment des événements de 2020, a évoqué le choc et la terreur, l’incompréhension et l’angoisse, la profonde tristesse, la peur, la douleur et la colère
ressentis il y a un an, mais aussi la compassion, la force et l’esprit communautaire
qui s’étaient exprimés dans les jours qui avaient suivi.
Il a énuméré plusieurs des traits de caractère et des passions des gens disparus il y a un an. La province présentera aux familles un livre formé des messages de sympathie reçus. Je sais que les mots ne peuvent pas combler le vide laissé par ces personnes que vous aimiez, mais j’espère que ces messages vous apporteront un peu de réconfort
, a-t-il dit.
Le premier ministre Justin Trudeau n'était pas sur les lieux, mais a prononcé à distance une brève allocution.
Tous les Canadiens partagent ce deuil, a-t-il déclaré. Cette tragédie n’aurait jamais dû se produire.
Il a appelé à choisir l'espoir pour répondre à la haine, et la lumière pour répondre à l'obscurité
.
Dimanche matin, des bénévoles avaient organisé une course commémorative qui a débuté à 7 h, sur une route de Portapique.
Ils souhaitent amasser des fonds pour financer la construction d'un monument commémoratif permanent dans la communauté.
Des gens se sont aussi recueillis dimanche au parc Victoria, à Truro.
Des proches qui attendent des réponses
Un an après la tragédie qui a traumatisé plusieurs communautés de la Nouvelle-Écosse, des familles et des proches des victimes attendent toujours des réponses, en particulier des forces policières.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui patrouille les collectivités où Gabriel Wortman a fait 22 victimes, a perdu l’une de ses gendarmes, Heidi Stevenson, 48 ans, tuée le 19 avril 2020 pendant la traque.
C’est un autre membre de la GRC qui a finalement abattu l’auteur du massacre aux pompes d’une station-service d’Enfield, le 19 avril 2020.
Le service policier a aussi essuyé de vives critiques pour sa réponse à la cavale meurtrière, qui a duré une douzaine d’heures, et pour la manière dont il a averti les communautés visitées par le tueur du danger auxquelles elles faisaient face.
Une commission d'enquête, la Commission des pertes massives, a d’ailleurs été établie pour faire la lumière sur ces circonstances.
Dimanche, une centaine de proches des victimes et de personnes affectées par la tuerie de Portapique et des environs ont marché jusqu’aux locaux de la GRCBible Hill.
àDes marcheurs portaient des chandails évoquant 23 victimes plutôt que 22, car l’une des femmes ayant péri était enceinte.
Ces personnes se sont recueillies, puis ont présenté à un gendarme des gerbes de fleurs auxquelles on avait attaché un ruban au nom d’une des personnes qui a péri l’an dernier.
Certains marcheurs tenaient des écriteaux sur lesquels ils rappelaient que les proches attendent toujours des réponses des autorités et de la transparence au sujet de l'intervention policière.
La Gendarmerie royale du Canada en Nouvelle-Écosse observera une minute de silence à 14 h, lundi.
Au cours de ce moment de silence, nous nous souviendrons de tous ceux que nous avons perdus et nous honorerons leur mémoire
, a déclaré dimanche, dans un communiqué, la commissaire adjointe et commandante de la GRC en Nouvelle-Écosse, Lee Bergerman.
Elle a rappelé que plus d'une centaine de membres de la GRC
avaient participé à l'intervention des 18 et 19 avril 2020.La GRC
a été avare de commentaires dans les jours précédant le triste anniversaire de la tragédie, invoquant la tenue de cette enquête.Nous comprenons que les gens aient des questions et qu’ils veuillent en savoir le plus possible au sujet des incidents. Les accusations à la suite de l’enquête ont été portées à l'attention des tribunaux et nous participons pleinement à la Commission des pertes massives
, a déclaré la commissaire adjointe Lee Bergerman dans son communiqué, dimanche.
Le rapport final de l’enquête publique est prévu pour novembre 2022.