Des élus et artistes réclament la fin des propos haineux véhiculés par des médias

Les membres du collectif Catherine Dorion, Joël Lightbound, Boufeldja Benabdallah et Michel Juneau-Katsuya.
Photo : Radio-Canada/Sébastien Tanguay
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un collectif formé d’une trentaine de personnalités publiques lance une campagne de sensibilisation contre ce qu’ils appellent l’intimidation médiatique au Québec.
Sans vouloir viser d’individus ou d’entreprises médiatiques en particulier, ils réclament la fin des propos haineux, discriminatoires, de la désinformation et de l’intimidation qu’ils affirment constater de plus en plus souvent chez certains diffuseurs.
La députée de Taschereau Catherine Dorion fait partie des signataires. Elle affirme que ces attaques répétées de certains individus, souvent faites au nom de la liberté d'expression, ont pour effet de réduire cette même liberté.
Quand des attaques verbales contre certaines personnes ou contre certaines communautés sont proférées à grande échelle et de façon répétée, dans une relative impunité, nombreux sont ceux qui choisissent de se retirer de la vie publique ou de ne jamais y prendre place
, mentionne Catherine Dorion.
Les signataires
La déclaration de principe a été signée entre autres par le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador Ghislain Picard, le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, l’acteur Pierre Curzi, l’animateur Jay Du Temple, l’entrepreneur Alexandre Taillefer, l’autrice-compositrice-interprète Safia Nolin, l’ex-député Amir Khadir, le rappeur Webster, la comédienne Virginie Fortin, le chanteur Hubert Lenoir et le réalisateur Hugo Latulippe.
Effets dévastateurs
Le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec Boufeldja Benabdallah a tenu à témoigner de la haine envers les minorités qu’il perçoit dans certains discours, même après l’attentat de la mosquée de Québec.
Combien de fois avons-nous été pointés du doigt par certains médias, sans arrêt? Ils se reconnaissent quand ils nous traitaient de cannibales, quand ils nous traitaient de gens non civilisés, quand ils nous traitaient de pas intégrés
, raconte cet autre signataire.
Le collectif souligne que ces comportements sont l’œuvre d’une minorité, mais qui ont une influence importante sur une partie de la société.
Les contenus agressifs et haineux de plus en plus présents sur les réseaux sociaux en seraient une manifestation, selon eux.
La très grande majorité des gens des médias défendent leur métier avec rigueur et professionnalisme. Malheureusement, une petite portion d’individus violent sciemment et de façon répétée les lignes de conduite qui font la fierté et la crédibilité de la profession journalistique. Et ils font des ravages
, déplore Catherine Dorion.
Une précédente version du texte rapportait des propos de Michel Juneau-Katsuya. Or ils ne reflètent pas les statistiques sur les crimes haineux au Québec. Nous avons donc décidé de retirer cette citation.
Pas pour museler
Les membres du collectif Liberté d'oppression se défendent de vouloir museler leurs détracteurs ou la critique.
Ce n'est pas une limitation. C'est juste de faire attention aux gens que vous allez viser du doigt. Il y a des sensibilités, il y a des cultures, il y a une histoire, il y a une conjoncture. On ne peut pas dire n'importe quoi, n'importe où
, explique Boufeldja Benabdallah.
Ils ont choisi de ne pas viser de médias en particulier, disent-ils, afin d’éviter les représailles, les poursuites et une déviation du débat.
Le collectif souhaite que la déclaration soit signée par un grand nombre de citoyens et qu’elle incite certains médias à changer leurs pratiques.