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Le poids des bâtiments a-t-il coulé l’Université Laurentienne?

Des étudiants marchent vers l'entrée de l'édifice de l'université.

L’Université Laurentienne a investi des centaines de millions de dollars en infrastructures dans la dernière décennie.

Photo : Radio-Canada / Frédéric Pepin

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L’Université Laurentienne a investi des centaines de millions de dollars en infrastructures dans la dernière décennie en vue d'accueillir de nouveaux étudiants. Ces potentiels élèves ne se sont finalement jamais inscrits.

Une version précédente de ce texte laissait entendre que la construction de l’École d’architecture McEwen avait contribué aux dettes à long terme de l’Université Laurentienne. Or, celle-ci a été financée par des subventions et des dons.

Désormais incapable de payer ses factures, l’établissement postsecondaire songe à louer ou à vendre au moins 20 % de ses installations qu’il utilise actuellement.

Alors que le processus de restructuration de l’Université Laurentienne tire à sa fin, Radio-Canada a commandé une étude indépendante des finances de l’établissement pour comprendre les origines de son insolvabilité.

Restrictions de financement par la province, faible nombre d’inscriptions, effets de la COVID-19, plusieurs facteurs ont mené l’Université Laurentienne au bord de la faillite. Parmi eux, l'accumulation de dettes en raison d’une série de constructions ambitieuses.

« Les revenus liés aux droits de scolarité et le nombre d’étudiants n’ont pas augmenté de la manière que l’Université Laurentienne anticipait lorsqu’elle s’est lancée dans son plan de construction. En rétrospective, je pense que c’est clair que l’Université a trop bâti. »

— Une citation de  Geoffrey Seaborn, expert indépendant

2008 : premiers défis financiers

Les défis financiers de l’Université Laurentienne commencent il y a plus de dix ans, en 2008.

Avec une année qui s’annonce déficitaire, l’administration dresse un constat difficile : si rien ne change, l’Université Laurentienne va avoir des problèmes financiers.

Sous la direction du recteur intérimaire Robert Bourgeois, l’Université mise sur une campagne de dons et sur une campagne de marketing agressive.

Le but? Attirer et fidéliser de nouveaux étudiants à la Laurentienne pour renflouer ses coffres.

Université Laurentienne

Selon les documents de l’administration de l'époque, les élèves déjà présents sur le campus étaient à l’étroit.

Photo : Radio-Canada / Yvon Theriault

Pour accueillir tous ces futurs élèves, l’Université planifie de construire de nouveaux bâtiments.

2009 à 2014 : projets d'investissement

En 2009, Dominic Giroux arrive à la tête de l’Université Laurentienne. À ce moment-là, il est un jeune prodige du milieu de l’éducation. À seulement 34 ans, il est le plus jeune recteur d'une université canadienne.

Lors du renouvellement de son mandat en 2012, le recteur Dominic Giroux dira : en 2009, on avait le plus grand déficit de toutes les universités en Ontario.

Pourtant, l’université du Nord de l’Ontario se lance dans la construction de nouveaux bâtiments, toujours dans l’espoir d’attirer davantage d’étudiants.

2014 à 2017 : construction massive

Les grandes constructions débutent en 2014 avec le projet de modernisation du campus de l’Université Laurentienne.

Il s’agit d’un plan de plusieurs dizaines de millions de dollars, financé principalement par des emprunts aux banques.

À l’époque, la dette à long terme de l’Université Laurentienne s’élève à 60 M$.

Il s'ensuit la construction de la faculté d’éducation, ainsi que de plusieurs lieux de rencontres, laboratoires et locaux.

Trois ans plus tard, la dette à long terme de l’Université Laurentienne atteint 102 M$.

Pendant ce temps, le nombre d’étudiants et les revenus engendrés par leurs droits de scolarité, eux, sont demeurés sensiblement les mêmes.

En 2017, Dominic Giroux quitte l’Université Laurentienne pour prendre la direction de l'hôpital Horizon Santé-Nord. C’est alors la fin des grands projets d’infrastructure.

Pierre Zundel devient alors recteur par intérim. L’Université doit commencer à rembourser ses dettes à long terme.

Depuis 2017 et jusqu’à la déclaration de son insolvabilité, l’Université Laurentienne a dépensé en moyenne 3,5 millions de dollars par année pour rembourser les dettes liées aux infrastructures.

Au moment où l’établissement postsecondaire s’est placé à l’abri de ses créanciers, l’établissement accusait une dette de 91 millions $.

Les dettes s’accumulent

Depuis 2014, l’université a dépensé 163 millions $ en infrastructure.

Pourtant, l’institution a obtenu 137 millions $ en financement provenant notamment de dons, d’emprunts et de subventions, selon les calculs de Geoffrey Seaborn, un expert indépendant engagé par Radio-Canada.

L’Université Laurentienne a ainsi puisé 26 millions $ dans des fonds qui étaient déjà réservés à autre chose, comme des subventions de recherche, pour financer ses infrastructures.

Selon M. Seaborn, il s’agit d’une pratique légitime, à condition que l'institution ait les moyens de rembourser son dû avant que ces fonds ne doivent être déboursés.

« Il n’y a aucun problème à utiliser cet argent à court terme. Mais lorsque vous aurez besoin de ces sommes pour mener vos projets de recherche, vous feriez mieux de l’avoir en poche. Et c’est là que l’Université Laurentienne échoue. »

— Une citation de  Geoffrey Seaborn, expert indépendant

L’Université n’a aujourd’hui plus les fonds nécessaires pour payer ses factures.

Louer des espaces inutilisés

Le recteur actuel, Robert Haché, propose dans son plan de restructuration de louer ou de vendre au moins 20 % de ses espaces.

Une pratique qui n’est pas nouvelle pour l’Université.

Un bâtiment.

L'Université Laurentienne loue les bâtiments à ses universités fédérées.

Photo : Radio-Canada / Yvon Theriault

L’institution loue déjà plusieurs de ses bâtiments, notamment aux universités de Sudbury, Thorneloe, Huntington, et à l’École de médecine du Nord de l'Ontario.

L’établissement loue également des espaces à l’intérieur de ses infrastructures, dont un à l’entreprise américaine de fibre optique Zayo Group.

En plus de louer ses bâtiments, l’établissement a déjà amorcé sa restructuration par des licenciements massifs et l'abolition de 69 de ses programmes.

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