Le Relais de la Cache bientôt alimenté à l’énergie solaire
Le microréseau du Relais de la Cache sera mis en service au cours de l'été.
Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose
Un microréseau électrique doté de 108 panneaux solaires, de batteries de stockage et d'un système au propane sera bientôt mis en service au Relais de la Cache, en plein cœur de la Gaspésie. La communauté de Gesgapegiag qui exploite le site souhaite que son projet énergétique devienne un modèle au sein des Premières Nations.
À l’heure actuelle, le Relais de la Cache, situé au 62e kilomètre de la route 299, n’est pas connecté au réseau électrique en raison de son isolement. Le restaurant, la station-service et les espaces d'hébergement offerts sur place sont alimentés en électricité par deux génératrices au diesel.
Afin de réduire leur dépendance aux énergies fossiles, la communauté de Gesgapegiag, propriétaire du relais depuis 2016, a entamé un virage vert.
On est rendu en 2021, c’est le temps d’utiliser les meilleures solutions énergétiques possibles
, soutient Bonnie Jerome, employée du département de développement économique du conseil de bande de Gesgapegiag.
Au cours des derniers mois, 108 panneaux photovoltaïques ont fait leur apparition sur le site du Relais de la Cache. Lorsqu’ils seront mis en service cet été, ils généreront 50 000 kWh annuellement, soit l’équivalent de la consommation de deux maisons.
L’objectif est de combler entre 80 % et 100 % des besoins énergétiques du Relais par l’énergie solaire. Le microréseau évitera ainsi la combustion d’au moins 10 000 litres de diesel et l’émission 32 000 kilogrammes de gaz à effet de serre par année.
Des batteries seront aussi installées pour stocker les surplus d’énergie solaire et garantir une autonomie de deux jours en électricité.
La pertinence d’avoir un système de stockage, c’est pour la fiabilité
, explique le chargé de projet chez Nergica, Mauricio Higuita Cano. L’énergie solaire est fluctuante, donc on a besoin d’un système qui permet d’emmagasiner les surplus d’énergie pour qu’on puisse les utiliser au moment où on n’a pas de production d’énergie solaire, comme la nuit.
Un réseau thermique et un autre électrique
Le microréseau comprend aussi un système de stockage thermique destiné à fournir la chaleur et l’eau chaude. L’énergie thermique sera principalement générée par une chaudière au propane, mais une chaudière électrique alimentée par les panneaux photovoltaïques pourra aussi contribuer au chauffage de l’eau.
« La particularité de ce système c’est qu’on a deux réseaux intégrés, un électrique et un thermique. C’est un projet unique à l’échelle de la Gaspésie. »
À l’heure actuelle, le coût du microréseau, financé en majeure partie par le gouvernement fédéral, s’élève à un million et demi de dollars, mais l’installation des équipements n’est pas encore complétée.
Ressources naturelles du Canada, l’Institut du développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador, Nergica et le Conseil national de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada ont collaboré au projet.
Un transfert d’expertise pour un projet modèle
Le centre de recherche appliquée Nergica soutient les membres de la communauté de Gesgapegiag tout au long du projet de développement du microréseau, de la sélection des équipements jusqu’à la maintenance du site.
Notre rôle à Nergica est d’être accompagnateur
, explique le chargé de projet Mauricio Higuita Cano. On accompagne les membres de la communauté afin qu’ils développent leur expertise et qu’ils s’approprient leur projet.
« L’objectif est que les membres de la communauté deviennent des opérateurs autonomes de leur microréseau électrique. »
Bonnie Jerome se réjouit du savoir-faire développé par ses concitoyens de Gesgapegiag avec la mise sur pied du parc solaire.
De deux à quatre emplois seront créés dans la communauté micmaque en lien avec le microréseau autonome. Durant la deuxième phase du projet, le sous-sol du bâtiment principal du site servira de centre de recherche pour étudier le comportement du microréseau grâce à divers instruments de mesure.
Le partenariat avec Nergica me donne beaucoup de joie
, lance Mme Jerome. Je sais que les membres de notre communauté vont pouvoir embarquer et apprendre sur l’énergie solaire.
L'employée du conseil de bande de Gesgapegiag croit que le microréseau du Relais de la Cache pourrait être reproduit ailleurs au pays.
« On est un modèle pour toutes les autres communautés dans le Canada. »
On veut que les communautés sachent qu’on a un parc solaire qui alimente l’énergie du restaurant, d’une station-service et éventuellement des chalets
, poursuit-elle. C’est une belle initiative qui pourrait bénéficier à plusieurs communautés autochtones, notamment dans le nord du Québec où les communautés ne sont pas reliées au réseau d’Hydro-Québec.
D’autres projets à venir sur le site
Gesgapegiag ne manque pas d’idées pour développer le site du Relais de la Cache. Cet été, des travaux d’agrandissements du bâtiment principal sont prévus pour augmenter l’espace des cuisines, de l’aire du dépanneur et de la salle à manger du restaurant.
On a vu cet hiver avec les motoneigistes que le restaurant ne fournit pas
, constate Bonnie Jerome. On veut agrandir pour avoir au moins 40 personnes qui peuvent s’asseoir et manger.
Le motel en annexe du bâtiment principal sera démoli et des sites de camping seront aménagés sur le terrain. Gesgapegiag offrira, entre autres, une expérience de camping à l’intérieur de quatre tipis.
Une deuxième phase de développement prévoit aussi la construction de chalets sur le site.
Gesgapegiag songe déjà à agrandir son parc solaire, parallèlement à ses projets d'expansion.