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Chronique

Reconfinement des lieux culturels : « un coup de masse »

Photo de la façade du bâtiment

Le Palais Montcalm, à Québec

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cloutier

Fanny Bourel
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

L’annonce de la refermeture soudaine des cinémas, musées, théâtres et salles de spectacle à Québec, à Lévis et à Gatineau, après seulement quelques semaines de réouverture, représente un coup dur pour le milieu culturel de ces villes. Et l’inquiétude grandit dans le reste de la province, notamment à Montréal.

Ça me fait l’effet d’un coup de masse, car la semaine dernière, on pensait qu’on rouvrait pour de bon, a révélé Julie-Anne Richard, directrice générale de RIDEAU, l'association professionnelle des diffuseurs de spectacles, à Eugénie Lépine-Blondeau, chroniqueuse à l’émission Tout un matin.

Les lieux de diffusion à Québec venaient juste de reprendre, de remobiliser leurs équipes, a-t-elle ajouté. C’est excessivement dur pour les équipes. J’ai envie de pleurer.

Entre peine et compréhension

Dans les villes touchées, l’heure est à la tristesse, mais aussi à l’acceptation. On est surpris une fois de plus, mais, une fois de plus, on va être solidaires, explique Linda Tremblay, responsable des relations de presse au ​Musée national des beaux‑arts du Québec (MNBAQ).

On va se croiser les doigts pour qu’on puisse rouvrir le 13 avril, espère-t-elle, car l’exposition Turner et le sublime ne pourra pas être prolongée au-delà du 2 mai. Depuis la réouverture du musée, en février, cette exposition, qui a été vue par 27 000 personnes jusqu'à maintenant, faisait le plein tous les jours. 

On comprend les mesures et on les applique, a pour sa part réagi Nicolas Houle, directeur de la programmation du Palais Montcalm, qui avait senti le vent tourner devant la dégradation de la situation sanitaire. Cette salle de Québec compte désormais continuer à miser sur les webdiffusions pour faire travailler ses équipes et les artistes. 

Ce n’est pas simple, c’est plein de défis, mais ces défis nous permettent d’avancer d’une autre façon, a-t-il dit à Catherine Richer, chroniqueuse à l’émission Le 15-18

Je trouve ça dramatique et je suis de tout cœur avec les gens qui ne travailleront pas ce soir, déclare, résigné, Luc Fortin, président et directeur général par intérim de la Guilde des musiciens et musiciennes du Québec (GMMQ).

Catherine Voyer-Léger, directrice du Conseil québécois du théâtre (CQT), constate également que la déception domine au sein du milieu de la scène dans l’Outaouais, conscient de la situation d’urgence dans laquelle la troisième vague plonge la région. 

Les gens sont plus dans la résilience que dans la colère, précise celle qui se dit elle-même estomaquée devant les chiffres de l’augmentation des cas. 

Seules bonnes nouvelles : les captations de spectacles ainsi que les répétitions pourront continuer, et la poursuite des mesures gouvernementales aidera à compenser les pertes financières. 

Après Québec, Montréal? 

Cette nouvelle fermeture des lieux culturels suscite des craintes dans le reste du Québec, particulièrement à Montréal. La situation de Québec, Lévis et Gatineau va-t-elle atteindre les autres régions? se demande, inquiet, Stéphane Chagnon, directeur général de la Société des musées du Québec (SMQ).

Comme ses collègues du secteur culturel, il insiste sur le fait que les lieux culturels restent sécuritaires grâce aux nombreuses mesures sanitaires mises en place. 

Mario Fortin, président-directeur général des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée dans la métropole, se dit nerveux alors qu’une bonne partie de ses séances affichent complet et que les gens se plient à l’obligation de porter le masque pendant tout le film depuis la reprise, il y a deux mois. 

« Une grosse vague s’en vient; si on ne veut pas avaler du bouillon, il faut faire attention. C’est entre les mains du public. »

— Une citation de  Mario Fortin, PDG des cinémas Beaubien, du Parc et du Musée

À l’échelle de la province, la nouvelle d’hier est venue faire l’effet d’une douche froide sur les cinémas. Le moral des troupes était à la hausse, mais il est vite redescendu, souligne Éric Bouchard, président de la Corporation des salles de cinéma du Québec (CSCQ) et propriétaire du Cinéma Saint-Eustache. 

Le marché de Québec n’étant plus disponible jusqu’au 11 avril, cela pourrait tenter des distributeurs québécois de retarder la sortie de films.

Jeudi, on a appris que la sortie du film français Trois jours et une vie, prévue pour le 9 avril, était reportée au 23 avril. 

En profiter tant que cela est possible

Du côté des musées montréalais, on s’accroche à l’engouement suscité auprès du public, content de pouvoir fréquenter à nouveau les musées, mais on sait que la situation pourrait basculer rapidement. 

Les musées sont conscients qu’on n’est pas à l’abri d’un revirement de situation, déclare Danielle Bergevin, directrice générale de Musées Montréal, qui regroupe environ 50 établissements de la métropole québécoise.

D’autres préfèrent se concentrer sur le moment présent. C’est le cas du théâtre Duceppe, qui a lancé hier sa pièce L’amour est un dumpling devant un public. Sentir le dialogue entre la salle et la scène, c’était un moment de magie, témoigne Jean-Simon Traversy, codirecteur artistique de Duceppe. 

Environ 3000 billets ont été vendus pour les 15 représentations prévues d’ici à la fin du mois. Hier, on a eu l’inquiétude de revivre la même chose qu’en octobre [quand le reconfinement a été décrété alors que la pièce King Dave devait être présentée], ajoute-t-il. Ces montagnes russes sont très difficiles à vivre pour le milieu culturel.

Toutefois, le théâtre Duceppe préfère centrer son attention sur ce qu’il peut contrôler : la sécurité sanitaire du public et les représentations à venir. 

« On privilégie de se concentrer sur le moment présent et de se laisser bercer par ce qu’on a le droit de faire. Si ça s’arrête, on aura profité de ces moments-là. »

— Une citation de  Jean-Simon Traversy, codirecteur artistique de Duceppe

Un espoir nommé vaccination

À plus long terme, certaines personnes craignent de voir le cycle de réouvertures-refermetures pousser les gens à attendre d’être sûrs que la pandémie est terminée pour acheter des billets. 

Chaque fois, c’est une érosion du lien avec la clientèle, déplore Julie-Anne Richard. Il y a des gens pour qui cela fait trois, quatre ou cinq fois que les spectacles pour lesquels ils ont des billets sont reportés ou annulés.

Pour tout le monde, les vaccins incarnent la lumière au bout de ce long tunnel pandémique. On est un peu usés, mais on est près du but avec la vaccination, met de l'avant Luc Fortin. On a encore espoir de vivre un été plus normal.

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