Charles Daudelin et la sculpture pour tous
Le sculpteur Charles Daudelin (1920-2001) est un pionnier de l'art public au Québec.
Photo : Radio-Canada
Le peintre et sculpteur québécois Charles Daudelin nous a quittés il y a 20 ans, le 2 avril 2001. Il a laissé derrière lui des pièces considérables qui ornent plusieurs édifices et figurent dans les grandes collections des musées d’art canadiens. Retour en archives sur le parcours de cet artiste, pionnier de l’intégration de sculptures dans l’espace public.
Charles Daudelin naît à Granby en 1920. Élève talentueux du peintre Paul-Émile Borduas de 1939 à 1943, il est élu membre de la Société d’art contemporain en 1941.
Il effectue également des séjours formateurs à New York et à Paris aux ateliers de Fernand Léger, qui sera pour lui une influence.
Dans les années 1940 et 1950, Charles Daudelin crée une grande production de gouaches, d’huiles et d’argiles. Il expose ses œuvres dans plusieurs villes canadiennes aux côtés d’autres grands peintres tels qu'Alfred Pellan, Paul-Émile Borduas, Jacques de Tonnancour, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau, etc.
Il finit par pratiquer exclusivement la sculpture, en particulier des bronzes, dont certains font l’objet d’agrandissement monumental afin d’agrémenter la façade de certains édifices publics.
Parmi ses pièces les plus connues, on retrouve Polypede (1967) devant la Faculté de droit de l’Université McGill à Montréal, Allegrocube (1973) devant le palais de justice de Montréal, Agora et Mastodo au square Viger (1981) et Embâcle (1984) devant la place du Québec à Paris.

Le journaliste Paul-Émile Tremblay rencontre le sculpteur Charles Daudelin. Il parle des budgets accordés à l'art, élabore sur sa vision de l'artiste et sur l'importance pour lui de concevoir une sculpture pour un endroit précis.
Le 5 septembre 1968, à l’émission Aujourd’hui, le journaliste Paul-Émile Tremblay s’entretient avec le sculpteur. Ce document d’archives nous le montre à l’œuvre dans son atelier.
Daudelin lui parle des budgets accordés à l'art qui, selon lui, arrivent souvent trop peu, trop tard. Il précise sa vision de l'artiste. Il insiste sur l'importance pour lui de concevoir une sculpture pour un endroit précis et celle d'avoir un droit de parole auprès des urbanistes et des architectes.
Le 29 mai 1969, Charles Daudelin décrit à Femme d’Aujourd’hui son approche de la création spatiale et picturale ainsi que son parti pris pour la sculpture monumentale que les gens peuvent toucher.

Entrevue avec le sculpteur Charles Daudelin qui décrit son intérêt pour l’art public.
En 1967 pour l’Expo, l’artiste avait créé Polypède, qui fut ensuite transférée devant la faculté de droit de l’Université McGill.
« Avoir quelques privilégiés qui possèdent une petite pièce c’est bien sympathique, mais on a eu l’exemple avec Expo 67 de gens qui n’avaient jamais abordé la sculpture et qui ont marché à côté, l’ont vue, l’ont touchée. C’est à eux cette sculpture-là. Ça appartient à la cité. »
Du 28 mars au 28 avril 1974, une grande rétrospective de l’œuvre de Daudelin est présentée au Musée d’art contemporain de Montréal. À cette occasion, l’artiste se livre à Madeleine Arbour pour l’émission Femme d’Aujourd’hui.

Entrevue de Madeleine Arbour avec Charles Daudelin à l’occasion d’une exposition rétrospective qui lui est consacré au Musée d’Art Contemporain de Montréal.
Il parle de ses débuts, où sur fond de mouvement de contestation de l’académisme, il a fait parfois l’objet de dures critiques.
Il raconte également le plaisir qu’il éprouve à observer les artisans en usine travailler à l’élaboration de ses sculptures. Une fascination pour le travail d’artisan qui remonte à l’enfance.
« J’ai pris des chemins pas tout à fait orthodoxes. Mon passe-temps en tant qu’enfant, c’était d’observer l’ébéniste du coin, le machiniste, tout ce monde-là, je passais des heures à les regarder travailler. »
Charles Daudelin et sa femme Louise Bissonnette Daudelin ont construit leur maison à Kirkland dans les années 1950. À cette époque, ils sont à la campagne pour élever leurs cinq enfants entre la maison, le potager et même les chèvres.
Une période où il expérimente d’autres formes d’art. Comme la nécessité est la mère de l’invention, il créera des pièces pour combler les besoins quotidiens de sa famille.
« J’ai fait de la céramique, parce qu’on avait besoin de cache-pot pour nos plantes. J’ai fait des bijoux, parce que c’était le seul moyen d’en offrir à Louise et puis on a fait des marionnettes pour amuser les enfants. »
L’artiste produira également des décors de théâtre et sera illustrateur.
Au lendemain de son décès, le 2 avril 2001, la journaliste Louise Lafontaine présente un reportage qui brosse un portrait du sculpteur et de son œuvre.

Reportage de Louise Lafontaine qui présente une rétrospective de l'artiste Charles Daudelin et de son œuvre. Le bulletin de nouvelles est animé par Stéphan Bureau.
Une partie de l’œuvre de Daudelin est consacrée à l’art religieux.
En 1964, le sculpteur réalise des objets liturgiques pour l’église Saint-Jean de Pointe-Saint-Charles, comme l’ostensoir, les lampes sanctuaires, le tabernacle et le bénitier.
En juillet 1980, Charles Daudelin est choisi pour sculpter le chœur de la chapelle du Sacré-Cœur de la basilique Notre-Dame de Montréal. Le retable, qui fait 52 pieds de haut, est coulé en Angleterre. La chapelle est inaugurée en 1982.
Charles Daudelin a laissé sa marque dans le paysage urbain. Son œuvre lui survit et enjolive encore aujourd’hui nos lieux publics.