L'INSPQ enfonce un peu plus le ministre de l'Éducation dans ses contradictions
Après la santé publique, l'INSPQ désavoue à son tour Jean-François Roberge et confirme ne pas avoir validé le protocole des tests de qualité de l'air à l'école.

Le ministre de l'Éducation, Jean-François Roberge
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a tenu à « rectifier » une déclaration du ministre de l'Éducation, jeudi. Ce dernier était déjà sous le feu des critiques qui appellent à sa démission pour s'être faussement attribué l’aval de la santé publique concernant la mesure du CO2 en classe.
Jean-François Roberge s'est enlisé en tentant de se défendre sur son compte Twitter, où il a publié des documents pour démontrer qu'il avait intégré tous les commentaires
de la santé publique et de l'INSPQ avant d'établir le protocole des tests de qualité de l'air.
Je tiens à rectifier les faits : la santé publique et l'INSPQ ont été consultés et ont commenté les protocoles de tests de taux de CO2 dans nos écoles.
Le ministre n'est pas allé jusqu'à leur attribuer la validation
, comme il l'avait fait erronément à plusieurs reprises, mais il a tout de même commis une erreur.
Dans une déclaration écrite, l'INSPQ a tenu à rectifier certaines informations véhiculées sur Twitter par le ministre de l’Éducation
.
L’INSPQ n’a jamais été sollicité par le ministère de l’Éducation pour valider ou commenter officiellement son protocole de mesure de CO2 dans les écoles.
L'INSPQ explique que le 27 novembre, le Dr Richard Massé [de la Direction générale de santé publique] a sollicité le Dr Stéphane Perron, médecin spécialiste en santé et environnement à l’INSPQ, afin de connaître ses impressions sur un document intitulé Note technique pour la mesure du dioxyde de carbone dans les bâtiments du ministère de l’Éducation
.
Le Dr Perron a émis des réserves importantes sur la validité des mesures de CO2 sans standardisation. Le Dr Perron ni aucun autre expert de l’INSPQ n’a vu la version finale de cette note technique.
L'INSPQ n'approuvait pas le protocole
Dans les commentaires du document dévoilé par le ministre lui-même, le Dr Perron écrit : Plusieurs mises en garde sont de mise pour la mesure du CO2
.
L'expert expliquait que le taux de CO2 n'est qu'une mesure parmi d'autres pour évaluer la ventilation et qu'il ne donne qu'un portrait très incomplet
.
Le système de ventilation peut être déficient même avec des niveaux de CO2 adéquats.
Concernant l'échantillonnage controversé du CO2 avant l'arrivée des élèves et après l'ouverture des fenêtres, durant 20 minutes, le Dr Perron écrit que la première mesure ne donnera rien d'autre qu'un résultat semblable à l'air extérieur et que la deuxième mesure fera chuter les résultats.
Si la procédure n'est pas standardisée, et que je voulais avoir des taux de CO2 bas, j'ouvrirais les fenêtres.
Ses commentaires n'ont pas permis de changer la procédure.
Depuis des semaines, des experts critiquent cette méthode de calcul qu'ils accusent d'amoindrir les résultats et d'enjoliver la qualité de l'air.
L'opposition demande la démission du ministre; Legault le défend
La cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, s'est dite choquée par cette affaire. Il a menti
, a-t-elle déclaré, il doit signer sa lettre de démission
.
Le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, accuse le ministre d'avoir instrumentalisé la santé publique pour couvrir sa propre négligence dans le dossier de la qualité de l’air
.
C’est très grave. [Jean-François Roberge] a menti aux enseignants, aux familles, au public, aux parlementaires.
Tous les commentaires ont été pris en compte dans la directive qui a été émise
, a lui-même déclaré le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, jeudi matin, chargé de répondre à la place du ministre Roberge, en raison de son absence de l'Assemblée nationale [il participait à un forum à huis clos sur la réussite scolaire].
Les tests ont été bien faits, de façon rigoureuse.
Le premier ministre François Legault a aussi déposé différentes versions d'un document afin de démontrer que la santé publique avait été consultée et écoutée.
Or, la directive déposée par François Legault à l'Assemblée nationale n'était pas le protocole de tests de CO2 qui avait été critiqué par la santé publique et l'INSPQ.
Pas la première affaire du genre pour le ministre Roberge
L'an dernier, le ministère de l'Éducation avait déjà ignoré un avis de l'INSPQ qui lui recommandait de réduire le nombre d'élèves dans une salle de classe au même moment.
Le ministre Roberge s'était défendu en disant qu'il suivait plutôt les recommandations des docteurs Horacio Arruda et Richard Massé, à la Direction générale de santé publique du ministère de la Santé (DGSP).
Or, plusieurs mois plus tard, lors du dévoilement des avis de la DGSP, il est apparu qu'elle avait elle aussi recommandé de réduire le nombre d'élèves par classe (Nouvelle fenêtre).
Le ministre de l'Éducation est un récidiviste.
La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui représente 49 000 membres, se dit en colère en raison de ces nouvelles révélations et exige des explications.
La FAE affirme, sondage à l'appui, que 81 % de ses membres ne font plus confiance au ministre pour mettre en place des mesures adéquates en vue de la prochaine rentrée scolaire.