Maladie de Parkinson et pesticides : la Saskatchewan imitera-t-elle le Québec?

En entrevue à Radio-Canada en 2020, la professeure de santé environnementale à l'École de santé publique de l'Université de Montréal, Maryse Bouchard, a indiqué que les personnes qui sont exposées aux pesticides pendant plusieurs années augmentent leur risque de développer la maladie de Parkinson de 70 %. (archives)
Photo : iStock
La Saskatchewan suivra-t-elle les traces du Québec qui a récemment ajouté le Parkinson à la liste des maladies professionnelles? Ce n’est qu’une question de temps, selon un chercheur de l'Université de la Saskatchewan.
Le Dr Darrell Mousseau se spécialise dans les maladies dégénératives comme celle de Parkinson. Ses recherches actuelles portent sur les événements biochimiques communs à la dépression et à la maladie d'Alzheimer.
Il est convaincu qu’il existe un lien entre l'utilisation de pesticides et la maladie de Parkinson.
« Les fermiers qui sont quotidiennement exposés aux pesticides ont de deux à trois fois plus de chance de développer le Parkinson que les personnes qui ne le sont pas. »
Les pesticides sont des molécules qui s'accumulent dans l’environnement. Ils sont conçus pour être toxiques pour les insectes, mais ils ont aussi des effets secondaires chez les humains.
Le Dr Mousseau appuie ses propos sur une étude réalisée en Saskatchewan il y a une quarantaine d’années par le Dr Ali Rajput.
Les résultats de cette étude indiquent que la majorité des personnes atteintes de Parkinson en Saskatchewan avaient grandi sur une ferme ou dans un milieu rural. Le Dr Rajput n’avait cependant pas établi de lien direct entre l’utilisation de pesticides et le développement de la maladie.
Même s’il croit que l’utilisation de pesticides augmente les risques de développer le Parkinson, Darrell Mousseau estime qu’ils ont leur place dans l’agriculture. Selon lui, ils sont nécessaires à la production de la nourriture.
La province indique pour sa part que les réclamations concernant les maladies professionnelles sont examinées au cas par cas et doivent être soumises à un examen médical.
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Faire preuve de prudence
De son côté, l’agriculteur de Saint-Denis, Michel Lepage, s’interroge sur les études qui ont été utilisées par le Québec pour faire le lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson.
Il croit que leur utilisation pourrait être l’une des causes de la maladie. Mais, elle est loin d’être la seule, selon lui.
Je pense que c’est un mélange de plusieurs facteurs, comme les émissions de gaz à effet de serre, les industries et notre style de vie. Ce n’est pas juste de critiquer uniquement les pesticides
, note-t-il.
Si Michel Lepage était forcé d’utiliser des produits différents, il se demande si le public serait prêt à payer la différence. Il indique qu’un tel changement entraînerait une augmentation importante des coûts que les agriculteurs ne devraient pas assumer à eux seuls.
Avec les informations de Charles Le Bourgeois