Contre la crise du logement, un contrôle obligatoire des loyers?
C'est ce que réclament des organismes de défense des droits des locataires.
Une crise du logement sévit dans l'ensemble de la région métropolitaine.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pandémie n'a pas arrêté la crise du logement dans la région du Grand Montréal, loin de là. À Montréal, mais aussi en banlieue, la course au logement se fait sur fond de hausse des loyers et de tentatives pour expulser des locataires afin de transformer des immeubles en condos. Diverses mesures sont envisagées pour combattre ce problème, dont un contrôle des loyers.
L'image sort de l'ordinaire : des dizaines de personnes font la file, dehors à Verdun, dans l'espoir de visiter un logement de quatre pièces offert à 900 $ par mois.
Et la situation n'est pas limitée qu'à Montréal. Par exemple, à La Prairie, en Montérégie, des condos neufs d'une pièce sont offerts à 1400 $ par mois.
Le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ
), Maxime Roy-Allard, constate ainsi que la crise du logement touche maintenant toute la région métropolitaine.Il n'y en a plus, de logements abordables; on a perdu le contrôle. Montréal est en train de devenir le prochain Vancouver, le prochain Toronto. C'est très malheureux, mais la ville va changer beaucoup dans les années à venir
, affirme-t-il en évoquant le départ des ménages à faible, voire à moyen revenu, qui devront se tourner vers d'autres régions ou s'accommoder de logements de piètre qualité.
La situation ne date pas d'hier, et pas même dans le contexte de la pandémie de COVID-19.
En juillet dernier, le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU ) soulignait que chaque fois qu’il y a eu une récession économique, le nombre de ménages locataires était plus nombreux à se trouver en difficultés de paiement. [...] On craint vraiment que la situation s’envenime avec la situation économique qui risque de suivre la pandémie et la possible deuxième vague
.
Dans la perspective d'un autre 1er juillet particulièrement difficile pour bien des ménages, le RCLALQ
demande au gouvernement du Québec de mettre des mesures d'urgence en place.De son côté, la coordonnatrice de la Corporation de développement communautaire du Roussillon (qui englobe La Prairie), Virginie Bernier, demande aux gouvernements provincial et fédéral de cesser de s'accuser mutuellement de ne pas agir et d'aider davantage les locataires : C'est ce renvoi de balle là qui nous positionne dans l'état actuel des choses où on vit pleinement la crise; on est dedans.
Québec et Ottawa sont toutefois supposés avoir enterré la hache de guerre dans ce dossier. En octobre dernier, les ministres québécoises Sonia LeBel (Relations canadiennes) et Andrée Laforest (Affaires municipales) participaient à une conférence de presse en compagnie de leur homologue fédéral Ahmed Hussen (Famille, Enfants et Développement social) pour annoncer un investissement conjoint de 3,7 milliards de dollars, sur 10 ans, pour améliorer le logement social et abordable au Québec.
Des hausses de loyer dépassant les 8 %
Selon Martin Blanchard, du Comité logement de la Petite Patrie, les propriétaires profitent de la crise du logement – et donc de la forte demande pour se trouver un toit – pour augmenter le prix du loyer, et les autorités tardent à s'attaquer au problème.
Les hausses [de loyer] moyennes de 2019 à 2020, compilées par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), sont de 60 $ par mois, soit une hausse de 8,6 %. Mais nous avons aussi des locataires qui nous appellent pour des hausses de 250, 400 et 600 $. Notre record, c'est une hausse de 900 $
, a-t-il déclaré en entrevue à Tout un matin, sur ICI Première.
Toujours selon M. Blanchard, certains locataires acceptent des hausses aussi stratosphériques parce qu'ils ont peur des représailles
.
« C'est rendu que, sur le terrain, les propriétaires ont compris qu'ils peuvent imposer leurs conditions en déjouant la loi impunément; ils ont compris qu'il n'y a pas de suivi, il n'y a aucun frein, actuellement, à ce qui se passe. »
On peut se poser beaucoup de questions sur le tissu social, sur la mixité... Montréal pourrait perdre de sa vitalité. Son centre-ville pourrait devenir un quartier presque dortoir.
Comment juguler cette crise? M. Blanchard réclame un contrôle obligatoire des loyers, qui ferait en sorte qu'il y aurait des hausses de loyer sans nécessairement qu'il y ait un contrôle, en cas de hausse inférieure ou égale à l'inflation, mais avec consultation automatique devant le Tribunal administratif du logement pour des hausses plus importantes
.
Les reprises et les travaux de rénovation seraient aussi suivis à la lettre pour s'assurer qu'ils sont bel et bien réalisés, a-t-il ajouté.
Avec les informations de Benoît Chapdelaine