La nouvelle offre de Québec au secteur public ne satisfait pas les syndicats

Des syndiqués du secteur public ont manifesté mercredi, 31 mars 2021, devant les bureaux du premier ministre du Québec, François Legault à Montréal.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement Legault bonifie ses offres aux 550 000 employés des secteurs de la santé, de l’éducation et de la fonction publique, mais une partie de cette augmentation dépendra de l’état de l’économie et de l’inflation. La nouvelle proposition est loin de satisfaire les syndicats.
En conférence de presse, mercredi, au lendemain d’une rencontre avec les leaders syndicaux, la présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, a qualifié l’offre du gouvernement d’équitable et généreuse
. Les conventions collectives sont échues depuis un an.
La proposition, qui coûterait entre 3,7 et 4,1 milliards de dollars sur trois ans, selon la ministre, est faite dans un contexte où la pandémie a entraîné un déficit de 15 milliards de dollars.
À la base, Québec maintient ses offres totalisant 3,3 milliards de dollars, qui comprennent une augmentation de 5 % sur trois ans (1,75 %, 1,75 % et 1,5 %).
En fait, selon la ministre LeBel, l'augmentation de 5 % d'aujourd'hui est plus généreuse que les 5 % offerts au départ en 2019, puisque l'inflation à l'époque était de 6,2 %, alors qu'elle se situe maintenant à 4,87 %.
Le gouvernement se dit prêt à accorder aux syndiqués une majoration salariale récurrente qui pourrait atteindre 400 millions de dollars. Mais ce, à la condition que l'inflation dépasse les 5 % et que la croissance économique prévue par le gouvernement – hausses du PIB réel de 4,2 % en 2021, 4 % en 2022 et 2 % en 2023 – soit au rendez-vous.
En supplément, une somme forfaitaire de 400 millions de dollars est offerte à l'ensemble du personnel.
Enfin, les employés gagnant moins de 50 000 $ par année se verront accorder des augmentations de salaire supérieures.

La présidente du Conseil du Trésor du Québec, Sonia LeBel, a déposé mercredi les offres du gouvernement de François Legault pour les employés en santé, en éducation et dans la fonction publique.
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
D'autres mesures s'ajoutent, telles des augmentations plus substantielles pour certains corps d'emploi, dont la santé et l'éducation.
En santé, Québec est notamment prêt à augmenter le nombre de postes à temps complet dans le réseau et à améliorer les conditions de travail des préposés en CHSLD. En éducation, l'offre prévoit des augmentations de salaire pour les enseignants du primaire et du secondaire en début de carrière.
La ministre LeBel vise aussi à améliorer les conditions de travail. Elle propose par exemple d'ajouter des ressources à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) et de bonifier de 3,5 % les primes accordées aux intervenants en centres jeunesse.
Les syndicats insatisfaits
D'ores et déjà, la Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) se disent insatisfaites de l'offre gouvernementale.
C'est décevant, car c'est à peu près la même proposition qui nous a déjà été faite, avec une clause un peu compliquée au niveau de l'Indice des prix à la consommation (IPC), de l'indexation
, a commenté Jacques Létourneau, président de la CSN, qui représente 160 000 employés dans les secteurs de la santé et de l'éducation.
La CSN entend prendre le temps d'examiner cette offre, a dit M. Létourneau en entrevue à ICI RDI. Mais le syndicat a déjà signifié à Sonia LeBel que ce ne sera pas suffisant pour répondre aux besoins actuels des travailleurs et travailleuses du secteur public en pleine crise, en pleine pandémie
.
Il n'y a rien sur la table qui nous convainc que ça va donner le goût à des jeunes de venir travailler en éducation et en santé et services sociaux dans les prochaines années.
Quant à la CSQ, elle qualifie le contenu de l'offre de nettement insuffisant
. Les quelque 125 000 membres de la CSQ qui travaillent dans le secteur de l'éducation se prononceront sur cette offre le 1er avril.
Des moyens de pression prévus

Une manifestante participe à un rassemblement devant le bureau du premier ministre François Legault à Montréal, au dépôt de la troisième proposition gouvernementale faite au secteur public, sans contrat de travail depuis un an.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Les dernières offres du gouvernement de François Legault remontaient à mai 2020 et la proposition d'augmentation de salaire de 5 % sur trois ans avait été très mal accueillie par les syndicats.
Plusieurs votes de grève ont eu lieu et un premier coup de semonce a été lancé mardi par quelque 10 000 enseignants et employés de soutien – membres de la CSQ travaillant dans les cégeps – qui ont tenu une journée de débrayage.
À Québec, mercredi, les manifestants se sont regroupés devant l'Assemblée nationale, alors que ceux de Montréal ont plutôt ciblé le bureau du premier ministre François Legault. Leur thématique est : Sonner l'alarme pour le secteur public
.
Mardi soir, le Tribunal administratif du travail avait rejeté la tentative des gestionnaires du réseau de la santé d'empêcher des syndiqués de la santé de faire sonner des alarmes.
Le Tribunal a jugé que ces syndiqués pouvaient exercer leur droit à la liberté d'expression
, pourvu qu'aucune alarme ne soit activée dans les lieux où sont dispensés ou prodigués des soins ou services aux usagers ni dans les salles d'examen ni dans les chambres des usagers
.
Trois offres successives
Les syndiqués de l'État sont sans contrat de travail depuis un an.
Avant la dernière proposition de mai 2020, Québec avait fait une première offre aux employés des secteurs public et parapublic en décembre 2019. Le fait que les hausses salariales proposées se situaient sous le niveau de l'inflation avait alors mis les syndicats en colère.
L'offre qu'a présentée mardi soir la ministre LeBel aux chefs de six grands syndicats est donc la troisième qui leur est faite.
La présidente du Conseil du Trésor s'est refusée mercredi à dire si elle comptait lancer un ultimatum aux syndicats. Je continue de penser qu'on peut arriver à une entente négociée
, a-t-elle affirmé.
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Avec les informations de La Presse canadienne