Québec reconnaît le lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson
Le gouvernement suit finalement l'exemple de la Suède et la France et se range du côté des victimes.

Les ministres Jean Boulet et André Lamontagne ont donné des détails sur le plan de déconfinement du milieu de la restauration au Québec.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le gouvernement Legault ajoute le Parkinson à la liste des maladies professionnelles. Le ministre du Travail Jean Boulet a amendé le projet de loi 59, mardi matin.
Pour les agriculteurs, agronomes ou applicateurs de pesticides malades, le fardeau de la preuve pour obtenir une indemnisation auprès de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) va être renversé.
Les victimes des pesticides atteints de Parkinson devront toutefois démontrer qu'ils ont au moins 10 ans d'exposition à ces produits, la même durée reconnue par la France.
« J'ai réalisé l'importance de cette maladie professionnelle », a expliqué Jean Boulet au moment de déposer son amendement. Initialement, le projet de loi 59 ne contenait pas cette maladie.
Je suis extrêmement ému. Tout le mérite revient au ministre. On doit tous être fiers.
Le ministre souhaitait dans un premier temps confier à un comité scientifique le soin de réfléchir à la question. Mais les partis d'opposition lui ont rappelé les dizaines d'études déjà publiées qui démontrent un lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson.
Il y a eu neuf méta-analyses, 31 études de haute qualité, plus de 50 autres études qui ont été conduites.
Les représentants des victimes et même l'Union des producteurs agricoles (UPA) s'étaient fait entendre en commission parlementaire.
« Ça change ma vie »

Les pesticides ont des effets neurotoxiques.
Photo : iStock / Halfpoint
Informé de l'intention du gouvernement, l'ancien applicateur de pesticides Serge Boily ne cachait pas sa joie : D’être reconnu comme victime des pesticides, ça donne un méchant coup de main
.
Après avoir épandu ces produits pour la Ville de Québec durant toutes les années 90, l'homme de 55 ans a développé la maladie de Parkinson. Il souffre aujourd'hui de pertes de mémoire, de pertes d'équilibre, de difficultés à avaler, à se lever et même parfois à parler.
Ça change ma vie. Savoir que je suis reconnu me donne de l'espoir.
Il s’attend à toucher une indemnité, mais ne sait pas combien.
Invité à réagir, le directeur des programmes de Parkinson Québec, Romain Rigal, se réjouit de ce « nouvel acquis social ».
Le gros changement pour les travailleurs, c’est qu’ils n’auront plus sur les épaules le fardeau de la preuve de l’association entre la maladie et les pesticides.
Parkinson Québec regrette toutefois que la majorité des agriculteurs ne cotisent pas à la CNESST, ce qui empêchera de potentielles victimes d'être indemnisées. L’UPA devrait encourager ses membres à cotiser
, dit Romain Rigal.

Québec emboîte le pas à d'autres pays dans le monde, et reconnaît maintenant le lien entre les pesticides et la maladie de Parkinson. Une victoire pour les agriculteurs d'ici qui ont utilisé des produits dangereux pendant des années.Reportage de Sébastien Desrosiers.
Les personnes qui sont exposées aux pesticides pendant plusieurs années, ça augmente leur risque de 70 % de développer la maladie de Parkinson.
Jusqu'au dépôt du projet de loi 59, la liste des maladies reconnues au Québec n'avait pas été revue depuis 1985.