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130 millions de dollars pour prendre le virage numérique au Québec

Pierre Fitzgibbon s'adresse aux journalistes.

Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, croit que prendre le virage numérique permettra aux PME d'augmenter leur productivité.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Le gouvernement du Québec annonce une enveloppe de 130 millions de dollars pour accompagner les entreprises dans leur virage numérique. Dans le cadre du nouveau programme, une moitié de la note sera payée par le gouvernement, mais l’autre restera à la charge de chaque entreprise.

Selon le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, la pandémie a mis en lumière l’importance de prendre le virage numérique pour les entreprises québécoises. Le gouvernement débloquera donc une somme 130 millions d’ici le 31 mars 2022 pour aider les PME dans cette démarche.

Intensifier la transformation numérique des PME va permettre au Québec de s’inscrire dans une économie plus innovante et plus performante, axée sur la technologie, a dit M. Fitzgibbon lors d’un point de presse, lundi.

Il y a des PME qui sont prêtes depuis longtemps à s’insérer dans une économie nouvelle et d’autres qui comprennent qu’elles doivent faire un pas de géant. Il faut donc leur offrir un accompagnement spécialisé, a ajouté Lucie Lecours, la ministre déléguée à l’Économie.

Selon le ministre du Travail, Jean Boulet, le Québec est en retard par rapport à d’autres provinces comme l’Ontario, ou même d’autres pays de l’OCDE, au regard de sa productivité. Le numérique peut améliorer la productivité des entreprises, croit-il.

Les noms de deux premiers partenaires stratégiques ont été annoncés.

Il s’agit de Inno-centre, dont l’initiative vise à accompagner les PME dans l’évaluation et le développement de leurs stratégies d’affaires et dans leurs démarches de transformation numérique, et du Groupe BIM du Québec, qui accompagne essentiellement les entreprises oeuvrant dans le secteur de la construction.

Des travailleurs de la construction bâtissent une maison à Calgary en 2015.

Le secteur de la construction ne sera pas le seul à bénéficier de ces aides de Québec puisqu'elles concernent tous les secteurs de l'économie.

Photo : Todd Korol/Reuters

Plus de productivité grâce au numérique

Le secteur de la construction est assez traditionnel, alors qu’il y a des impacts quand on numérise. La numérisation est un élément clé qui va permettre aux entreprises de faciliter leur recrutement et la rétention des jeunes, a souligné le ministre Boulet.

Le milieu a accueilli la nouvelle positivement. Dans la construction, 80 % des entreprises comptent moins de cinq employés, donc elles n’ont pas d’expertise numérique. Environ 25 % d’entre elles n’ont même pas de page Facebook. En 2021! a lancé Lyne Laperriere, directrice générale de l’Association d’isolation du Québec (AIQ), qui compte 65 entreprises.

Le lien entre virage numérique et secteur de la construction n’est pas évident, de prime abord. Les travaux de construction, sur un chantier, ça ne se fait pas avec un ordinateur. Mais il y a d’autres volets où le numérique est utile, comme le recrutement, a ajouté Mme Laperriere.

Un avis que partage François Bernier, vice-président principal Affaires publiques de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation au Québec, qui regroupe 18 000 membres.

C’est parfois complexe de faire comprendre que les outils numériques sont là pour nous aider, notamment à collaborer avec les autres acteurs de la construction. Et pourtant, l'idée n’est pas grandement intégrée dans le secteur, a-t-il noté.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a aussi salué l'initiative.

Nous savons qu’en misant sur de l’accompagnement personnalisé, un bon nombre de PME pourront gagner en productivité et en compétitivité, ce qui aidera à leur croissance. C'est une bonne recette pour aider à la relance économique dans toutes nos régions, a déclaré par voie de communiqué François Vincent, vice-président Québec à la FCEI.

Les limites du projet

Des questions se posent toutefois concernant l’aide du gouvernement à hauteur de 50 %, le reste de la facture pour un audit ou du conseil étant à la charge de l’entreprise.

C’est sûr que l’idéal, c’est toujours une prise en charge de 100 % par le gouvernement. On aurait pris plus, mais je trouve qu’il y a une écoute de la part du gouvernement envers les PME.

Une citation de Lyne Laperriere, directrice générale de l’Association d’isolation du Québec

Cette prise en charge à hauteur de 50 % va probablement en décourager certains, mais on ne peut pas être en désaccord avec ce genre d’annonce, a reconnu Mme Laperriere.

Pour François Bernier, ceux qui seront prêts à prendre le virage numérique seront prêts à s’engager financièrement.

Monsef Derraji, député libéral de Nelligan et porte-parole de l’opposition officielle en matière de PME et d’innovation, s'est dit d'avis que si l’initiative du gouvernement constitue une bonne nouvelle, elle ne répond pas pleinement aux besoins actuels des entreprises.

Le ministre [Pierre Fitzgibbon] sort surtout le grand chéquier pour les grandes entreprises. On peut se demander si la priorité, pour la CAQ, c’est vraiment les PME.

Une citation de Monsef Derraji, porte-parole libéral

Le député faisait référence aux aides versées grâce au Fonds du développement économique, qui s’élèvent à plusieurs centaines de millions de dollars pour de grosses entreprises comme Télésat, qui a obtenu un chèque de 450 millions de dollars, ou encore la forestière Kruger, qui en a obtenu un de 200 millions.

Questionné sur ce qui pourrait être perçu comme une dichotomie par les citoyens, le ministre Fitzgibbon a rétorqué, lors de la conférence de presse de lundi, qu’il ne fallait pas comparer des pommes et des oranges.

Ce sont des investissements qui permettent à ces entreprises de garder leur main-d’œuvre au Québec.

Une citation de Pierre Fitzgibbon, ministre de l'Économie

Le député libéral estime pour sa part que le gouvernement devrait plutôt s’attaquer à rendre les prêts consentis aux PME plus flexibles, par exemple.

Quant à Vincent Marissal, député solidaire de Rosemont et porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’économie et d’innovation, il voit lui aussi du bon dans l'annonce de Québec, mais il a exprimé certaines craintes.

Chaque fois que je vois le gouvernement de la CAQ s'avancer sur le terrain des nouvelles technologies et de l'informatique, on prouve qu'on est mauvais. Ils ne sont pas capables d'acheter un laptop sans dépenser plus que ce qu'il faut ou sans se tromper de modèle, a-t-il imagé.

M. Marissal prône par ailleurs un suivi sérieux, avec un plan semestriel pour s'assurer que tout a été bien dépensé.

Je ne voudrais pas qu'on se ramasse, dans quatre ou six ans, avec un rapport de la vérificatrice générale qui parle d'un fiasco, a-t-il ajouté.

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