Fiers d’être Acadiens en Alberta
L'Acadie et son peuple sont à l'honneur au 23e Rendez-vous de la Francophonie.

Miranda Girouard, Christian Mezarolle, Mélissa LaRose et Line Landry sont originaires de l’Acadie.
Photo : Radio-Canada
Si la quête d’un nouvel emploi les a conduits à Fort McMurray, des Acadiens établis en Alberta n’en ont pas pour autant oublié leur culture et continuent de la faire vivre jusque dans les Prairies.
Cela va faire 16 ans, le 11 novembre, que j'ai déménagé à Fort McMurray
, lance Christian Mazerolle, un Néo-Brunswickois dont le cœur n’a jamais quitté son Acadie natale.
Des mets traditionnels à la musique de son coin de pays, l'opérateur de machineries lourdes à Syncrude Canada n'hésite jamais à faire partager sa culture.
« C’est vraiment important pour moi. J’ai toujours conservé mes recettes acadiennes. »
Les « pets » de quoi?
Et il n’est pas le seul chez qui les senteurs de mets acadiens embaument la cuisine.
Rien qu'à y penser, Mélissa LaRose, originaire de Fredericton, en a l’eau à la bouche. Il s'agit d’un plat que lui cuisinait sa grand-mère et dont elle ne peut prononcer le nom sans éclater de rire : les pets de sœurs
, également connus sous le nom de roulés à la cannelle.
En plus de les concocter pour ses enfants, l'éducatrice en prématernelle de l’École Boréale, de Fort McMurray, se lance parfois dans des aventures culinaires à base de homards, connus pour être un luxe à portée de main en Acadie, ou encore dans la préparation de pâtés chargés de viandes comme celle du chevreuil ou de l'orignal.
« Les mets acadiens sont riches. Il faut partager cette culture avec nos chers Albertains. »
Une francophonie aux multiples visages
Faire découvrir l’identité acadienne est aussi important pour Miranda Girouard, née à Tracadie-Sheila, dans la péninsule acadienne.
Je travaille avec des personnes qui viennent de différents pays et qui ne connaissent pas toujours la culture des Acadiens. Alors, je leur raconte notre histoire et la déportation de 1755
, explique celle qui travaille comme opératrice d'appareils de traitement à Syncrude Canada.
Certaines personnes sont même surprises de savoir qu’on parle français au Nouveau-Brunswick, alors que c'est une province bilingue
, ajoute-t-elle.
« Nous ne sommes pas Québécois. Nous avons nos racines et une langue qui est spéciale. Notre français n’est pas bon, ni notre anglais, mais on s’adapte vite. »
C'est justement cette identité hybride que la Fondation canadienne pour le dialogue des cultures a voulu célébrer cette année dans le cadre du 23e Rendez-vous de la Francophonie, selon son directeur général ,Guy Matte.
La francophonie canadienne n'est pas une francophonie uniforme, il est donc important de montrer à la majorité ces différents visages et ces différents accents. Cette année, nous avons choisi le peuple acadien, l'année prochaine, ce sera peut-être un autre élément
, indique-t-il.
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On peut sortir l’Acadien de l’Acadie, mais...
Selon un dicton, dit On peut sortir l’Acadien de l'Acadie, mais pas l’Acadie de l’Acadien. Line Landry, originaire de Petit-Paquetville, dans le comté de Gloucester, au Nouveau-Brunswick, est bien d’accord.
J’ai des collants acadiens sur le bord de mon véhicule
, avoue-t-elle, un peu gênée.
« Je suis fière d’être Albertaine maintenant, mais l’Acadie est toujours là dans mon cœur. »
Et le jour de la Fête nationale de l'Acadie, s’ils ne peuvent se rendre en Atlantique, c’est souvent l’inverse qui se produit le 15 août.
Quand je ne peux pas aller au Nouveau-Brunswick, je mets mon drapeau sur mon véhicule, ma musique acadienne et je vais me promener en ville. C’est ma façon à moi de célébrer ma culture
, explique Christian Mazerolle. Je serai fier de le faire chaque année.
Toutefois, ce qui leur manque par-dessus tout, c’est la proximité avec la mer qu’offre l’Atlantique qui, disent-ils, leur apporte une certaine quiétude.
Sur les 79 835 francophones vivant en Alberta, 5540 sont Acadiens, selon le dernier recensement de Statistique Canada.