Un premier Festival du film black à Ottawa

Le film «De Patrice à Lumumba» du réalisateur d’origine congolaise Patrick Kabeya donnera le coup d'envoi à l'événement.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Après Montréal, Toronto et Halifax, c’est au tour de la capitale nationale de faire briller les créateurs du septième art des communautés noires, avec la tenue du premier Festival du film black d’Ottawa (FFBO), du 25 au 28 mars. Fabienne Colas, qui chapeaute ces événements par le biais de sa fondation, a misé sur Ottawa puisqu’elle compte « la troisième plus grande population noire du pays ».
La toute première mouture du FFBO, entièrement virtuelle, regroupera 30 films. The Special du réalisateur afro-vénézuélien Ignacio Márquez donnera le coup d’envoi à l'événement. Les court-métrages Envers et contre tout de Kimberley-Ann Surin, Nuance de Cassandre Grégoire, ainsi que Noeuds/Knots d’Aïcha Morin-Baldé, font également partie de la sélection en français.
Pour la présidente et fondatrice des Festivals du film black, Fabienne Colas, il est impératif que les programmations, dans chacune des villes, soient construites à l’image de la communauté régionale.

Fabienne Colas, présidente et fondatrice des Festivals du film black.
Photo : Attractions images / Yanick.Macdonald.Photographe
C’est vraiment très important de s’assurer que les artistes d’Ottawa et des environs [...] puissent avoir leur propre festival, leur propre plateforme, puissent avoir un endroit où ils peuvent non seulement être vus, mais aussi être entendus
, fait valoir l’Haïtienne d’origine.
Connue dans son pays natal, Mme Colas est arrivée à Montréal en 2003, en rêvant d’une carrière au cinéma. Devant les portes fermées et le paysage blanc
qu’elle voyait omniprésent au petit et au grand écrans, elle a fondé le Festival du film haïtien de Montréal, en 2005, pour exposer la diversité. L’événement est devenu le Festival international du film black de Montréal, en 2009.
Le cinéma et la télévision doivent être un reflet, un miroir de la réalité démographique de la société.
Patrice Lumumba, selon le réalisateur Patrick Kabeya
Le réalisateur d’origine congolaise Patrick Kabeya, établi à Ottawa depuis 2004, est l’un des créateurs régionaux à l’honneur de ce premier FFBO. Son documentaire De Patrice à Lumumba (2019) raconte l’histoire de Patrice Lumumba, le premier à avoir porté le titre de premier ministre de la République démocratique du Congo et l’un des visages associés à la libération du pays après la colonisation belge.
Patrick Kabeya explique que son film, en français et sous-titré en anglais, a été projeté dans plusieurs festivals en France et en Belgique, notamment. Or, mis à part à Montréal, la langue de Molière trouve difficilement preneur en Amérique du Nord par manque d’intérêt
, regrette-t-il. Et la difficulté est augmentée, selon lui, quand il s’agit d'œuvres à propos de l’histoire noire.
Des festivals comme ça, ça nous permet de dire notre histoire sans barrières et ça nous permet de bien nous exprimer devant un public qui admire notre travail
, souligne-t-il. Ça donne aussi l’opportunité à la prochaine génération d'avoir une plateforme pour les films blacks, les films africains.
M. Kabeya nuance toutefois son propos : malgré l’émergence de plus petits festivals
destinés à promouvoir le cinéma des créateurs issus de communautés minoritaires (noires, autochtones ou LGBTQ, par exemple), les œuvres devraient pouvoir se retrouver dans des programmations comme celle du Festival international du film d’Ottawa. On fait partie de la communauté aussi, on fait partie du monde aussi
, rappelle-t-il.
Avec les informations de Kevin Sweet