Le député Louis-Charles Thouin n'a « rien fait d'illégal », selon Legault
Le premier ministre François Legault affirme que, selon les informations dont il dispose, il n'y a pas de conflit d'intérêts dans ce dossier.
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Malgré les appels de l'opposition pour que Louis-Charles Thouin se retire de ses fonctions, le premier ministre François Legault s'est porté à la défense de son député, assurant qu'il ne se trouvait pas en conflit d'intérêts.
Le premier ministre a dit ne pas être au courant d'un geste qui ne respecterait pas la loi ou les règles
, commis par le député de Rousseau.
Selon les informations que j’avais, et que j’ai toujours aujourd’hui, il n'y a rien d’illégal qui a été fait par M. Thouin
, a-t-il déclaré en point de presse, mardi.
Louis-Charles Thouin fait l'objet d'une enquête de la commissaire à l'éthique, Ariane Mignolet, pour le rôle qu'il aurait joué dans la modification du schéma d'aménagement de la MRC de Montcalm, dans Lanaudière.
Il est aussi dans la mire de l'Unité permanente anticorruption (UPAC), selon les informations révélées par le Bureau d'enquête de Québecor.
Le député se retrouve dans l'eau chaude en raison de la gestion de différents dossiers, dont celui concernant le dézonage de terres agricoles dans Lanaudière. Il se voit aussi reprocher l'octroi d'un contrat à la SPCA Lanaudière Basses-Laurentides alors qu'il était maire de Saint-Calixte, a rapporté le Bureau d'enquête.
Après s'être entretenu avec M. Thouin, François Legault a affirmé que son député ne s'est pas trouvé en situation de conflit d'intérêts. Le premier ministre, qui dit ne pas être « au courant » de la « présence de l'UPAC », a ajouté qu'il attendrait les conclusions de l'enquête de la commissaire à l'éthique.
À savoir si ces informations pouvaient créer un inconfort au Conseil du Trésor, où M. Thouin agit à titre d'adjoint parlementaire de la ministre Sonia LeBel, le premier ministre Legault a indiqué qu'il n'y avait pas de problème de ce côté-là
.
Il faudrait poser la question [à Mme LeBel], mais je n'ai pas entendu
qu'elle n'était pas à l'aise, a-t-il expliqué.
M. Legault a rappelé que le rôle du député de Rousseau au Conseil du Trésor était de s'assurer que les organismes paragouvernementaux achètent davantage de produits québécois, incluant les municipalités
.
Sollicité par La Presse canadienne, le bureau de Mme LeBel n'a pas souhaité offrir de commentaire.
Une complaisance maximale
, dénonce l'opposition
Les révélations sur les antécédents du député caquiste n'ont rien pour rassurer les partis d'opposition à l'Assemblée nationale, qui réclament que M. Thouin se retire de ses fonctions parlementaires.
Après avoir martelé qu'il ne tolérerait aucun manquement à l'éthique lorsqu'il se trouvait dans l'opposition, François Legault fait désormais le contraire, a reproché la cheffe libérale Dominique Anglade.
« Il y avait tolérance zéro, et maintenant on est rendu à une complaisance maximale, cautionnée par le premier ministre. »
Mme Anglade a rappelé que le cas de M. Thouin venait s'ajouter à celui du ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, qui s'est fait blâmer deux fois plutôt qu'une par la commissaire à l'éthique.
Un argument que met aussi en avant le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, qui a pour sa part reproché à la CAQ de ressembler de plus en plus au PLQ.
Il y a beaucoup de gens qui ont voté pour la CAQ en 2018 parce qu'ils voulaient se débarrasser des magouilles libérales. Ces gens-là doivent être de plus en plus déçus
, a-t-il déclaré.
Le strict minimum
, a-t-il poursuivi, serait que M. Thouin ne soit plus adjoint parlementaire de la ministre LeBel.
Même son de cloche du côté du Parti québécois, où le leader parlementaire Martin Ouellet a exhorté l'ancienne procureure de la commission Charbonneau [à] virer Louis-Charles Thouin
.
Le député de Rousseau devrait se retirer le temps que l'UPAC fasse son enquête et surtout [...] que la commissaire à l'éthique statue sur sa situation
, a-t-il souligné.