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Les États-Unis entrent dans le bal de la diplomatie vaccinale

Alors que des pays comme la Chine et la Russie ont déjà exporté des millions de doses de vaccin, l’administration Biden s’est jusqu’ici concentrée sur son approvisionnement national. Une timide ouverture est cependant en cours.

Le président Joe Biden lors d'une rencontre virtuelle avec les dirigeants de l'Australie, de l'Inde et du Japon.

Le président américain Joe Biden a abordé la question de l'approvisionnement en vaccin lors d'une rencontre avec les dirigeants de l'Australie, de l'Inde et du Japon.

Photo : afp via getty images / OLIVIER DOULIERY

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Cette semaine, le Canada et le Mexique devraient recevoir 4 millions de doses du vaccin d’AstraZeneca en provenance du voisin américain. Cet envoi, qui prend la forme d’un prêt, constitue la première exportation internationale de doses approuvée par l’administration Biden.

Depuis l’arrivée en poste du nouveau président, Washington a annoncé d’importants investissements dans le programme international COVAX, qui vise au partage de vaccins partout sur la planète.

N’empêche, pour ce qui est de l’approvisionnement en doses, Biden reprend l'America First de Trump, assure Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris.

Dès février, l'administration américaine avait déjà commandé suffisamment de vaccins pour vacciner 300 millions de ses concitoyens. Une réserve qui s’est accrue depuis.

À Washington, la priorité est donc claire : il faut avant tout s’assurer de vacciner tous les Américains qui le souhaitent.

« Nous allons nous assurer que nous nous occupons d’abord des Américains, mais ensuite, nous tenterons d’aider le reste du monde. »

— Une citation de  Joe Biden, président des États-Unis, le 10 mars 2021

Les seules exceptions pour l’instant sont donc le Canada et le Mexique, qui reçoivent ce prêt de doses d’AstraZeneca, un vaccin n'ayant toujours pas reçu l’approbation des autorités réglementaires américaines.

C'est peut être la marque Biden de réconforter le triangle nord-américain, mais en même temps, les Européens souffrent de cette volonté très protectionniste des États-Unis, explique le spécialiste des relations internationales Bertrand Badie, qui rappelle que, pour l'instant, Washington a fermé la porte aux demandes de l’Union européenne de lui faire parvenir des excédents de doses du vaccin AstraZeneca.

Moscou et Pékin déjà très actifs

L’expert souligne que, pendant ce temps, d’autres pays, comme la Russie et surtout la Chine, n'hésitent pas à exporter une partie de leurs réserves de vaccins un peu partout sur le globe. 

Un centre de vaccination en Indonésie, où des doses du vaccin chinois Sinovac sont distribuées.

Un centre de vaccination en Indonésie, où des doses du vaccin chinois Sinovac sont distribuées.

Photo : Reuters / AJENG DINAR ULFIANA

Selon un décompte de l’Associated Press, Pékin se serait déjà engagé à livrer environ 500 millions de doses à 45 pays.

« Dans les démocraties, l'objectif à très court terme, c'est de satisfaire l'opinion publique. Dans les régimes autoritaires, c'est de satisfaire les intérêts du système politique. L'intérêt chinois, c'est d'avoir une diplomatie ouverte exportatrice [...], alors que la mise états-unienne, c'est d'abord les États-Unis. »

— Une citation de  Bertrand Badie, professeur émérite à Sciences Po Paris

Les États-Unis ont de la difficulté au niveau du message, reconnaît le professeur Krishna Udayakumar, de l’Université Duke, en Caroline du Nord. Il assure que Washington a pourtant grandement contribué aux efforts de vaccination contre la COVID-19, notamment en finançant la recherche.

Et selon lui, en matière de distribution internationale de vaccins, la Chine peut se permettre d’être plus active que les États-Unis, où des dizaines de milliers de nouveaux cas d’infection à la COVID-19 sont toujours enregistrés quotidiennement.

Le niveau de contrôle de l'épidémie en Chine permet de vacciner moins rapidement, parce que les besoins sont moins urgents. Ils peuvent donc exporter plus de doses à court terme, explique l’expert de l’Université Duke. 

Krishna Udayakumar s’attend par ailleurs à ce qu’avec l’accélération de la campagne de vaccination aux États-Unis, où plus de 80 millions personnes ont reçu au moins une dose, Washington soit tenté d’exporter ou de prêter plus de vaccins à l’étranger. 

Déjà, l’administration Biden a évoqué un appui à la production de vaccins en Inde, dont les doses pourraient être distribuées en Asie du Sud-Est.

L'initiative internationale COVAX vise à fournir des vaccins à certains pays qui y ont peu accès.

Les États-Unis ont annoncé un investissement de 4 milliards de dollars dans l'initiative internationale COVAX, qui vise à fournir des vaccins à certains pays qui y ont peu accès.

Photo : afp via getty images / NIPAH DENNIS

Chose certaine, selon les observateurs consultés, ces exportations de vaccins, qui demeurent une denrée rare dans certaines régions du monde, pourraient avoir un effet durable sur les relations bilatérales entre les pays destinataires des doses et les puissances qui les fournissent.

Ces campagnes de vaccination qui devaient nous libérer d'une menace globale se réalisent, de manière tout à fait contradictoire, par une sorte de renationalisation de la question sanitaire, déplore le professeur Bertrand Badie, de Sciences Po Paris.

Krishna Udayakumar, de l’Université Duke, préfère regarder le problème sous un autre angle.

Être en compétition pour s'assurer qu'on aide les autres, surtout si on veut donner plus d'accès aux vaccins aux pays moins développés, n'est pas une mauvaise chose, lance-t-il.

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