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Le marketing des aliments locaux

L’achat local a la cote. Mais parmi les références comme Aliments du Québec, Le panier bleu, Produit du Canada, Aliments fabriqués au Québec, il est difficile de savoir ce qui est vraiment local.

Un plant de basilic dans un emballage de plastique.

Un basilic biologique du Québec

Photo : Radio-Canada

Le consommateur qui veut acheter local peut parfois s’y perdre. La notion de local, c’est 50, 100, 200 kilomètres? La province? Le pays?

Pour Pascal Thériault, chargé de cours à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l'Université McGill, la définition de local est toujours en lien avec la notion de nationalisme alimentaire.

Donc, affirme-t-il, un aliment produit au Québec ou produit près du Québec, normalement pour moi, c'est local.

Mais pour Bertrand Noël, qui dirige la coopérative En direct de la ferme qui distribue chaque semaine des paniers d’épicerie composés de produits locaux à plus de 80 familles de Montréal, ce n'est pas tant la distance géographique que l'idée philosophique ou politique qu'il y a derrière qui compte.

Quand vous achetez un produit d'ici, explique-t-il, je dis toujours que ça soutient des gens qui travaillent ici, des gens qui payent des impôts ici, des gens qui permettent de construire des écoles, des ponts.

Divers fromages du Québec sont ici proposés.

Divers fromages du Québec sont ici proposés.

Photo : Radio-Canada

C’est dans cette optique qu’il y a un an, avec la fermeture de certains magasins et l’augmentation du commerce en ligne, le gouvernement Legault a créé le site Internet Le panier bleu pour donner un coup de pouce aux entreprises d’ici.

Avec Le panier bleu, on donne la chance à des petits commerçants d’ici de faire du commerce en ligne, explique Alain Dumas, directeur général du Panier bleu.

Il est important de noter que nous travaillons pour les commerçants locaux, même ceux qui ne vendent pas nécessairement des produits locaux.

Une citation de Alain Dumas, directeur général du Panier bleu
Un chariot d'épicerie frappé de la fleur de lys

Le logo du Panier bleu

Photo : Radio-Canada

Selon Pascal Thériault, Le panier bleu a été créé dans une certaine urgence et, bien que l’intention était très bonne, les consommateurs qui pensent y trouver des produits québécois sont parfois déçus. Oui, il y a une liste de commerces québécois, mais qui ne vendent pas nécessairement des produits québécois ou même des produits canadiens. Il y a une certaine déception de ce point de vue là, note-t-il.

En parcourant les onglets du Panier bleu qui offrent aliments et boissons, L’épicerie a rapidement constaté qu’on y trouve en effet beaucoup de produits importés, comme de la bière, du café, du chocolat, de l’huile d’olive.

C’est confirmé, Le panier bleu n’est pas un gage de provenance locale des produits qui s’y trouvent.

Pour s’assurer de la provenance locale d’un aliment, le consommateur doit donc se tourner vers d’autres sources.

Pour Pascal Thériault, la certification Aliments du Québec reste l’une des méthodes les plus fiables.

des comptoirs d'épicerie biens garnis

Produits québécois en épicerie

Photo : Radio-Canada

Les détaillants en alimentation ont fait un beau travail pour mettre les produits d’ici en évidence. Il faut se souvenir que le lait, les œufs, la volaille sont des produits canadiens. Donc, nos produits laitiers sont des produits du Canada et même souvent du Québec, disons-le. Puis ensuite on a Aliments du Québec, qui est un gage de qualité.

Directrice générale d’Aliments du Québec, Marie Beaudry est fière de la notoriété de la marque. Ça fait longtemps qu'on travaille à définir ce qui est local, et c'est maintenant accepté par toute l'industrie, toute la filière bio-alimentaire, se félicite-t-elle. Et ça commence à être connu et reconnu du consommateur.

Pour obtenir le logo Aliments du Québec, le produit doit contenir au moins 85 % d’ingrédients québécois. Pour les produits qui contiennent moins de 85 % d’ingrédients d’ici, il y a la certification Aliments préparés au Québec, mais cela ne veut pas dire qu’on peut faire n’importe quoi.

Une citation de Marie Beaudry, directrice générale, Aliments du Québec

Par exemple, une tarte, une tourtière ou un pâté fabriqués ici avec des pommes, du porc ou du poulet importés ne peuvent pas obtenir la certification Aliment préparé au Québec parce que l’ingrédient principal est disponible localement en quantité suffisante et que le produit en question n’encourage pas la transformation ou la production locale.

Par ailleurs, parce que la ressource première n’est pas disponible ici, des jus de fruits tropicaux, des produits de café ou de chocolat, des huiles d’olive préparés au Québec peuvent obtenir cette certification.

Un client fait son choix

Des huiles proposées en épicerie

Photo : Radio-Canada

Les trois quarts des consommateurs européens disent privilégier les aliments locaux, mais pour la majorité d’entre eux, un aliment local est produit ou fabriqué dans leur région, ce qui est plus précis que le pays.

Chez nos voisins du sud, on trouve des certifications semblables aux nôtres avec Produit des États-Unis et Fabriqué aux États-Unis (Made in USA), mais on va encore plus loin avec le Buy American Act, qui décourage l’achat de produits importés avec l’imposition de tarifs douaniers agissant sur les prix de détail.

En Ontario, l’équivalent d’Aliments du Québec trouve sa place avec le logo Ontario Terre nourricière.

Depuis que monsieur Legault a prononcé le mot local, j'ai vu une déferlante d'entreprises arriver sur Internet, acheter local, on vend local, épicerie locale, chaussures locales, masques locaux, tout est devenu local du jour au lendemain, renchérit Bertrand Noël de la coopérative En direct de la ferme. Et les références se multiplient.

On a qu’à penser aux certifications Porc du Québec et Boeuf Québec par exemple.

Les pièces de viande sont emballés sous vide

Du boeuf du Québec proposé en épicerie

Photo : Radio-Canada

Mais acheter local a un prix. Alors qu’un sondage publié l’automne dernier par l’Université Dalhousie révèle qu’un Canadien sur quatre considère que l’endroit où les aliments sont cultivés constitue un facteur important, c’est le prix qui reste le facteur le plus déterminant pour les Canadiens, la moitié d’entre eux citant le prix comme le premier facteur d’importance.

Ainsi, paradoxalement, bien que les consommateurs disent préférer acheter des tomates de serre produites au Québec en plein mois de février, ils sont souvent confrontés à la réalité d’opter finalement pour les mêmes tomates, mais produites au Mexique pour la moitié du prix.

C’est utopique de penser qu'on va aller 100 % local, avance Pascal Thériault. Il faut que notre dollar alimentaire soit utilisé à bon escient, quand c'est le temps. Quand on est en saison et qu'on peut manger québécois, on le fait. Quand on n'est pas en saison, il y a des efforts qui sont possibles, mais pour le restant de l'année, on peut tricher un peu.

Il faudrait que l’engouement pour les produits locaux, pour les produits du terroir et pour ce qui est fabriqué au Québec demeure, même une fois cette pandémie terminée. Tous ces bons réflexes qu'on a développés pour acheter des produits locaux doivent rester, et les épiciers devront continuer à nous offrir ces produits-là, à bien les identifier et à les mettre en évidence.

Une citation de Pascal Thériault, Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l'Université McGill

À chaque fois qu'on encourage une ferme, des artisans ou même des restaurateurs, peu importe, conclut Bertrand Noël, c'est de l'argent qui circule ici et qui, finalement, nous revient indirectement.

Le reportage de Dany Croussette et Denis Gagné à L’épicerie, mercredi, à 19 h 30

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