Un comité d'experts sur la liberté universitaire présidé par Alexandre Cloutier

L’ancien ministre péquiste Alexandre Cloutier pilotera ce comité de sages sur la liberté d’expression dans les universités.
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
La ministre de l'Enseignement supérieur, Danielle McCann, a annoncé mardi la composition du Comité d’experts sur la reconnaissance de la liberté académique. Il est piloté par l’ancien ministre péquiste Alexandre Cloutier.
La création de ce comité intervient dans la foulée de la controverse qui a frappé l’Université d’Ottawa, en lien avec l’utilisation du mot commençant par n
.
Selon Danielle McCann, les événements des derniers mois
, qu’elle ne nomme pas, ont convaincu le gouvernement de réfléchir à cette question et d’agir, afin de protéger la liberté universitaire et la liberté d’expression.
Sans une telle protection pour les professeurs, la ministre dit craindre que ces derniers ne s’autocensurent
, par crainte de représailles.
Le comité présidé par M. Cloutier est composé de cinq membres :
- Yves Gingras, professeur titulaire au Département d’histoire de l’Université du Québec à Montréal, directeur scientifique de l’Observatoire des sciences et des technologies et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences;
- Chantal Pouliot, professeure titulaire au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval;
- Aline Niyubahwe, professeure à l’Unité d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue;
- une étudiante ou un étudiant, dont le nom sera annoncé ultérieurement.
L’étudiant choisi aura pour mandat de dresser un état des situations récentes ayant mis en cause le concept de liberté d'expression dans les universités québécoises, de définir cette liberté, de poser un diagnostic et de formuler des recommandations au gouvernement, notamment sur des mécanismes et outils
à mettre en place dans les universités, afin d’appliquer les dispositions relatives à la liberté universitaire.
Les libertés de penser, de s’exprimer, de débattre sont les fondements mêmes de l’université et de la démocratie. Je crois qu’il est possible de réaffirmer haut et fort la liberté académique tout en appelant au respect de la dignité de chacun.
Les membres dresseront d'abord un portrait de la situation avant de procéder à des consultations.
Ils auront également à déterminer les recommandations qu’ils devront soumettre.
On ne veut pas que ça dérape
et on veut protéger nos professeurs, a souligné Mme McCann.
Depuis qu’il a quitté la politique en 2018, Alexandre Cloutier est vice-recteur aux partenariats et secrétaire général de l’Université du Québec à Chicoutimi.
Bien accueilli
Mardi, la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université (FQPPU
) a accueilli favorablement la création du comité d’experts et le choix de ses membres.L’opposition a aussi accueilli favorablement la mise en place de ce comité et souligne l’importance du travail qu’il aura à accomplir.
La liberté académique est extrêmement importante et lorsque des mots difficiles sont utilisés, dans des contextes spécifiques, il faut cadrer la conversation.
Le chef péquiste de son côté dit vouloir entendre les experts.
Il faut s’assurer que tout le monde aura participé à cet exercice, car il est fondamental.
En février, le premier ministre François Legault avait promis d’agir à la suite de cette polémique, où la professeure Verushka Lieutenant-Duval a été suspendue pour avoir utilisé le mot commençant par n
, jugé raciste.
M. Legault, qui a déclaré avoir été choqué par l’événement, s'est porté à la défense de la liberté universitaire et a lancé un plaidoyer contre l’autocensure. Il faut se tenir debout
et ne pas céder à l’intimidation, a-t-il écrit dans un long message sur Facebook.
Une pétition avait été lancée sur le site de l'Assemblée nationale pour défendre la liberté universitaire.