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Logement : le Nouveau-Brunswick accusé de ne pas réaliser l’urgence de la crise

Un divan défraîchi partiellement couvert de neige, abandonné sur le trottoir.

Une consultation publique sur le logement locatif vient d’être lancée par le gouvernement néo-brunswickois.

Photo : Getty Images / hohl

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick comprend mal l’urgence d’agir pour freiner la crise du logement, s’inquiètent des intervenants qui portent la voix des locataires dans la province.

Une consultation publique sur le logement locatif vient d’être lancée par le gouvernement néo-brunswickois. Les locataires, notamment, sont invités à répondre à un sondage en ligne (Nouvelle fenêtre).

Matthew Hayes, porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires au Nouveau-Brunswick, perçoit cette cueillette de données comme une bonne initiative, mais il martèle que la situation actuelle exige des actions immédiates du gouvernement.

La coalition, qui demande entre autres un moratoire sur les évictions de locataires durant la pandémie, redoute que ces consultations ne soient surtout qu’une méthode pour gagner un peu de temps au lieu d’agir.

Toujours moins de logements abordables

Le porte-parole du collectif citoyen soutient que l’intérêt public doit passer avec celui du privé dans le dossier du logement.

Matthew Hayes observe que des sociétés immobilières rénovent des logements pour en hausser drastiquement le loyer, et les louer à une clientèle plus aisée.

Même si le gouvernement se fixe des cibles de logements abordables à construire, ces gains sont éclipsés par le plus grand nombre de logements qui deviennent inabordables, tant cette pratique est répandue chez des entreprises qui gèrent des milliers de logements, soutient-il.

Matthew Hayes en entrevue par webcam.

Matthew Hayes, porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires du Nouveau-Brunswick, le 20 mars 2021.

Photo : Radio-Canada

La manière dont le marché du logement et l'immobilier fonctionnent aujourd'hui n'est pas dans l'intérêt public, affirme M. Hayes, et est en train de devenir inabordable pour des gens de classe moyenne.

Un investissement qui ne suffirait pas

Selon la Société canadienne d'hypothèque et de logements, le Grand Moncton a connu une hausse du prix des loyers de 4,7 % entre octobre 2019 et octobre 2020.

C’est à Bathurst où on recense la plus forte hausse du prix des loyers. Ils y ont augmenté de 5,5 %.

Les balcons d'un immeuble de logements.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick ne compte pas pour le moment imiter celui de la Nouvelle-Écosse qui limite à 2 % la hausse des loyers durant la pandémie.

Photo : Radio-Canada

Selon l'économiste Pierre-Marcel Desjardins, directeur de l'École des hautes études publiques de l'Université de Moncton, la somme de 10,8 millions de dollars qui doit être consacrée au logement abordable au Nouveau-Brunswick n’est pas marginale, mais insuffisante.

Le logement social devrait à son avis être traité de manière prioritaire, avec une injection de fonds supplémentaires.

De le négliger a de grandes conséquences sur l’économie de la province, affirme-t-il, car les nouveaux résidents arrivés des autres provinces ou de l’extérieur du Canada dépendent du logement abordable.

Quand on connaît les pénuries de main-d'œuvre, quand on connaît les besoins d'attirer des immigrants ici, si on n'a pas des logements abordables à leur offrir, ça va créer un problème, d'une part pour leur accueil, et d'autre part pour les entreprises qui ont grandement besoin de cette main-d'œuvre supplémentaire, souligne le professeur Desjardins.

Un homme barbu qui parle sérieusement.

L'économiste Pierre-Marcel Desjardins en 2019.

Photo : Radio-Canada / Patrick Lacelle

De plus, un tel investissement pendant la pandémie aurait deux bénéfices, soutient-il. On augmenterait l'offre de logements pour les gens qui en ont besoin, et d'autre part ça créerait une stimulation au niveau de l'économie. L'économie a besoin d'un coup de pouce à l'heure actuelle.

Matthew Hayes, le porte-parole de la Coalition pour les droits des locataires, rappelle que les lois qui encadrent le logement au Nouveau-Brunswick ont grand besoin d’être modernisées. À son avis, elles ne représentent plus la situation actuelle de la province, et les locataires n'ont presque aucun droit au Nouveau-Brunswick.

On espère que ces consultations vont déboucher sur une révision globale du cadre législatif concernant les locations résidentielles, dit M. Hayes.

Ce n'est pas en ayant une règlementation stricte au niveau des prix qu'on va améliorer la situation, prévient toutefois Pierre-Marcel Desjardins.

L’économiste redoute en effet qu'un gel des loyers n'apporte un répit qu'à très court terme aux locataires, pour ensuite exacerber la pénurie.

Une approche globale s'impose donc, croit-il.

Il faut augmenter le nombre d'appartements. En augmentant le nombre d'appartements, ça va accroître l'offre, ce qui va amener une pression à la baisse sur les prix.

Dans le cadre des consultations menées par le gouvernement du Nouveau-Brunswick, les locataires, propriétaires et promoteurs immobiliers ont jusqu'au 7 avril pour faire connaître leur expérience liée à la location résidentielle.

D’après le reportage de Marie-Ève Brassard

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