Affaire Colten Boushie : la GRC va mettre en oeuvre les recommandations de la CCETP
La mère de Colten Boushie, Debbie Baptiste, a fait l'objet de discrimination raciale au cours de l'enquête, selon le rapport examinant la manière dont la GRC a traité les preuves.
Photo : Radio-Canada / Jason Warick
Alors qu'un rapport de la Commission civile d'examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC (CCETP) sur la mort de Colten Boushie, un jeune Autochtone tué en 2016, sera rendu public lundi, la police fédérale s’engage déjà à mettre en œuvre les recommandations.
La commissaire de la GRC, Brenda Lucki, reconnaît la validité du rapport indiquant que les forces de police nationales du Canada ont fait preuve de discrimination raciale envers la mère de Colten Boushie.
La CCETPla mort du jeune homme était méritée
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Nous avons reconnu que le racisme systémique existe à la GRC. Nous nous engageons à écouter et à respecter les expériences vécues par autrui et à continuer d'apprendre de ces conversations
, écrit la GRC dans une déclaration.
Depuis le dépôt des rapports périodiques, l'Équipe de gestion supérieure de la GRC de la Saskatchewan a étudié minutieusement les conclusions et les recommandations du CCETP et nous nous sommes engagés à les mettre toutes en œuvre
, explique le surintendant principal Alfredo Bangloy, commandant par intérim de la GRC en Saskatchewan.
Les officiers ont aussi malmené des témoins et des preuves au cours de cette affaire, note la CCETP
dans le rapport dont CBC a obtenu une copie.Colten Boushie, 22 ans, a été abattu après que lui et quatre autres personnes de la nation crie Red Pheasant en Saskatchewan ont roulé sur la propriété de Gerald Stanley, un fermier blanc près de Biggar, Saskatchewan, en août 2016.
L’altercation entre les occupants du VUS et Gerald Stanley ainsi que son fils, s'est terminée par des coups de feu mortels.
En février 2018, un jury a déclaré Gerald Stanley, 56 ans, non coupable d’homicide.
Sur les 17 recommandations relevant de la compétence de la GRCSensibilisation culturelle et humilité
.
La GRCson cheminement vers la réconciliation
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Demande de sentir l’haleine
La CCETP
a lancé son enquête peu après le verdict, en partie pour déterminer si les officiers de la GRC avaient fait preuve de discrimination basée sur l’ethnie. La famille de Colten Boushie avait eu des plaintes concernant le traitement fait par la police et avait demandé une enquête indépendante.Des officiers ont ainsi rendu visite à Debbie Baptiste la nuit de la fusillade afin d’annoncer la nouvelle et fouiller la maison pour trouver un témoin qui aurait été armé.
Si la CCETPsa sobriété et sa crédibilité
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La famille a accusé l’un des officiers d’avoir dit à Debbie Baptiste de se contenir
et de lui avoir demandé si elle avait bu.
La commission note également que un ou plusieurs officiers ont senti [l’haleine de Mme Baptiste]
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La commissaire de la GRC répond
La commissaire Brenda Lucki indique à la suite du rapport reconnaître l’existence de discriminations raciales.
Elle indique que, là où la police a justifié avoir encerclé le domicile de Mme Baptiste parce qu’elle croyait en la présence d’une personne armée et sous influence ayant quitté la scène du crime, il n’y a pas de doute que cela a été mené sans sensibilité et en dépit d’un bon jugement.
Elle ajoute dans sa réponse écrite que des formations de sensibilisation culturelle sont obligatoires pour tous les membres de la GRC.
Toutefois, je prends note des étapes positives menées par la GRC et j'espère que ce cas et ce rapport pourront être un catalyseur pour que la GRC s’engage davantage dans un nécessaire processus de changement
, indique dans un message la présidente du CCETP , Michelaine Lahaie.
Le communiqué de la GRC, une source d'angoisse
La CCETP
s’accorde également avec la famille de la victime en ce qui concerne le premier communiqué de presse de la GRC après la fusillade.La famille estimait que le message décrivait Colten Boushie comme un voleur et ravivait les tensions raciales dans la province.
Le communiqué de presse de la GRC a entraîné de l’angoisse pour la famille. Bien qu’il ne contenait pas d’informations fausses, il laissait l’impression que la mort du jeune homme était
méritée ou qu’une possible pénétration dans une propriété ayant potentiellement été commise par le jeune homme était davantage d’intérêt pour la police que sa mort
, indique la commission dans son rapport.
Brenda Lucki indique qu’il y a des leçons à tirer sur la façon dont les communiqués sont écrits et perçus et que cela peut faire l’objet d’une étude de cas pour de futures formations sur les biais inconscients.
Besoin d’une meilleure gestion des témoins
La CCETP
a aussi analysé la façon dont la femme de Gerald Stanley et son fils ont été traités le jour de la mort de Colten Boushie.Le rapport indique qu’il n’était pas raisonnable que quatre officiers, dont le sergent responsable de la scène, ne se soient pas assurés que la femme et son fils ne se parlent pas de la fusillade avant de donner leur version des faits à la police.
Le rapport recommande une meilleure formation à ce sujet.
La famille en cours de poursuite civile
L’enquête de la CCETP
survient alors qu’une poursuite civile est déjà déposée par Debbie Baptiste et sa famille contre le procureur général du Canada, qui représente la GRC en cour.La plainte déposée en août 2018 pour le deuxième anniversaire de la mort de Colten Boushie contient davantage d'allégations à l’encontre des membres de la GRC qui ont rendu visite à la famille.
Le dossier a été mis à jour en mai 2020, stipulant que les exigences pour une médiation dans cette affaire ont été réunies
.
Selon l’avocat en droit criminel de Saskatoon Brian Pfefferle qui a suivi l’affaire de près, cela pourrait signifier que la famille et la GRC ont terminé la médiation obligatoire sans arriver à un accord.
Avec des informations de Guy Quenneville