Mérule pleureuse : la COVID-19 empire le cauchemar des propriétaires de maisons infestées

La maison de Nicolas Bellemare est contaminée par la mérule pleureuse.
Photo : Radio-Canada / François Gagnon
Des propriétaires de maisons victimes de la mérule pleureuse, ce champignon qui ronge les fondations de bois, vivent les contrecoups de la pandémie. Occupés par plusieurs projets, les entrepreneurs se font rares et des soumissions de leur part sont nécessaires pour obtenir l’aide gouvernementale prévue dans le Programme d’intervention résidentielle—mérule.
Nicolas Bellemare et sa conjointe ont acheté leur première maison après une inspection sommaire, mais sans garantie légale.
Ils pensaient qu’elle serait parfaite pour un projet de rénovation pour lequel ils ont dépensé 20 000 $.
Or, en travaillant sur la maison, le propriétaire a découvert de la moisissure.
Le verdict tombe : c'est bel et bien de la mérule pleureuse. La maison est une perte totale. Ils doivent la démolir et la reconstruire.
« C'était catégorique! Il n'y avait rien à faire. La maison ne peut pas être décontaminée. »
Le couple se tourne vers la Société d'habitation du Québec pour obtenir l'aide gouvernementale prévue dans le Programme d'intervention résidentielle–mérule qui prévoit un montant de 150 000 $ par bâtiment dans le cas d’une démolition suivie d’une reconstruction lors d’une perte totale.
L'argent du programme ne peut toutefois être octroyé que si plusieurs conditions sont remplies, notamment, si la maison est démolie et reconstruite sur le même terrain dans un délai d'un an.
C’est donc une course contre la montre pour les propriétaires qui doivent compléter leur dossier avant le 31 mars, date à laquelle le programme d'aide prend fin.
« Mettons que la demande est extrêmement forte par rapport à la construction. C'est difficile. »
Nicolas Bellemare a constaté qu’il est difficile de trouver un entrepreneur dans la région qui est disponible pour faire les soumissions.
Avec la COVID-19, ça a été extrêmement difficile, ça a rendu tout difficile. [...] C'est l’incertitude constante. Entre chaque demande de soumission, il pouvait passer une semaine ou deux semaines. La personne ne te remet pas la soumission. T'es obligé de talonner chaque personne. Tu te sens un peu tannant là-dedans aussi, mais les gens sont débordés. Des fois, t'as juste le goût de baisser les bras et de dire "on abandonne!"
, soutient Nicolas Bellemare.
L'organisme Mérule Pleureuse, qui vient en aide aux sinistrés, déplore la lenteur des démarches avant d'obtenir la subvention.
Ce que ça fait, c'est que les propriétaires ne sont pas capables de passer à l'action, de corriger le problème immédiatement. On parle plutôt de pratiquement un an avant de corriger un champignon qui est à croissance rapide. C'est là que le bois, les planchers peuvent défoncer, les électroménagers peuvent passer d'un étage à l'autre. S'il prend de l'ampleur, les coûts de rénovation, de décontamination vont aussi prendre de l'ampleur
, explique la directrice générale Mérule Pleureuse, Marie-Hélène Cauchon.
Le Programme d'intervention résidentielle–mérule a été mis sur pied en 2018 et doit prendre fin le 31 mars. À ce jour, près d’un million de dollars ont été versés.
On ignore encore s'il sera reconduit dans le cadre du prochain budget.
D'après le reportage de Shanelle Guérin