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De la guerre en Syrie au Canada, 10 ans plus tard

Un homme dans une épicerie.

Hussein Qarqouz se considère chez lui à Sudbury.

Photo : Yvon Theriault

Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

En 2015, des milliers de réfugiés syriens commençaient à arriver au pays, en Ontario notamment. 10 ans après le début de la guerre qui les a contraints à l’exil, certains d’entre eux se considèrent désormais chez eux au Canada.

Hussein Qarqouz fait partie de ceux-là. Il est pâtissier depuis plus de 20 ans et s’est installé avec sa famille à Sudbury il y a à peu près cinq ans.

Il a ouvert le Damascus Cafe and Bakery, un restaurant-pâtisserie. Je vais très bien. J’ai un commerce. J’ai beaucoup d’amis ici et je suis citoyen canadien. La vie est meilleure. J’ai deux enfants qui sont nés ici, au Canada, explique-t-il.

« Sudbury représente désormais la maison, la maison de mes enfants. »

— Une citation de  Hussein Qarqouz

M. Qarqouz considère que sa petite entreprise obtient un succès relatif. Il se dit fier de s'être installé au Canada, un pays dans lequel il est désormais à l'abri des souffrances subies en Syrie. Ce sentiment de soulagement, Elias Elaneh le partage également.

Canadiens et nostalgiques

M. Elaneh est arrivé avec sa famille à Windsor, dans le Sud-Ouest de l’Ontario, le 10 février 2015. Beaucoup de choses ont changé depuis. Il est désormais étudiant à l’Université McMaster de Hamilton. S’il y a encore du chemin à parcourir, sa famille s'est globalement bien intégrée, ce qui n'est pas toujours le cas pour tout le monde.

Je me suis bien intégré, je pense, à la vie canadienne. On est toujours en train de trouver notre place ici. Mes parents sont toujours à la recherche d’un meilleur travail, précise-t-il.

Parmi les moments les plus marquants de ces dernières années chez lui, il y a l’obtention de la citoyenneté canadienne.

C’était vraiment un événement très important pour nous d’avoir reçu notre citoyenneté. Pas parce qu’on ne se sentait pas canadiens avant d’avoir la citoyenneté, mais c’était vraiment cool de se sentir célébré, ajoute-t-il.

« Il y a vraiment une tradition de cérémonie lorsqu’on reçoit la citoyenneté qui est à mon avis très importante. Faire sentir aux immigrants qu’ils sont les bienvenus, qu’ils sont célébrés ici au Canada. »

— Une citation de  Elias Elaneh

En dépit de cette fierté, M. Elaneh éprouve de la tristesse pour ses proches restés en Syrie.

Ça fait un peu mal au cœur d’être ici et d’avoir les privilèges qu’on a et de voir qu’ils vivent dans ces conditions difficiles et qu’on ne peut pas nécessairement toujours étendre la main et dire : "Voilà, on peut vous aider", précise-t-il.

M. Qarqouz est lui aussi triste et nostalgique lorsqu’il pense à la situation de sa Syrie natale. Je suis très triste parce que dix années n’ont pas [suffi à mettre] un terme à la guerre dans mon pays, indique-t-il.

Un futur impossible à imaginer

M. Qarqouz aimerait un jour revoir son pays d’origine, mais ce souhait pourrait ne pas se réaliser de sitôt. Le futur du pays est encore difficile à prédire, selon Rachad Antonius, professeur associé au département de sociologie de l’UQAM.

Je crois qu’on va vers quelque chose de plus stable, mais je n'y mettrais pas ma main au feu parce que ça ne dépend pas d’un seul acteur, ça dépend de plusieurs acteurs, ajoute-t-il.

Malgré tout, certains réfugiés syriens présentement installés au Canada n'ont pas renoncé à retourner dans leur pays d'origine. Je connais beaucoup de Syriens réfugiés ici. Et plusieurs disent : "Nous, on n’arrive pas très bien à s’intégrer, parce qu’on ne reconnaît pas nos diplômes", explique-t-il.

le professeur de sociologie et spécialiste du Proche-Orient Rachad Antonius

le professeur de sociologie et spécialiste du Proche-Orient Rachad Antonius

Photo : Radio-Canada / Hamza Abouelouafaa

De plus, ceux-ci ont de la difficulté de réunir leur famille, puisque le programme qui leur a permis d’arriver au Canada est désormais clos. C’est ce qu’explique Anneke Smit, professeure de droit à l’Université de Windsor.

Une femme à côté d'une allée et devant un arbre.

Anneke Smit regrette le fait que l'initiative du gouvernement fédéral ait pris une tournure plus politique qu'humanitaire.

Photo : Laura DaSilva/CBC

Il faut qu’on reconnaisse l’importance de maintenir les familles unies. Si vous faites venir une partie de la famille, vous devez laisser des possibilités pour que la famille fasse ensuite venir d’autres membres de la famille et cela peut être difficile lorsque vous arrivez ici et vous découvrez que le programme a été fermé ou qu’il n’y a pas de mécanismes, même lorsque vous avez réuni de l’argent à cet effet, précise-t-elle.

« J’aimerais voir une emphase sur l’unité de la famille. Ça peut être moins compliqué si toute la famille peut rester ensemble. »

— Une citation de  Anneke Smit

Mme Smit, avec des collègues, a réussi à réunir une famille de Syriens ici au Canada. Elle considère que le processus était complexe.

Quand je réfléchis à l’expérience que j’ai eue ces dernières années avec le programme d’installation des Syriens, il y a des moments où on avait le sentiment qu’il s’agissait plus d’une victoire politique que d’une affaire humanitaire, ajoute-t-elle.

Malgré tout, et même si elle voit moins aujourd’hui la famille parrainée à cause de la pandémie, elle estime s'être enrichie au terme de ce processus.

Ça donne des bénéfices aux deux côtés. Nous [les parrains] aussi nous recevons quelque chose. C’est comme de nouveaux membres de ma famille. On a beaucoup appris de cette expérience et de cette famille, indique-t-elle.

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