L'immigration pour affronter la pénurie de main-d’œuvre dans la Péninsule acadienne

Le Tim Hortons de Shippagan, au Nouveau-Brunswick, a employé un grand nombre d'employés francophones originaires d'Afrique, dans les 5 dernières années.
Photo : CBC / Mike Heenan
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des entreprises de la Péninsule acadienne emploient des étudiants étrangers du campus de Shippagan de l’Université de Moncton pour pallier la pénurie de main-d’œuvre dans la région.
Lorsque le directeur des opérations du Tim Hortons de Shippagan, Jeremie Lebans, a commencé à gérer ce restaurant, il cherchait constamment à recruter de nouveaux employés.
Mais la tâche était difficile et toujours à recommencer. Le nord-est du Nouveau-Brunswick est confronté au vieillissement et à la diminution de sa population.
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M. Lebans a alors reçu quelques candidatures de nouveaux arrivants. Il les a embauchés et plusieurs autres les ont rapidement rejoints.

Jeremie Lebans, directeur des opérations au Tim Hortons de Shippagan au Nouveau-Brunswick, en mars 2021.
Photo : CBC / Mike Heenan
Depuis cinq ans, le Tim Hortons de Shippagan a employé plus d'une centaine d'étudiants étrangers. Ils viennent majoritairement des régions francophones d'Afrique et forment 80 % de la main-d'œuvre.
Parmi eux, Naomie Zodi, qui est originaire de la République démocratique du Congo. Elle a commencé à étudier au campus de Shippagan en septembre.
C'est une province bilingue et ça m'a motivée à venir au Nouveau-Brunswick, dit-elle. Et c'est une petite province avec une différente culture.
Elle compte s'installer dans la région après ses études et demander sa résidence permanente.
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Diversité à l’université
Les inscriptions dans les universités des provinces atlantiques ont diminué depuis le début de la pandémie. En revanche, les inscriptions d’étudiants étrangers ont augmenté.
Pour Yves Bourgeois, doyen des études au campus de Shippagan de l’Université de Moncton, il s’agit d’un contraste étonnant.

Le campus de l'Université de Moncton à Shippagan.
Photo : Radio-Canada / Wildinette Paul
Il y a cinq ans, le campus comptait 15 étudiants étrangers, de trois pays différents. On en dénombre maintenant 160, originaires de 14 pays.
Selon M. Bourgeois, un énorme travail d’administration et de recrutement a été fait par le campus pour en arriver à ces résultats. De nouveaux programmes ont aussi été ajoutés.
Pénurie de main-d’œuvre
La coordinatrice du Comité d’accueil, d’intégration et d’établissement des nouveaux arrivants (CAIENA) de la Péninsule acadienne, Agathe Robichaud, indique que cela fait plus d’une décennie que la pénurie de main-d’œuvre sévit dans la région.

Agathe Robichaud, coordinatrice du Comité d’accueil, d’intégration et d’établissement des nouveaux arrivants de la Péninsule acadienne (CAIENA).
Photo : CBC / Alexandre Silberman
Le problème, c’est qu’il n’y a pas de solution miracle
, dit-elle. Même si le taux de natalité augmentait subitement, le problème de main-d’œuvre ne serait pas immédiatement réglé.
Selon cette dernière, la solution immédiate la plus efficace, c’est l’immigration. Son organisme accueille d’ailleurs chaque année des centaines de nouveaux arrivants.
Les secteurs de l’agriculture et de la pêche sont particulièrement florissants dans la Péninsule acadienne.

La Péninsule acadienne est l’un des plus grands lieux de production de bleuets de l’Amérique du Nord.
Photo : Radio-Canada / Mike McArthur
Un changement de mentalité
La Péninsule acadienne n’a pas connu beaucoup de diversité dans sa région, selon Yves Bourgeois.

Yves Bourgeois en mars 2021. Il est doyen des études à l'Université de Moncton, campus de Shippagan.
Photo : CBC / Alexandre Silberman
Lorsque les nouveaux arrivants ont commencé à travailler dans les commerces et entreprises de Shippagan, les résidents se sont d’abord montrés curieux, puis accueillants, selon M. Bourgeois.
Il y a vraiment un changement de mentalité. C’est sûrement l’aspect le plus réconfortant dans tout ça, c’est de voir comment les locaux se sont montrés ouverts
, affirme-t-il.
L'avenir de la Péninsule acadienne
Bien que les Acadiens soient reconnus pour être un peuple accueillant, Agathe Robichaud affirme du travail reste à faire.
Elle ajoute que si les citoyens de la région sont plus favorables à l’immigration, c'est qu’ils sont conscients des répercussions négatives de la pénurie de main-d’œuvre dans leur région.
La mentalité des gens a changé, car la présence des immigrants est une nécessité
, croit-elle.
Elle croit que l’arrivée des immigrants aura des répercussions positives sur la vitalité de la région.
Je veux que la Péninsule acadienne demeure dynamique, car c’est un lieu merveilleux de notre pays
, dit Agathe Robichaud. Si nous ne faisons rien, un jour, elle n’existera plus.
D'après le reportage d'Alexandre Silberman, de CBC