Génocide des Ouïgours : « Ils vont disparaître », dit Roméo Dallaire
Il est selon lui inadmissible que des Jeux olympiques se tiennent en Chine dans le contexte actuel.

Roméo Dallaire déplore le manque de leadership de la communauté internationale sur le sort des Ouïgours en Chine.
Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld
Le lieutenant-général à la retraite Roméo Dallaire, qui a piloté l’intervention de l’ONU lors du génocide rwandais de 1994, craint de voir l’histoire se répéter en Chine avec la minorité musulmane ouïgoure. Il somme le Canada d’agir avant qu’il soit trop tard.
Le sort des Ouïgours en Chine retient de plus en plus l’attention de la communauté internationale. Cette semaine, le rapport d’un groupe d’experts (Nouvelle fenêtre), auquel a participé l’ancien ministre canadien de la Justice Allan Rock, conclut que la Chine est bel et bien responsable d’un génocide contre la minorité musulmane et réclame des sanctions contre l’empire du Milieu. Roméo Dallaire déplore le manque de leadership de la communauté internationale.
« Nos politiciens ont perdu l'esprit de risque et la stature d'hommes d'État capables de voir des problématiques d'envergure qui [...] ne devraient pas exister à l'ère des droits de la personne. »
Il croit que le Canada doit jouer un rôle de leader dans ce dossier.
Le Canada a la capacité de rallier plusieurs des puissances moyennes du monde [...] afin de créer une coalition qui va influencer l'opinion publique et qui va mettre des entraves à la position des Chinois
, a affirmé Roméo Dallaire en entrevue à l'émission Les coulisses du pouvoir.
Il est selon lui inadmissible que des Jeux olympiques se tiennent en Chine dans le contexte actuel.
Questionné pour savoir ce qui arriverait aux Ouïgours si la Chine n’était pas fermement condamnée par la communauté internationale, Roméo Dallaire est sans équivoque :
« Ils vont disparaître, ce n’est pas plus compliqué que ça! »
Des relations au point mort
Le Parlement canadien a adopté une motion qui reconnaît qu'un génocide
est actuellement perpétré par la Chine contre les Ouïgours. Le ministre des Affaires étrangères, Marc Garneau, seul membre du cabinet présent lors du vote, s’est abstenu au nom du gouvernement.
La réaction de l'ambassadeur chinois au Canada, Cong Peiwu, ne s’est pas fait attendre. Il a qualifié ce geste de « honteux », de « provocation malicieuse » et d’« ingérence grossière dans les affaires internes de la Chine ».
Les relations sino-canadiennes sont au plus bas depuis que le gouvernement communiste de Xi Jinping a fait emprisonner deux ressortissants canadiens, Michael Kovrig et Michael Spavor. Une réponse présumée à l’arrestation de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, à la demande des États-Unis en 2018.
Roméo Dallaire ne croit pas que cela doive freiner la volonté du Canada d’agir dans le dossier des Ouïgours.
Je suis convaincu que des manœuvres se font probablement sous le radar pour tenter de solutionner le problème spécifique des deux Michael. Mais je crois tout de même fermement qu'un État comme le Canada, qui a la capacité d'influencer et d'être un leader, a la responsabilité d'agir.
Pour celui qui a été témoin des horreurs innommables du génocide rwandais, où 800 000 personnes ont été tuées, le manque d’initiative de la communauté internationale est perçu quasiment comme une trahison
. Il garde tout de même une lueur d’espoir.
Il y a encore une flamme pour gagner la cause de l'humanité, où tous les êtres humains seront considérés comme des êtres humains; où nous serons tous égaux
, a-t-il conclu.