Radio-Canada annonce les 5 finalistes de son Prix de la nouvelle 2021

Les cinq finalistes du Prix de la nouvelle Radio-Canada 2021. De gauche à droite : Ariane Hivert, Éléonore BH, Mokhtar Liamini, Julie Bouchard, Jean Grandmont
Photo : De gauche à droite : Atwood photographie, Isabelle Monette, Joannie Côté, Frédéric Bouchard, Jean Grandmont
Le jury, composé de Sarah-Maude Beauchesne, Madioula Kébé-Kamara et Lise Tremblay, a choisi les cinq finalistes du Prix de la nouvelle Radio-Canada 2021.
Les nouvelles inédites d'Éléonore BH, de Julie Bouchard, de Jean Grandmont, d'Ariane Hivert et de Mokhtar Liamini ont été choisies parmi plus de 800 textes soumis au concours cette année. Le nom de la personne gagnante sera dévoilé le 29 avril.
La liste des finalistes de langue anglaise (CBC Short Story Prize) a été dévoilée jeudi sur le site de CBC Books (Nouvelle fenêtre).
Voici les finalistes :
Éléonore BH pour Houston, We Have a Purple
Éléonore BH a 40 ans et enseigne la littérature au cégep. Avant sa participation à ce concours, elle n’avait jamais fait lire ses écrits à personne, excepté lors d’un cours de création. Bien qu’elle n'ait pas grandi entourée de livres, enfant, elle écrivait beaucoup. Une pratique qu’elle a abandonnée avec l’âge.
« Je suis très indisciplinée. C’est pourquoi je ne produis pas beaucoup. J’écris sous la contrainte. Je suis étonnée d’être parvenue à envoyer ma nouvelle à ce concours. »
Si, comme lectrice, elle préfère les romans, comme autrice, c’est vers la nouvelle que son choix s’est arrêté, pour l’instant. J’ai été capable d’écrire une nouvelle, car je trouve difficile d’aimer un projet sur plusieurs semaines, mois ou années.
L’inspiration derrière cette nouvelle lui vient d’un article du New York Times qui relatait une histoire « bien pire » que ce qu’elle a écrit.
Julie Bouchard pour Voici Vivian Vachon
Julie Bouchard a 50 ans, a grandi et vit à Montréal. C’est à la suite de la lecture de La vie devant soi, de Romain Gary/Émile Ajar, que son désir d’écrire est né. Il y a un avant et un après ce livre pour moi. Avec Ajar, je rencontrais pour la première fois une voix, un style, une écriture.
Après avoir travaillé en postproduction télé, elle s’est consacrée à l’écriture durant deux ans. Aujourd’hui à l’emploi des Presses de l’Université de Montréal, elle participe régulièrement au Prix de la nouvelle, elle qui a été déclarée gagnante l’an dernier. Sa nouvelle part d’un fait – le décès de Vivian Vachon dans un accident –, mais sont ajoutés des éléments de fiction.
« Ce qui m’attire dans la nouvelle – et bien sûr, j’en lis –, même si c'est sans doute cliché de le dire, c’est l’idée d’extrême resserrement. Le temps, et chaque mot, compte. J’aime viscéralement la tension que cela crée. »
Jean Grandmont pour Machinerie
Jean Grandmont est né à Sorel en 1965. Si l’éducation était fortement encouragée dans sa famille, la bibliothèque n’était que décorative. C’est grâce aux bandes dessinées que le professeur de philosophie à la retraite a découvert la littérature, mais c’est Salut Galarneau!, de Jacques Godbout, qui a été le véritable déclencheur. Enchaînant les classiques, Jean Grandmont n’avait toutefois jamais osé mettre sur papier ses propres mots.
« Il y a tant de bons livres à lire, tant d’écrivains talentueux sinon carrément géniaux pour avoir du temps à passer sur mes petites inspirations. »
C'est le décès de sa mère qui lui a inspiré un récit. Et puis d’autres récits ont suivi, avec comme seul public ses enfants. Avec Machinerie, il participe pour la première fois à un concours d’écriture et permet aussi pour la première fois à un large public de découvrir ses écrits.
Ariane Hivert pour Le fer dans ma chair
Née à Québec, où elle a grandi, a étudié et habite toujours, Ariane Hivert a écrit son premier « livre » à 9 ans, 2 ans après avoir lu son premier roman, Anne, la maison aux pignons verts, de Lucy Maud Montgomery, une écrivaine qu'elle chérit toujours autant aujourd'hui. Elle entame sa carrière d'auteure réellement à 37 ans. Celle qui a étudié en histoire, en théâtre, en création littéraire et en rédaction professionnelle a travaillé dans un musée, dans une librairie et maintenant à la fonction publique, quatre jours par semaine, ce qui lui permet de se consacrer entièrement à l'écriture durant une journée. J’ai besoin de cet espace mental, où je ne prévois rien d’autre. Mon cerveau prend du temps à trouver la bonne posture pour créer, mais une fois qu’il est parti, il est difficile à arrêter.
L'écriture de sa nouvelle, basée sur sa propre expérience – l'échec de la fécondation in vitro –, l'a aidée à faire son deuil. Ariane Hivert admet toutefois qu'elle a longtemps snobé le genre.
« Ce n'était pas assez long pour moi. Comme lectrice, je veux toujours avoir la suite, plus c’est long, mieux c’est. Et comme auteure, j’avais la fausse impression que ça manquait d’ambition. Avec le temps, j’apprécie davantage le genre, pour sa simplicité et son intimité. Quand je lis des nouvelles, j’ai l’impression d’être voyeuse, d’avoir accès à des secrets, contrairement au roman où, comme lectrice, je suis immergée dans un univers au point d’avoir l’impression que j’y suis en ne faisant qu’un avec les personnages. »
Mokhtar Liamini pour Chant du chardonneret élégant
À 41 ans, Mokhtar Liamini travaille à l’École de technologie supérieure comme chercheur. Originaire d'Alger, il vit au Québec depuis l'âge de 22 ans. C'est la pandémie qui l'a poussé à écrire plus régulièrement, principalement de la poésie. Être finaliste s'est avéré une grande surprise, puisqu'il s'agit d'une des premières nouvelles qu'il a écrites, et aussi la première qu'il dévoile. Ce que j’écris a, en général, longtemps cheminé dans mon esprit, si bien qu’une fois que c'est écrit, j’y retouche très peu.
Mokhtar Liamini a toujours été entouré de livres. Des amis de ses parents qui vivaient en France leur envoyaient des livres neufs par la poste, à une époque où il était difficile de s'en procurer en Algérie.
« Avec la guerre civile dans les années 90, les livres m’ont offert de véritables échappatoires à un quotidien assez morose. Je pouvais passer des heures à lire, enfermé dans ma chambre. »
Grand admirateur de Jules Verne, il voyait réunies dans ses romans trois de ses passions : la science, la littérature et les voyages. Au Québec, Serge Bouchard est son guide préféré à la culture autochtone et québécoise, et bien plus encore
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La personne gagnante remportera, en plus de la publication de son texte sur le site de Radio-Canada :
- une résidence d'écriture de deux semaines au Centre des arts de Banff, en Alberta;
- une bourse de 6000 $, offerte par le Conseil des arts du Canada.
Véritable tremplin pour les écrivaines et les écrivains canadiens, les Prix de la création Radio-Canada (Nouvelle fenêtre) sont ouverts à toute personne qui écrit, de façon amateur ou professionnelle. Ils récompensent chaque année les meilleurs récits (histoires vécues), nouvelles et poèmes inédits soumis au concours.