Le trafic d'armes illégales au Canada : un phénomène bien présent

Quelque 249 armes en pièces détachées ont été saisies samedi par les policiers, près de Dundee.
Photo : GRC
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Bien que qualifiée d'impressionnante, la saisie d'armes à feu illégales effectuée vendredi à la frontière est loin d'être la seule, selon un expert des armes à feu.
Rappelons qu'un Sherbrookois de 24 ans, William Rainville, a été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) à Dundee, près de la frontière américaine, avec 249 armes de poing importées illégalement. Ces fusils, de type Glock, se trouvaient dans cinq sacs de hockey cachés dans un véhicule et une remorque
Selon l'expert de la question des armes à feu, Francis Langlois, les trafiquants d'armes font régulièrement appel à des mules, soit des personnes en apparence inoffensive et qui sont chargées d'importer illégalement des armes au pays.
Dans une étude effectuée à Baltimore, on a remarqué que les trafiquants recrutent des gens sans casier judiciaire, et qui ne sont pas liés au crime organisé. Ce sont souvent des jeunes femmes ou même des personnes âgées. On met les armes dans le coffre, on leur demande de conduire du point A au point B, et en échange, on leur remet une somme d'argent
, explique-t-il.
Toutefois, il est trop tôt encore pour affirmer que William Rainville agissait comme tel, car l'enquête se poursuit.
Mais pour Francis Langlois, qui est également membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand, l'arrestation de William Rainville lève le voile sur un large phénomène. L'essentiel des armes saisies sur les lieux de crime au Canada provient du sud de la frontière. L'offre là-bas est gigantesque. Rappelons que c'est la population civile qui est le plus armée au monde. Il y a une quantité phénoménale d'armes à feu qui circulent, et c'est relativement facile de se les procurer.
M. Langlois rappelle que si de nombreuses armes illégales entrent au Canada, c'est qu'elles ont été achetées dans des États où les lois sont plus souples, comme l'Alabama, la Géorgie, le Mississippi et la Floride. Puis, elles sont exportées en passant par les grands axes routiers comme les autoroutes 95 et 91, et arrivent dans des États plus sévères, comme New York ou le Maryland. C'est aussi comme ça que ça rentre au Canada. On appelle ça le Iron Pipeline.
Imprimer des armes
Depuis quelques années, on assiste à un autre phénomène grandissant : la production d'armes illégales. On parle d'armes qui sont produites par des imprimantes 3D qui produisent du plastique. Celles qui ont été saisies mardi, ce sont des modèles Glock et la partie inférieure est en plastique et peut être imprimée en 3D. On peut aussi usiner des pièces que l'on fait à l'aide d'une machine qui peut s'acheter dans une quincaillerie. À partir d'un bloc de métal, si on a les plans et les spécifications, on peut littéralement faire toutes les pièces d'une arme à feu et les assembler.