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Amour et sexualité en CHSLD : la ministre Blais se penche sur la question

Marguerite Blais en conférence de presse.

La ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais (archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

La Presse canadienne
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le personnel soignant en CHSLD devrait être formé pour discuter de sexualité avec les résidents qui expriment le besoin d'une vie affective ou sexuelle.

C'est l'une des recommandations d'un rapport publié cette semaine et intitulé Amour, sexualité et démence en milieu d'hébergement : réflexions pour guider les pratiques, que la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants, Marguerite Blais, a accueilli favorablement.

La ministre planche, ces jours-ci, sur l'élaboration d'une politique nationale en centre d'hébergement.

C'est une première, lance son attaché de presse, Jean-Charles Del Duchetto, au sujet de cette nouvelle politique qui devrait voir le jour d'ici l'été.

Le porte-parole explique que les centres d'hébergement n'ont pas été pensés en fonction de la vie affective ou de la vie conjugale.

« La société évolue, donc il faut que l'hébergement des personnes âgées évolue en même temps. »

— Une citation de  Jean-Charles Del Duchetto, attaché de presse de la ministre Blais

C'est d'ailleurs pour cette raison que la ministre Blais a demandé au Comité national d'éthique sur le vieillissement (CNEV) de produire un rapport qui tiendrait compte de la réalité sur le terrain et des enjeux que posent les maladies neurodégénératives en matière de consentement.

La délicate évaluation du consentement

Les personnes atteintes d'Alzheimer, de démence ou d'autres troubles neurocognitifs peuvent-elles offrir un consentement éclairé?

Pour la Dre Sophie Zhang, co-cheffe adjointe à l'hébergement au CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, il y a ceux qui sont capables de s'exprimer et ceux qui ne sont pas capables de s'exprimer.

L'enjeu éthique se joue avec les patients qui se trouvent entre ces deux catégories. C'est là que se trouve la zone grise dans laquelle une grande partie des patients naviguent.

On est très familier avec l'idée du consentement en CHSLD, poursuit la Dre Zhang.

Celle qui dirige 15 CHSLD explique que chaque cas est unique. Elle donne en exemple des gens qui vont se tenir la main, d'autres qui vont aller plus loin. Le personnel porte une attention particulière aux signes qui pourraient indiquer qu'une personne se sent mal à l'aise.

Il arrive que l'équipe doive informer la famille. La plupart du temps, ça se passe bien, explique-t-elle.

On a eu une personne qui était déjà en couple et qui s'est fait un nouvel ami en résidence. On a contacté la famille pour leur dire qu'elle démontrait de l'affection physique envers une autre personne.

Le mari et la famille ont été compréhensifs, poursuit-elle.

La Dre Zhang raconte qu'ils ont compris que c'était fait sans malice, et que la résidente avait probablement oublié qu'elle avait déjà un conjoint en dehors des murs du centre, à cause de la maladie.

Des lieux d'intimité désignés?

Par ailleurs, le rapport recommande d'aménager des lieux d'intimité dans les centres d'hébergement, qui accueillent parfois des résidents dont le ou la partenaire vit à l'extérieur.

Or, les espaces en CHSLD sont bien souvent partagés, à raison de deux personnes ou même plus par chambre.

La Dre Zhang voit l'idée de chambres désignées d'un bon oeil. Elle ajoute qu'idéalement si tout le monde avait une chambre privée, bien insonorisée avec une porte fermée, ils pourraient avoir une vie intime.

« Est-ce qu'on s'en va vers un Québec où les CHSLD n'auront plus de chambres doubles? Je le souhaite. Ça va être mieux pour tout le monde et pour toutes sortes de raisons. »

— Une citation de  Dre Sophie Zhang, co-cheffe adjointe à l'hébergement au CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

Outre la question affective, elle croit que des chambres individuelles faciliteraient les soins et la prévention des infections.

La Dre Zhang estime qu'il faut défaire le mythe que les personnes âgées n'ont pas de vie sexuelle, tout en gardant en tête que d'autres ne considèrent pas que c'est important.

La sexologue Mariane Gilbert est du même avis : Si ta vie sexuelle a toujours été un aspect important pour toi à 30-40-50 ans, ce le sera encore même à 60 ans et plus.

Et le contraire est aussi vrai, précise celle qui est vice-présidente et directrice des opérations chez Les 3 sex, un organisme communautaire québécois voué à l'éducation à la santé sexuelle.

C'est important que le personnel soit formé pour qu'on réponde à leurs questions, affirme la Dre Zhang.

Selon la médecin de famille, cela prendrait des experts et des sexologues pour donner ce type de formation.

Elle ajoute qu'il faut aussi considérer la sexualité des personnes seules dans cette grande discussion. Elle donne en exemple des situations auxquelles son équipe a déjà été confrontée, comme surprendre un résident en plein moment de plaisir solitaire.

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