Profilage racial : la communauté noire de Gatineau salue la décision de la Cour d'appel

Darlène Lozis, présidente et cofondatrice de 3R international (archives)
Photo : Radio-Canada / Boris Proulx
Des intervenants de la communauté noire de Gatineau se sont réjouis, mardi, du fait que l’appel que tentait d’interjeter la Ville dans une affaire de profilage racial n’ira pas de l’avant.
Je crois que les communautés racisées sont contentes, mais on attend aussi de voir la suite des choses
, a réagi Darlène Lozis, présidente et cofondatrice de 3R international, une organisation travaillant auprès de parents et d’enfants racisés vivant des difficultés avec le système judiciaire.
Nous sommes très reconnaissants d’avoir des institutions qui nous protègent contre certaines décisions politiques, soit celles qui vont à l’encontre des citoyens et, surtout, du vivre-ensemble
, a de son côté soutenu Bello Mansour, président de la fondation LeaderPOL.
La Cour d'appel du Québec a annoncé, en après-midi, qu’elle avait rejeté la demande de l’administration du maire sortant, Maxime Pedneaud-Jobin, d’appel d’un jugement concluant à un acte de profilage racial par deux de ses policiers.
La décision, rendue en janvier par le Tribunal des droits de la personne, condamnait la Ville et les deux policiers à verser une somme de 18 000 $ à Serge Calza Nyembwe, un citoyen qui a été victime de profilage discriminatoire lors d’une intervention policière survenue à la fin de 2013.
Or, M. Pedneaud-Jobin a annoncé, il y a quelques semaines, que son administration tentait de porter la décision en appel, jugeant que les policiers fautifs n’avaient pas eu droit à une défense pleine et entière.
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La communauté en attente d’actions concrètes
Bien que le maire ait accepté, mardi, la décision de la Cour d’appel de refuser la demande de contestation judiciaire, les intervenants de la communauté noire interrogés se sont montrés peu convaincus par ses propos. L’engagement qu’il a exprimé envers la lutte contre le profilage racial n’est pas suffisant à leurs yeux.
Ce genre de discours là ne me rassure absolument pas, parce que le maire de Gatineau avait fait le choix de porter la décision en appel
, a tranché Gérard Étienne, co-vice-président du comité sur l’équité pour la police d’Ottawa.
Donc, le fait qu’une autre instance a décidé de ne pas l’écouter ne veut pas dire que M. Pedneaud-Jobin comprend vraiment la situation des gens racisés à Gatineau
, a-t-il ajouté.
Pour moi, ce n’était pas une décision [...] qui favorisait l’inclusion et le dialogue que nous devons avoir entre les communautés racisées et la police de Gatineau.
À son avis, le lien de confiance entre élus et communautés de minorités visibles est rompu. M. Mansour a abondé dans le même sens.
Malheureusement [...], oui, ce lien de confiance est brisé et ça va vraiment prendre un effort pour essayer de remettre les choses en place pour une guérison au-delà de simples mots d’excuse
, a-t-il insisté.
Mme Lozis a de son côté souligné que M. Pedneaud-Jobin a obtempéré
en acceptant la décision de la Cour d’appel, mardi. En ce sens, elle estime qu’il a tiré des leçons
, même si elle attend de voir les actions concrètes qui seront mises en place par la Ville de Gatineau à moyen et long terme.