Cigarettes électroniques : les produits aromatisés désormais interdits à l’Î.-P.-É.
J.-K. Thorne, gérant du magasin Wild Impulse, à Charlottetown, a montré vendredi certains produits qui ne sont plus autorisés à compter de lundi.
Photo : CBC/Shane Hennessey
Les produits aromatisés pour cigarettes électroniques ou autres appareils du genre sont maintenant interdits à l’Île-du-Prince-Édouard.
L’interdiction découle d’un projet de loi privé du député progressiste-conservateur Cory Deagle qui a été adopté à l’unanimité à l'Assemblée législative en 2019.
La seule saveur maintenant permise pour ces produits est celle du tabac, explique M. Deagle. Il s’agit de l’une des principales mesures prises dans l’espoir de voir diminuer le nombre de jeunes qui vapotent, souligne-t-il.
Tenter de renverser la tendance
L’Île-du-Prince-Édouard avait déjà apporté deux changements à sa loi sur la vente et l’accès aux produits du tabac pour cigarettes électroniques depuis l’adoption du projet de loi de M. Deagle.
En mars 2020, l’âge minimal pour acheter des produits de vapotage et du tabac est passé de 19 à 21 ans et les points de vente sont devenus plus réglementés. Ces produits sont offerts seulement par l’entremise des tabagies et autres commerces spécialisés.
Le changement de l’âge minimal et l’accès restreint aux produits sont aussi d’importantes mesures, estime Cory Deagle. Il dit croire que les arômes ajoutés aux produits attirent beaucoup de jeunes et les rend dépendants à la nicotine.
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Le député Deagle a été la cible de menaces en ligne durant les débats sur son projet de loi en novembre 2019. Il dit s’attendre à de nouvelles critiques maintenant que les produits aromatisés sont interdits. Il espère que les critiques ne vont pas dégénérer en menaces cette fois-ci.
Cory Deagle dit comprendre que l’interdiction peut contrarier certaines personnes, mais il demeure convaincu que c’est la bonne chose à faire.
Un préavis de six mois
Le ministère de la Santé et du Mieux-être a informé les détaillants en août 2020 de l'interdiction à venir des produits aromatisés.
Dans sa lettre aux détaillants, le ministère disait croire qu’un délai de six mois suffirait aux détaillants pour écouler leur stock de produits aromatisés pour cigarettes électroniques.
Dans le commerce Wild Impulse, à Charlottetown, les étalages étaient encore garnis de produits aromatisés vendredi. Le gérant, J.-K. Thorne, a précisé qu’il y avait 45 arômes pour le vapotage, mais qu’à compter du 1er mars, il ne pourrait vendre que ceux qui sont sans arôme ou qui goûtent le tabac.
Des clients sont un peu déçus parce qu’ils considéraient ces produits comme une solution de rechange à la cigarette, a indiqué M. Thorne. Selon lui, des clients qui se sont rabattus sur les produits de vapotage à saveur de tabac ont fini par recommencer à fumer parce que cela leur rappelait le goût de la cigarette. C’est un peu dommage, reconnaît le commerçant.
Il ajoute que des clients ont fait provision de produits aromatisés en prévision de l’interdiction et que d’autres lui ont dit qu’ils en achèteraient en ligne désormais pour se les faire livrer à domicile. La perte de ces clients est décevante, dit-il.
Une étape importante, selon une intervenante
L’interdiction des produits aromatisés est une étape très importante, juge la coordinatrice de l’Association pulmonaire de l’Île-du-Prince-Édouard, Julia Hartley.
Selon l’Enquête canadienne 2018-2019 sur le tabac, l’alcool et les drogues chez les élèves, 39,3 % des jeunes du secondaire à l’Île-du-Prince-Édouard ont utilisé une cigarette électronique au cours des 30 jours précédents le sondage.
L'arôme de ces produits constitue un attrait très important pour les jeunes, explique Mme Hartley. Elle croit que l’interdiction aura un énorme impact
dans leur cas.
Quant à de possibles prochaines étapes, Mme Hartley dit qu’elle aimerait voir le gouvernement imposer une hausse du prix des produits à vapoter et des cigarettes électroniques. Elle propose une taxe de 20 % afin, explique-t-elle, de les rendre moins abordables pour les jeunes et d’encourager les autres consommateurs à y renoncer.
Un exemple pour le pays, selon Cory Deagle
Le député Cory Deagle exprime l’espoir que les changements adoptés à l’Île-du-Prince-Édouard inspirent d’autres provinces à prendre des mesures similaires.
C’est maintenant l’une des réglementations les plus sévères au pays en la matière, souligne-t-il. Le député dit comprendre que les jeunes ne vont pas arrêter de vapoter du jour au lendemain, mais il espère que leur nombre va diminuer au cours des prochaines années.
D’après un reportage de Nancy Russell, de CBC