Les francophones de la Colombie-Britannique remontés contre Guy A. Lepage

Guy A. Lepage recevait la ministre Mélanie Joly à l'émission « Tout le monde en parle ».
Photo : Radio-Canada
Dans une lettre ouverte (Nouvelle fenêtre) à l’animateur de l’émission Tout le monde en parle (Nouvelle fenêtre) (TLMEP), Guy A. Lepage, la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB), exprime la consternation de ses membres à la suite de l’entrevue que l’animateur a menée avec la ministre Mélanie Joly sur le bilinguisme au Canada.
Diffusé à une heure de grande écoute, dimanche, l’entretien de Guy A. Lepage avec Mélanie Joly s’ouvre avec le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles au Canada.
Ce qui a hérissé les poils des francophones de la Colombie-Britannique, c’est lorsque l’animateur a remis en cause la popularité du français dans cette province, déclare la FFCB
dans sa lettre ouverte.M. Lepage demande à la ministre du Développement économique et des Langues officielles du Canada : Qu’est-ce que vous faites avec une ville comme Vancouver où le français est, je pense, la 7e, 8e langue parlée, après le mandarin, le cantonais [et] le punjabi?
À cela, la ministre Joly rétorque : La Colombie-Britannique, c’est l’un des endroits où il y a le plus de listes d’attente [pour les écoles d’immersion].
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La présidente de la FFCBCe n’est pas le cas. Et pour dire que le français est la 7e ou 8e langue parlée à Vancouver, c’est totalement faux. On ne peut pas justifier une langue officielle
, lance-t-elle.
Mme Chundunsing déplore que ce ne soit pas la première fois, dans son émission, qu’il remet en cause la réalité de la langue française en dehors du Québec
.
« Ça nous a vraiment agacés, et la communauté entière a bondi. (...) Plusieurs organismes ont été bouleversés par cette entrevue. »
J’ai fait mon travail d’intervieweur
La communauté francophone se dit stupéfaite
par les propos entendus, et la FFCB souligne qu’elle représente 43 organismes francophones et près de 400 000 locuteurs du français
. Il pense très bas de la Colombie-Britannique
, affirme la présidente de la Fédération.
Interrogé par ICI Colombie-Britannique, Guy A. Lepage s’est défendu, disant n’avoir fait que son travail, qui est de poser des questions
.
Ce dont Mme Chundunsing n’a pas tenu compte, c’est que, depuis des années, je suis un francophile qui défend la langue française partout au Québec et partout au Canada
, a-t-il répété à quelques reprises.
« Mon travail n’était pas de diminuer la langue française au Canada et l’intérêt que peuvent porter les anglophones et les allophones à parler [français]. »
J'essayais de voir comment faire pour convaincre des anglophones qui n’ont jamais parlé français de leur vie de le faire. C’était essentiellement là-dessus que j’intervenais et que je revenais parce que c’est mon travail d’interviewer
, a expliqué le présentateur de TLMEP .
M. Lepage se défend de ne pas prendre le français hors Québec au sérieux. Au contraire, il se dit très fier
de voir qu’il y a des francophones hors de la Belle Province qui se battent pour vivre dans leur langue. C’est très courageux de le faire en dehors du Québec parce que c’est une langue minoritaire
.
« Je pense que Mme Chundunsing fait bien de nous rappeler collectivement que les francophones de Colombie-Britannique existent, qu’ils se battent, puis qu’ils ont droit à des services bilingues et en français. [...] Je ne remets pas ça en question. Je questionnais le fait que c’était de plus en plus difficile de le faire entre autres dans une ville qui est probablement plus multiethnique que Toronto. »
Des excuses à présenter aux Franco-Colombiens?
Padminee Chundunsing estime que l’animateur doit promouvoir, mettre les francophones en valeur
. La présidente de la FFCB n’attend pas nécessairement une réponse à la lettre ouverte, mais elle souhaite que Guy A. Lepage corrige ses propos publiquement lors de sa prochaine émission
.
« "Enough is enough!" Il faut que les chaînes radio mettent en valeur la francophonie, que ce soit en Colombie-Britannique ou en dehors. »
Guy A. Lepage juge que son émission contribue à valoriser la francophonie d’un océan à l’autre par ses invités, entre autres. Il ne croit pas que des excuses ou un correctif s’imposent dans ce cas-ci.
« Si le français est plus en santé qu’il n’y paraît en Colombie-Britannique, tant mieux. Pour moi, c’est une excellente nouvelle. Je vais vérifier ça. »
L'animateur invite cependant la présidente de la FFCBréécouter l’émission pour voir dans quel sens allaient [ses ] questions
.
Elle parle de mépris, dans sa lettre. Si elle a vu du mépris là-dedans, c’est peut-être parce qu’elle écoutait avec des œillères. [...] Il n’y a aucun mépris de ma part envers les gens qui vivent en français au Canada, loin de là.