Nos enfants n'ont jamais passé autant de temps devant les écrans

Un adolescent devant un écran
Photo : iStock
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La pandémie et les mesures qui s'en sont suivies ont provoqué une hausse spectaculaire du temps passé par nos enfants devant les écrans à la maison, conclut une étude menée par l’Académie de la transformation numérique (ATN), à l'Université Laval.
Selon les données de l'enquête intitulée La famille numérique, 76 % des Québécois de 6 ans à 17 ans sont plus souvent installés devant des écrans à la maison depuis le jour où la COVID-19 est venue bouleverser leur vie.
L’enquête révèle notamment que 40 % des jeunes passent désormais en moyenne plus de 10 heures par semaine à naviguer sur Internet, une hausse importante de 15 % par rapport à il y a un an. En 2021, près du quart des enfants passent par ailleurs plus de 15 heures par semaine devant un écran.
Nous observons également que les jeunes du secondaire continuent à passer plus de temps par semaine sur Internet que les jeunes du primaire. Ce sont 59 % des jeunes âgés de 13 à 17 ans qui consacrent en moyenne plus de 10 heures par semaine sur Internet, comparativement à 27 % des jeunes âgés de 6 à 12 ans
, souligne la directrice, intelligence d’affaires et recherche marketing, à l’ATN, Claire Bourget.
L'école en ligne a une part de responsabilité, selon le porte-parole de l'organisme Netendances, Bruno Guglielminetti.
Quand vous êtes branché sur Internet pour suivre un cours, en dilettante, une fois que le cours est terminé ou entre deux cours, vous allez être sur Internet. Les plus jeunes, eux, sont à l'école comme avant
, explique-t-il.
Au diable Mario Bros!
Et les jeunes ne sont sans doute pas devant des écrans pour jouer à Mario Bros ou à Tetris, comme à l'époque de leurs parents. Malgré une légère baisse par rapport à l'an dernier, visionner des vidéos sur YouTube demeure l’activité la plus populaire auprès des jeunes, à 79 %.
Sinon, les tendances sont de jouer en ligne seul ou avec des amis (66 %), d'utiliser Internet dans un contexte scolaire (61 %) ou de visionner des séries ou des films sur Internet, comme sur Netflix (51 %).
Des données dont il faut se préoccuper, selon la professeure au département d'Enseignement préscolaire et primaire de l'Université de Sherbrooke, Caroline Fitzpatrick. Elle s'intéresse depuis plus de dix ans aux conséquences du temps d'écran chez les jeunes.
Plusieurs recherches appuient l'idée que le temps en ligne et certains types de contenus semblent être liés à plusieurs conséquences négatives sur la concentration et l'attention, l'autoestime, le bien-être psychologique et le développement socioaffectif
, explique Caroline Fitzpatrick.
Sur les réseaux sociaux avant la majorité
Aujourd'hui, 92 % des 13 à 17 ans possèdent désormais une page de profil personnel sur les réseaux sociaux ou une adresse courriel. La proportion en 2021 est de 70 % chez l'ensemble des 6 à 17 ans. Une augmentation de 13 % par rapport à il y a un an.
Leurs parents ne sont majoritairement pas inquiets des conséquences de la navigation sur Internet. Plus de la moitié des répondants (57 %) estiment comme assez ou très probables les risques que leur enfant soit victime d’intimidation sur Internet, que ce soit par des pairs ou par des personnes inconnues
.
Ça nous rappelle que c'est important d'avoir une discussion avec les jeunes par rapport à la cyberintimidation. Qu'ils soient d'un côté ou de l'autre de l'histoire, c'est important de leur rappeler l'importance du respect de l'autre en ligne
, affirme Bruno Guglielminetti.

Avoir un profil Facebook avant la majorité n'est plus rare.
Photo : iStock
Quand les parents baissent la garde
Les parents seraient plus permissifs depuis le premier confinement. Environ 83 % des sondés affirment avoir établi des règles à la maison pour encadrer le temps passé sur Internet. Avant la pandémie, la proportion était plutôt de 88 %.
Nous constatons que certaines familles semblent avoir assoupli légèrement les règles parentales liées à l’utilisation d’Internet chez leurs jeunes étant donné le contexte exceptionnel de la pandémie de la COVID-19.
Surtout avec l'assentiment de l'OMS [Organisation mondiale de la santé], qui a dit que c'était bon pour la santé, j'imagine que des parents se sentaient moins coupables de voir des jeunes passer autant de temps à jouer à des jeux vidéo
, ajoute Bruno Guglielminetti.
La tablette électronique (71 %) est le type d'écran le plus utilisé chez les jeunes, suivie de l’ordinateur portable ou de table (69 %), de la console de jeu vidéo (63 %) et du téléphone intelligent (62 %). Les garçons préfèrent nettement plus souvent jouer à des jeux vidéo que les filles, dans une proportion de 79 % contre 42 %.
Deux collectes de données ont été effectuées au cours des mois d’octobre et novembre 2020 pour réaliser l'enquête. Au total, 3200 adultes québécois ont été sondés, dont 595 répondants avec enfants âgés de 6 à 17 ans.
Avec les informations de Hadi Hassin