La rivière Magpie déclarée « personne juridique » pour lui donner des droits

Couler et évoluer naturellement, faire respecter ses cycles naturels, maintenir sa biodiversité et être protégée contre la pollution font notamment partie de ces droits proclamés pour la rivière.

L’Alliance Muteshekau-shipu est derrière ce projet et affirme que ce genre de protection est une première au Canada.

Créée en octobre dernier, l’Alliance Muteshekau-shipu regroupe la communauté d'Ekuanitshit, la Municipalité régionale de comté (MRC) de Minganie, la Société pour la nature et les parcs du Québec (SNAP) et l’Association Eaux-Vives Minganie.

Des canoteurs descendent parfois la rivière Magpie (archives).

Photo : Radio-Canada / Audrey Beauchemin

Cette déclaration est une tentative avouée de créer un nouveau droit et d'envoyer un signal clair au pays et à l'international, selon Yenny Cardenas, présidente de l’Observatoire international des droits de la nature, qui collabore avec l'alliance.

C’est une création de droit qui vient de la base. [...] Quoi de mieux que quand ça vient de la base et des gens qui sont à proximité de la rivière pour reconnaître cette personnalité et pour la protéger en conséquence et pour reconnaître ses droits. Cette création du droit ça nous change aussi des rapports avec la nature, mais elle existe, elle est basée sur les compétences du conseil municipal et les compétences du conseil des Innus d’Ekuanitshit, soutient Mme Cardenas.

L'alliance compte nommer des gardiens légaux de la rivière qui pourraient intenter des recours juridiques au nom de la rivière pour faire respecter les droits que lui reconnaisse l'alliance.

Arrêter les barrages hydro-électriques

L'objectif principal du regroupement est d'éviter tout développement hydro-électrique supplémentaire sur la rivière Magpie qui compte déjà un barrage de 234,2 mètres de long à l’embouchure du Saint-Laurent depuis 1961.

Le préfet de la MRC de Minganie, Luc Noël, estime qu’il y a déjà assez de barrage sur la Côte-Nord et qu’il est important de préserver la Magpie dans son état actuel.

« On veut protéger nos écosystèmes, on ne veut pas juste être des réservoirs pour Hydro-Québec. »

[Une des études du] BAPE avait mentionné que pour l'harnachement de la rivière Romaine, on devait laisser à la Minganie une équivalence au niveau des rivières à protéger. Pour nous, la Magpie s’inscrit totalement dans cette protection de la rivière. Il y a déjà un barrage sur la Magpie, il va y en avoir quatre sur la Romaine et il va y en avoir d’autres en Basse-Côte-Nord, affirme le préfet Noël.

Le chef du conseil des Innus d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho, espère que cette déclaration permettra enfin de faire prévaloir l’environnement sur l’économie.

Les rivières crient, mais personne n’entend. Tout ce qu’on entend, c’est l’économie. Là on a une possibilité, peut-être, d’unir les visions. Il n’y a pas juste l’économie, il y a l’environnement, lance le chef Piétacho.

Avec les informations de Djavan Habel-Thurton