L'importance d'aimer sa langue maternelle quand on en connaît plusieurs

Depuis 2009, le deuxième jeudi de septembre a lieu la Journée mondiale de la dualité linguistique qui souligne l'importance du français et de l'anglais au Canada. (archives).
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2021 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 21 février a lieu chaque année la journée internationale de la langue maternelle instituée par l’UNESCO. En entrevue à l'émission L'actuel lundi, la professeure de langues et de littérature à l’Université de Winnipeg, Liliane Rodriguez, a insisté sur l’importance de sa première langue à une époque où de plus en plus de personnes parlent plusieurs langues.
Au Manitoba, où le francophone est minoritaire, il est important selon la professeure, également autrice du Lexique de manitobismes, de continuer à pratiquer sa langue maternelle de plusieurs façons.
Il faut l'exercer à l’oral, écouter des locuteurs la parler ou sous la forme de chanson par exemple, et il faut aussi la lire et l'écrire, a expliqué Mme Rodriguez. Ce sont les quatre éléments qui vont nous permettre de la maintenir
.
Est-ce que la langue maternelle est renforcée à l’école, à la maison et dans notre société?
, a-t-elle questionné. Selon la professeure, la pratique de cette langue dans ces trois milieux est importante pour améliorer ses performances dans ladite langue.
Dans un pays multilingue, comme le Canada, la Belgique ou la Suisse, la langue maternelle peut être minoritaire dans la société. C’est pourquoi la pratique à la maison et à l’école est très importante. Elle permet d'acquérir 20 % de vocabulaire en plus
, a ajouté Mme Rodriguez.
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Mais dans un milieu bilingue, il est parfois difficile de déterminer notre langue maternelle. Pourquoi dit-on langue maternelle et pas paternelle? Parce qu’il y existe une réalité physique
, a-t-elle mentionné.
Liliane Rodriguez a expliqué que dans un foyer où sont parlées deux langues, c’est celle que la mère parle le plus souvent qui aura le plus fort d’impact sur l’enfant. Notre premier contact avec notre langue maternelle c’est avant la naissance, in utero. On capte les intonations de notre mère.
À la naissance, l’enfant reconnaît ces intonations, et c’est grâce à elles qu’il apprend la langue, par prosodie, selon la professeure.
Grâce à sa langue maternelle, l’enfant pourra plus facilement apprendre une autre langue. Apprendre à lire par exemple est la chose la plus difficile que notre cerveau doit faire parce qu'on n'est pas préparé pour ça, a-t-elle déclaré. Mais une fois acquit, ça sera beaucoup plus facile d'apprendre une autre langue.
Les langues ont également un impact sur la facilité de l’apprentissage. Pour un francophone, apprendre l'espagnol ou l’italien est assez facile, a-t-elle ajouté. Si on apprend l’anglais ou l’allemand, le passage va être un peu plus difficile, et si on apprend le japonais ou le mandarin, là c’est encore plus compliqué.
Une fois que l’on a acquis plusieurs langues, on peut avoir l’impression de perdre sa langue maternelle
lorsqu’elle n’est pas pratiquée au quotidien. Mais si on retrouve un milieu où on la parle, elle va revenir sans faire trop d’efforts
, selon l'experte.
Il faut continuer à aimer sa langue!
La langue fait partie du patrimoine vivant, et pour la professeure, c’est le patrimoine qui permet de créer, développer ou maintenir l’amour de la langue
. Cette dernière encourage la lecture et la consommation de produits culturels dans sa langue maternelle.
C’est facile pour le français, c’est une langue très répandue dans le monde, confie-t-elle. Le problème c'est d'arriver à conserver des langues locales comme celles parlées au nord du Canada où il y a peu de locuteurs.
Avec les informations de l’émission L’Actuel