La Chine proteste contre le Canada qui reconnaît « un génocide » des Ouïgours

Un homme passe devant le périmètre hautement sécurisé d'un centre destiné aux Ouigours à Dabancheng, dans la province du Xinjiang. Pékin dit qu'il s'agit de « centres de formation professionnelle », mais des organisations humanitaires affirment qu'il s'agit de « camps d'internement ».
Photo : Reuters / Thomas Peter
Des députés canadiens ont adopté lundi une motion non contraignante assimilant le traitement réservé par la Chine à sa minorité ouïgoure à « un génocide ». Cela a provoqué la colère de Pékin qui l'a qualifiée de « provocation malveillante ».
La motion, déposée à l'initiative des conservateurs (opposition), a été adoptée à la Chambre des communes par 266 voix sur 338. Elle appelle également le gouvernement de Justin Trudeau à se ranger à cet avis. Les autres députés, notamment les ministres du gouvernement libéral de Justin Trudeau, se sont abstenus.
Cette motion reconnaît que les Ouïgours en Chine ont été et sont soumis à un génocide
.
L'ambassade de Chine au Canada a rejeté dans un communiqué cette motion, un acte honteux
, qualifiant les députés canadiens d'hypocrites éhontés
pour avoir eu recours à l'excuse des droits de l'homme pour s'engager dans une manipulation politique au Xinjiang afin d'interférer dans les affaires intérieures de la Chine
.
Pour appuyer leur demande, les députés pointent notamment l'endoctrinement politique et antireligieux
, le travail forcé
et la destruction de sites culturels
que subit selon eux cette minorité musulmane dans le Xinjiang.
Un amendement à la motion demandant que les Jeux olympiques d'hiver de Pékin de 2022 soient déplacés si le génocide
se poursuit, a également été adopté.
« Certaines personnes au Canada devraient abandonner leurs préjugés antichinois. »
M. Wang a indiqué que son pays répondrait résolument
à toute action du Canada qui porterait atteinte
aux intérêts de la Chine.
Selon des études d'instituts américain et australien, au moins un million de Ouïgours ont été internés dans des camps
du Xinjiang et certains ont été soumis à du travail forcé
ou à des stérilisations forcées
.
La Chine dément catégoriquement les deux dernières accusations et affirme que les camps
sont des centres de formation professionnelle
destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux et du séparatisme, après de nombreux attentats meurtriers commis contre des civils par des Ouïgours.
Maintenant, les conservateurs demandent au gouvernement libéral de respecter le Parlement et de reconnaître officiellement qu'un génocide se passe en Chine
, a déclaré leur chef, Erin O'Toole, qui depuis des mois appelle Ottawa à durcir le ton contre Pékin.
Contexte déjà tendu
Le gouvernement du Canada prend toute allégation de génocide extrêmement au sérieux
, a dit dans un communiqué le ministre des Affaires étrangères Marc Garneau, rappelant que le Canada privilégiait une approche concertée avec ses alliés sur cette question.
Vendredi, le premier ministre Justin Trudeau a admis que d'énormes violations des droits de l'homme ont été signalées dans le Xinjiang
.
Il a précisé, à l'issue d'une réunion du G7, que le Canada se concertait avec ses partenaires quant à l'utilisation du terme génocide
déjà employé par l'administration de Donald Trump.
Les relations entre le Canada et la Chine traversent une crise sans précédent depuis l'arrestation fin 2018 de l'ex-diplomate canadien Michael Kovrig et de son compatriote Michael Spavor, accusés d'espionnage, quelques jours après celle d'une cadre de Huawei, Meng Wanzhou, à l'aéroport de Vancouver.
La directrice financière du géant chinois a été arrêtée à la demande de la justice américaine qui veut la juger pour fraude bancaire.