Détresse et découragement dans le milieu de la danse

Des enfants et des adultes sont privés de cours de danse dans les régions en zone rouge.
Photo : getty images/istockphoto / Nagaiets
Le milieu régional de la danse critique l'incohérence des consignes sanitaires, lesquelles permettent la pratique de cette discipline en concentration art-études, mais pas en volet récréatif. Découragement et détresse se manifestent chez les élèves comme chez les enseignants.
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean, où des écoles de danse façonnent des danseurs de renom, la pandémie frappe de plein fouet.
Les mesures sont les mêmes en récréatif ou en concentration, c'est seulement le droit de le faire qui change, ce qui est vraiment incohérent, parce que nos règles sont correctes, on respecte le deux mètres, on met les masques
, fait valoir la professeure à l'école de danse Suzanne Maltais Gagnon et à l'Académie de danse du Saguenay, Sarah Vaillancourt Tremblay.
Les critiques avaient été les mêmes à l'automne, notamment pour le hockey. Québec jugeait alors que comme les programmes de sport-études respectaient le principe des bulles-classes, le hockey pouvait être pratiqué. À l'opposé, au hockey civil, les joueurs provenaient d'endroits différents, ce qui était considéré plus difficile à gérer en cas d'éclosion de COVID-19.
Julie Morin, qui dirige l’école de danse Florence Fourcaudot, à Chicoutimi-Nord, témoigne des conséquences directes de la crise sanitaire chez les jeunes danseurs et danseuses.
Ceux qui pratiquent des arts, des loisirs sportifs, ils le font pour leur bien-être, d'une part, et ils le font aussi pour maintenir un entrainement physique et une santé psychologique. C'est tout à fait démontré. Alors le moral des troupes, c'est très difficile, même auprès de mes collègues, qui sont directeurs et directrices d'écoles en ce moment, je vois énormément de détresse, et on se sent tout à fait impuissants face à ça. Le niveau est au plus bas, ça ne va pas bien
, affirme-t-elle.
Certaines écoles ont fait le choix de donner des cours en ligne, ce qui s’avère un défi pour nombre d’élèves.
Ils font face à une réalité qui est de danser dans la maison, qui n’est pas toujours évidente parce que ce n’est pas tout le monde qui a l'endroit pour le faire, et les circonstances aussi, il y a papa, maman, les frères, les soeurs, etc. Donc oui, on vit une réalité assez spéciale
, commente Cynthia Boily, propriétaire de l’école de danse Funky Star.
La plupart des spectacles de fin d'année n'auront pas lieu et de nombreux élèves abandonnent leur passion de longue date par manque de motivation.
On ressent la peine des gens, on ressent la détresse
, constate Cynthia Boily.
D'après le reportage de Titouan Bussiere